Le Souffle de la Vie

84 4 0
                                    

De ses yeux bleu azur, Améthyste Robin observait le temps se dérouler tel une bobine de laine.

Le temps était une bobine de laine.

Doux, il progressait lentement dans la vie des uns, puissant, il emportait beaucoup dans la vie des autres.

Le temps était une bobine de laine.

Qui se déroulait, se déroulait au sol, se créait un chemin autour du monde, s'enroulait autour de pensées diverses, parfois incontrôlées, le temps savait, connaissait.

Le temps était une bobine de laine.

Dans une petite pièce. Cette petite pièce où Améthyste Robin observait le temps. Son temps.

Son passé. Ses projets. Ses émotions.

Émotions.

Quelles émotions ressentait-elle ? Tout se mélangeait. Elle ne savait pas, ne savait plus.

    "Mademoiselle Robin," la voix du spécialiste en face d'elle lui paraissait si lointaine. "Concentrez-vous."

Ses yeux semblaient vides, cherchaient un point d'ancrage. Perdue dans ses pensées, elle ne ressentait plus. Revivait. Doucement. Se souvenait. Brutalement.

    "Tu aurais dû me prévenir avant de filer de cette manière!"

Améthyste observait la route qui défilait sous ses yeux, silencieuse. La voix de sa soeur aîné résonnait dans le petit habitacle, ses mains serraient le volant comme pour étouffer sa colère.

    "Es-tu consciente de la frayeur que j'ai eu ?"

Athéna s'en faisait beaucoup trop pour elle. Elle en avait l'habitude. Elle n'y prêtait plus vraiment attention.

Elle avait été dans cet endroit. Son endroit. Elle ne comprenait pas pourquoi tous le monde s'inquiétait autour d'elle. C'était toujours cet endroit. Elle était toujours dans cet endroit.

    "Améthyste!" Le poing de l'aîné rencontrant le volant du véhicule arrachait un sursaut à la jeune fille. "J'aimerai que tu me répondes lorsque je te parle!"

Silence.

Un long soupire s'échappait finalement des lèvres d'Athéna. Sans doute une certaine tentative pour se calmer. Ses pensées courraient son esprit. Sa petite soeur lui donnait parfois beaucoup de mal, et avec l'absence continuelle de leur parents pour leur travail, cela avait tendance à s'aggraver.

    "Adonis est furieux." Un coup d'oeil dans le rétroviseur, une main sur le levier de vitesse, le pied sur la pédale d'accélération. "Tu as beaucoup de chance que je sois venue te chercher."

    "Je n'étais pas perdue." La faible voix d'Améthyste se faisait enfin entendre.

    "Tu devais rester à la maison." La dure intonation de sa soeur ne fit qu'agacer la jeune fille.

    "Vous saviez où j'étais."

Silence.

La tension envahissait bientôt l'habitacle, rendant ses parois d'autant plus oppressante. Les mains d'Athéna tenaient si fermement le volant que les jointures de ses doigts en étaient devenus si blanches.

    "Je ne veux plus que tu ailles au cimetière."

Les paroles de l'aîné résonnaient en boucle dans l'esprit d'Améthyste. La colère de la jeune fille était devenue une bombe à retardement. Ses membres tremblaient tant elle essayait de canaliser sa monter de trop forts sentiments. Elle savait que cela ne lui apporterait rien. Pourtant, elle ne pouvait s'empêcher d'y penser. Encore. Encore. Et encore. Encore.

Et ce fût la pensée de trop.

Laissant sa carapace voler en éclats, ses mots un peu trop dur et ses sentiments un peu trop fort, déversés à une vitesse folle sous l'adrénaline de la colère.

Jusqu'à l'impact.

Physique ou mentale ? Elle ne savait pas. Ne savait plus. Tout ce qu'elle voyait autour d'elle, tout ce qu'elle entendait n'était que douleur et néant.

    "Améthyste ?"

La voix du spécialiste revient doucement aux oreilles de la jeune femme. Comme sortie d'une transe. Sa lourde respiration faisait écho dans la petite pièce. Assise sur ce sofa semblant être devenu un peu trop grand pour elle, elle tentait de résonner ses pensées.

Penser. Penser. Penser.

    "J'ai besoin-" Les mots semblaient soudain vide de sens.

Ou en avaient-ils trop ?

    "Je vous écoute."

    "J'ai besoin de partir." La lourde respiration de la jeune femme se transformait soudain en profonds soupire.

    "Vous sentiriez-vous plus apaiser ?" Un carnet en main, le spécialiste notait frénétiquement.

    "Pour un nouveau souffle de vie ?" Un sourire fendit les lèvres d'Améthyste. "Probablement."

Le Souffle de la Vie - Doctor WhoOù les histoires vivent. Découvrez maintenant