Chapitre Trois

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La maison était pleine d'agitation. Mon père était en train de lire l'Histoire de Poudlard, écrite par Bathilda Tourdesac tandis que ma mère allait et venait dans la maison, armée de ma liste de fournitures pour Poudlard, et rouspétait contre son mari de ne pas l'aider. Elle s'était mise en tête de vérifier que rien ne manquait dans la liste, démarche louable mais perturbée par l'arrivée d'un nouvel individu, mon chaton. Hoseok me l'avait montré sur le Chemin de Traverse quelques jours auparavant, et il ne m'avait fallu que peu de temps pour passer le perron de l'animalerie afin de l'adopter. C'était un chaton noir aux poils longs très affectueux, et là était le problème : il avait la fâcheuse tendance à se frotter contre les jambes de ma mère pendant qu'elle marchait, l'obligeant parfois à s'arrêter pour ne pas trébucher. Quant à moi, je riais en la voyant s'énerver les cheveux ébouriffés à force de s'être passé les mains dedans sous l'agacement, pour que d'un seul coups ses traits s'adoucissent devant les manifestations affectueuses de mon compagnon, la transformant en mère poule. Je soupçonnais mon père de s'amuser de la situation, empruntant mes livres pour les lire, livres que ma mère se mettait alors à chercher furieusement, croyant devenir folle.


Le 31 août, nous nous retrouvâmes sur les quais de King Cross tous les trois avec Jungkook, les parents de ce dernier ne pouvant pas l'accompagner il était venu le matin-même à notre porte et avait supplié mes parents de le conduire à Londres en même temps que moi.


Tout le monde s'agitait et se bousculait autour de moi. Je voyais des amis se dire au revoir, des familles se séparer, le tout dans un brouhaha épais de conversations, de roulements de chariots et de valises qui se frottaient contre le sol bitumeux du quai 9 de King Cross.


Les adieux furent difficiles, la tristesse se mêlant à de l'appréhension et à de l'excitation. On y était.


Je fixais le pilier de briques rouges qui se dressait face à moi, dominant, qui me paraissait impénétrable. Devais-je vraiment y aller ? Je fermai inconsciemment les yeux, avalant une goulée d'air frais en essayant de rassembler le courage qui allait me permettre de courir vers ce pilier. C'est alors que je sentis une main s'emparer de la mienne crispée sur la barre de mon chariot. Je n'avais même pas remarqué que je tremblais.


Je tournai vivement la tête et souris à mon ami, qui serrait ma main d'une manière rassurante.

"Il est temps, Alice.

- Allez... Qu'on en finisse."


Mon ami esquissa un sourire moqueur devant ma réponse théâtrale. C'est alors qu'il lâcha subitement ma main puis s'empara de mon chariot et fonça vers le passage avec. Comptait-il vraiment me laisser seule ici ? J'essayai de l'appeler mais il avait déjà disparu derrière les briques rouges.

J'étais dorénavant seule, la cage de mon chaton à la main. Quel idiot !

Serrant les poings, je fermai les yeux et m'élançai à mon tour vers ce mur.

L'air changea.


Avant même d'avoir pu ouvrir les yeux, j'entendis un rire, son rire. Il m'ébouriffa les cheveux, fier d'avoir généré mon air indigné. Cependant, mon attention se porta rapidement sur une locomotive rouge fumante. C'était la première fois que j'en voyais une en activité.

Alice et les BTS à l'école des sorciersOù les histoires vivent. Découvrez maintenant