Now Playing

Aidan

Incapable d'arrêter ma lecture du dernier Naruto, j'ai finalement rejoint mon lit au petit matin, soulagé d'avoir un horaire de travail me permettant ce genre d'écart. Mon travail au bar n'est pas très gratifiant, ni payant, mais le peu de responsabilité que cela implique me convient parfaitement. On ne me questionne pas sur mes habitudes tant que je fais un bon boulot. Et nettoyer les toilettes, passer la moppe et ramasser les verres vides ne demandent pas trop d'efforts. Occasionnellement, il m'arrive de donner un coup de main à la barmaid. Certains soirs de spectacle, lorsque nous recevons des bands locaux, il peut y avoir une foule d'assoiffés attendant leur dû. Mais la plupart du temps, je nettoie leur gâchis après la soirée en pestant silencieusement.

Mon estomac gronde. Un coup d'œil à mon cellulaire et je comprends pourquoi j'ai si faim... Il est bientôt 6pm. Je m'étire longuement, puis je pose mes écouteurs sur mes oreilles avant d'éteindre ma radio. Une nouvelle chanson débute, chassant rapidement ce tiraillement inconfortable au creux de mes entrailles.

[ Musique en cours >> Just Another Day - Quietdrive ]

Rassuré, je me lève, enfile seulement un bas de pyjama et me dirige vers la cuisine afin de me préparer un bon repas. J'ai toujours aimé cuisiner. Ça me relaxe et, il faut dire que j'aime bien manger. J'ai toujours eu horreur des repas préparés du supermarché, puis ça me donne une excuse pour ne pas sortir trop souvent de chez moi. Tandis que je brasse ma sauce carbonara, la sonnette de mon appartement résonne plusieurs fois, comme si la personne semblait pressée. Mes lèvres s'étirent dans un sourire. Je sais très bien qui ce peut être...

- Konnichiwa! lancai-je en ouvrant la porte pour laisser entrer ma sœur.

Elle me fait une courte révérence, ses cheveux un peu plus foncés que les mien suivent le mouvement de sa tête, puis elle me montre fièrement la bouteille de vin qu'elle a apporté pour le souper.

- Hum, ça sent vraiment bon! Je suis arrivée juste à temps!

- Tu sais que je cuisine toujours pour une armée, Lena. Il y a assez des penne carbonara pour toi!

- J'espère que tes poils ne sont pas tombés dans la sauce!

- Au moins, ça risque pas d'être des poils de... dis-je en rigolant.

- Ça va, ça va! Va dont enfiler un chandail, me conseille-t-elle d'une petite tape sur les fesses.

Plus tard, nous terminons la bouteille de vin en discutant de la dernière promotion de ma sœur. Après cinq années de service, elle a obtenu un poste d'infirmière-chef au département d'oncologie. Je suis content pour Lena, même si je trouve un tel travail déprimant. Détestant les hôpitaux depuis l'Incident, je n'y ai jamais remis les pieds et c'est pourquoi je peine à concevoir l'intérêt de ma sœur pour ce genre de boulot et surtout avec cette clientèle désolante.

- Je vais souper avec Maman pour célébrer la semaine prochaine. Est-ce que tu viens? me demande-t-elle d'un ton hésitant, car elle connaît déjà ma réponse.

- Je ne peux pas.

- Je ne t'ai même pas dit la date encore, dummy!

- Je n'en ai pas envie, dis-je sans appel. Je vais aller voir Papa, ça fait longtemps que je ne l'ai pas vu.

- Tu sais que tu manques à Maman aussi...

- Je refuse de supporter un autre souper de famille et de voir toute la fierté qu'elle porte à son lèche-cul de faux fils et à son autre idiot.