Pourquoi se faire piétiner est aussi dangereux que humiliant

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PDV LYS

La voiture traverse une ville en mauvais état, et pourtant, belle et bien habitée d'une multitude de personnes. Ces habitations sont rassemblées devant la forteresse du WICKED. Nous nous garons dans un coin de rue et sortons du véhicule, observant tout ce qui se trouve autour de nous. Jorge nous conduit jusqu'à une route principale. Les trottoirs sont bondés par des protestants. Des grosses voitures roulent lentement et dedans, des hommes armés clament des discours contre les initiatives du WICKED.

- Lys ... me chuchote Winston.

Il me pointe un des soldats, assis sur le rebord du pick-up. Cet homme au visage couvert par une sorte de masque à oxygène me fixe - enfin, j'en déduis qu'il me fixe vu que sa tête est toujours tournée vers moi. Sa silhouette m'est étrangement familière. Peut être que c'est un acteur, que j'ai déjà vu autrefois, qui se cache derrière cette combinaison noire.

Nous continuons notre marche et arrivons sur une autre allée, menant tout droit à la forteresse.

- Venez ! C'est par ici ! nous intime Thomas avant de se mêler à la foule.

Nous sommes arrivés le jour d'une immense manifestation contre le WICKED. Honnêtement, je ne pense pas que ces pancartes feront effet sur cette entreprise.
Se frayer un chemin entre tous ces corps est une aventure en elle même. Jouer des coudes ne suffit même plus. Et merde ... voilà que je les ai perdus de vue.

Soudain, une main se pose sur mon épaule blessée, m'arrachant un cri de douleur. Je me dégage vivement de cette emprise et pointe la personne du bout du revolver que Jorge m'avait prêtée. C'est le soldat de tout à l'heure. Son masque n'est pas totalement opaque, me laissant deviner ses yeux.

- Lys ?

Sa voix est étouffée.

- On se connaît ? craché-je en abaissant le cran de sûreté.

Pour toute réponse, l'inconnu attrape mon bras et me tire violemment à l'opposé de mes amis. Alors que j'allais lui tirer dessus, une explosion se fait sur ma gauche, faisant voler des corps au dessus de ma tête. Un sifflement mêlé à un bourdonnement résonne dans ma boite crânienne. L'homme m'a lâchée et me voilà emportée par la foule effrayée. Déséquilibrée, je tombe à terre et me fait piétiner.

- Newt ! Newt ! hurlé-je en couvrant mon visage.

Ils ont des semelles en bois ou quoi ? Je me prends un coup de talon dans la tempe, m'abrutissant. Mon sauveur apparaît enfin et me remet sur pattes, m'entraînant avec lui.

- C'était qui ce gars ? me demande Newt en évitant le mieux possible les explosions.
- Je ... n'en sais rien ... mais il connaissait mon nom !

Alors que nous allions tourner dans une petite ruelle, je suis séparée du blond. On m'attrape par derrière et me porte comme un vulgaire sac à patate.

- Lys !
- Newt !
- Fermez là les tourtereaux, vous allez vous revoir, marmonne l'homme qui détient mon petit ami.

On nous balance dans une camionnette et les portes se referment. J'ai mal à la tête. Du sang coule le linge de mon visage. Su-per ...

- Qui êtes vous ? Qu'est ce que vous nous voulez ? rugit Newt en poussant violemment l'un des soldats.

Pendant que les deux autres se battent, l'homme qui m'avait reconnue s'accroupit face à moi et pose un torchon empli de glaçon sur ma tempe. Ou est ce qu'il a trouvé toute cette glace ? Ah, oui, Hollywood, autant pour moi.

- Maintiens ça, murmure-t-il.

Je m'exécute et essaie de deviner ses traits à travers ce masque rouge.

- Pourquoi chuchotez-vous depuis tout à l'heure ?
- Tu reconnaîtrais ma voix.

Je n'ai même pas le temps de songer à cette réponse que Newt tombe lamentablement à mes côtés, un filet de sang dégoulinant de sa narine droite. Son regard est fixé sur ses pieds, il semble désemparé.

- Newt ? l'appelé-je doucement.

Le garçon tressaille et plonge son regard dans le mien. Un faible sourire apparaît sur son visage parfait et il presse le torchon contre ma tempe à ma place. J'ai peur d'avoir compris ce qui cloche chez lui ...

La camionnette freine, les portières arrière s'ouvrent et nous tombons sur un drôle de spectacle : Jorge est entrain de donner une raclée à l'un des soldats.

- Où-est-mon-hermana ? Où-est-elle ? s'écrie l'homme.

Brenda sort d'une autre camionnette et appelle Jorge. Il la voit et lâche sa victime, soulagé.

Tout le monde est déjà là, arrivés de différents convois de pick-ups.

- Qui êtes vous ? demande Thomas à l'attention de tous les inconnus.

Monsieur-qui-chuchote-H24 s'avance et retire son masque. Mon cœur manque un battement et je place automatiquement ma main à l'endroit où il est censé être pour vérifier s'il bat toujours. Dites moi pas que c'est pas vrai ... avant que son nom ne puisse s'échapper de ma bouche, Thomas se rue sur Gally, le faisant tomber en arrière.

- Pourquoi t'es parti ? T'es allé vendre la mèche, c'est ça ? J'ai toujours su que tu étais un traitre ! Connard !

Newt se jette sur Thomas et l'écarte de l'ex-bâtisseur. Ce dernier se relève, levant les bras.

- Merci Newt ... tout va bien les gars, je le méritais, dit-il à ses hommes.

Il m'adresse enfin un regard. Je m'avance dangereusement de lui et sans crier gare, je lui donne la plus grosse baffe de sa vie. Le claquement sonore retentit dans tout le bâtiment.

- Ça aussi, j'imagine ... rit-il doucement en frottant sa joue endolorie.
- Ça, c'est pour nous avoir quitté du jour au lendemain. Et ça, c'est parce que tu m'as manquée.

Pour appuyer ma dernière phrase, je le serre dans mes bras, jusqu'à m'en étouffer. Il me rend cette étreinte, moins fort, heureusement,  puis me pousse délicatement.

- Qu'est ce que tu fais ici ? demande Newt, le plus calmement du monde,

Son intonation aurait laissé entendre que Gally ...  c'était comme ... comme si ils avaient toujours été les meilleurs amis de monde. Il y avait un sorte de respect dans la voix de Newt. Quelque chose d'inexplicable ... oui, ça doit être le coup que je me suis pris.

- J'ai erré longtemps dans la terre brûlée, relate-t-il. Lorsque Lawrence et son équipe m'ont trouvé, il aurait pu me revendre à WICKED, échanger ma vie contre quelques bouteilles de sérum ... au lieu de ça, il m'a offert une place au coeur de cette rébellion ... j'avais enfin quelque chose qui valait la peine d'être vécu.
- Qui c'est ça, Lawrence ? s'interroge Frypan en croisant ses bras sur son large torse.

Je cherche Emma des yeux pour qu'on puisse se concerter du regard mais elle n'est pas là. Je dois penser toute seule, encore. Lawrence, c'est le gars qui travaille pour Le Bras droit, dans le troisième tome de l'épreuve. Disons que ces rebelles, c'est Le Bras gauche. Qu'est ce que je raconte ... je crois qu'il faut que je me repose ...

- Je vais vous le présenter, suivez moi, nous invite Gally.

L'ex-bâtisseur me sourit et je l'imite. En six mois, j'avais presque oublié sa voix et son sourire, si rare, qui m'était généralement destinée. Il m'a terriblement manquée et le revoilà, en chair et en os, plus beau que jamais ... oh je vous vois venir et nous ouvrirons ce débat plus tard ! Gally est-il beau ? Et puis, qu'est ce que la beauté ? Sujet de dissertation, vous avez deux heures devant vous.

Pourquoi NousOù les histoires vivent. Découvrez maintenant