La Dame du Grenier

Le grenier de la Villa Berlioz

Avant de débuter cette histoire, je vais me présenter. Je m'appelle Callie Berlioz et j'ai douze ans (et quart). J'habite à la Villa Berlioz avec mes parents (toujours entrain de se disputer), mes frères Thomas et Martin et ma cousine Sarah. Sarah vit avec nous depuis le décès de sa mère et de son père dans un tragique accident de voiture il y a deux ans. Ma cousine s'en remet peu à peu. On s'entend bien, toutes les deux... même si nous n'avons pas du tout le même caractère ! Sarah est plutôt du genre calme et posée, toujours avec un livre dans les bras. Moi, c'est tout le contraire ! J'aime courir, crier, sauter, bavarder... Mais pas question de rester une seconde sans bouger !

Avec Sarah, on aime bien aller dans le grenier : il y a plein de vieux trucs poussiéreux, de vêtements anciens rigolos et de journaux moisis.  Ceux-sont les journaux et les vielles revues qui intéressent Sarah. Moi, je préfère les habits bizarres ! J'adore me déguiser et ensuite venir faire un spectacle ou un sketch improvisé à ma cousine. La voir sourire me fait plaisir : elle a connu tellement de malheur !

- Callie ! Tu viens ? me demande Sarah. On va au grenier.

-Bien sûr ! crié-je en montant à l'étage pour la rejoindre.

Nous montons ensembles jusqu'à la trappe du grenier.

-Mmmmmmm...respire Sarah. L'odeur des vieux journaux !

Moi, je file arpenter les cartons qui sentent le renfermé à la recherche de quelque accessoire qui puisse me servir à inventer une pièce de théâtre pour ma cousine. En douze ans que je viens dans ce grenier, je n'ai pas eu le temps de tout découvrir ! Parfois, je tombe sur une ancienne robe de Charleston en velours pourpre inconnue ou un boa déplumé que je n'ai jamais vu. La pièce est si vaste ! Je jette un dernier coup d'oeil à Sarah, plongée dans sa lecture, et m'enfonce dans les tissus mangés par les mites

Je tombe alors sur une robe encore plus éblouissante que les autres. Malheureusement, elle est coincée sous un tas d'autres vieilleries. Moi, impatiente que je suis, je tire dessus... Et la déchire. Soudain une femme toute blanche - presque transparente - et qui semble immatérielle apparait devant moi. Mon sang ne fait qu'un tour à mon cerveau et se glace dans mes veines. Je lâche le petit morceau de soierie qui tombe légèrement sur les autres vêtements. Ma main tremble. Et pas que ma main ! Mon corps entier est secoué de frissons incontrôlables. Je ne peux plus bouger tant ce que je vois me tétanise. C'est elle qui parle la première.

-Jusqu'à présent, tu n'avais abimé aucune de mes affaires, Callie Berlioz.

-Je...Je suis entrain de rêver ? finis-je par dire, après quelques longues secondes de silence.

Par reflex, je me retourne pour voir si Sarah est toujours là. Oui, elle est là. Et si je m'en tiens à son regard, elle voit la même chose que moi.

-Elle est désolée, s'excuse ma cousine à ma place.

Elle parle d'une voix bien plus aiguë que d'habitude. Elle a peur. Et si Sarah a peur, c'est qu'elle a ses raisons.