La justice à coup d'épée

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Le roi et la reine étaient assis dans l'immense salle aux dorures éblouissantes, sur deux trônes tout aussi impressionnants. La cour était à leur pied, tous en grande tenue, venus pour acclamer leurs souverains en jour glorieux. Les deux individus royaux étaient entourés du Cardinal, conseiller du roi, et du capitaine des mousquetaires, Tréville. Les mousquetaires eux-mêmes se trouvaient là, pour les plus forts d'entre eux, cherchant à ce qui rien n'aille de travers, et à garantir la vie des altesses royales. Parmi les nobles présents, une jeune femme d'une beauté sauvage se tenait au premier rang.

Soudain, une dizaine d'hommes armés surgirent de la foule, arborants masques et autres protections vestimentaires. Ils se précipitèrent les uns vers les souverains, les autres vers la foule, prenant de nombreux otages. Cette dernière action bloqua toutes les réactions possibles des mousquetaires. Malheureusement pour les attaquants, ils avaient parmi leurs otages la jeune femme à la beauté surprenante, qui, après un moment durant lequel tout le monde se figea, avait l'air plutôt paisible, à la différence de toutes les autres victimes... Elle semblait attendre quelque chose ou quelqu'un, patiemment.

Et effectivement, quelques instants plus tard, un homme masqué apparut, apparemment éborgné, l'épée à la main. D'un geste, les quelques mercenaires firent une raie d'honneur à celui qui n'en avait plus. Le couple royal, bien que protégé par les mousquetaires n'était pas rassuré et tentait tant bien que mal de conserver la contenance que leur rang leur confiait.

« Qui êtes-vous et que voulez-vous ? Demanda Louis XIII.

- Mon nom est la dernière chose que vous saurez... Quant à ce que je veux... Vous n'allez pas apprécier.

- Que sont tous ces mystères ?

- Je veux toutes les richesses que vous avez dans vos caves. À moins que vous ne teniez pas à la vie de vos sujets, qui sont actuellement à ma merci... Un seul petit geste de ma part et... morts. Ou mortes...

- Vous n'oseriez pas ?!

- En êtes-vous sûr ?

- Même s'il n'y était pas, moi j'y suis, intervint alors la jeune femme.

- Tiens donc ! Nous avons une femme courageuse parmi nous ! Pourrais-je savoir d'où vient cette assurance ?

-Du fait que je suis celle qui t'a causé la perte de ton œil. »

Sa déclaration fut suivie d'un long silence. Cet homme qui était venu en toute décontraction voler le roi paraissait maintenant nerveux, et tous ceux qui étaient présents se demandaient comment une seule jeune femme pouvait représenter une menace pour cet homme.

« Tuez-là, déclara-t-il. »

L'homme qui la tenait allait obéir à cet ordre lorsque l'inconnue lui saisit l'épée d'une main, et se retourna face à lui, en toute légèreté, souriant d'un air moqueur. Derrière elle, les autres mercenaires se préparaient à l'attaquer, sur les ordres de l'éborgné. Mais sans bouger de place et sans perdre son sourire, elle les désarma tous, avec une aisance qui surprit jusqu'au meilleur épéiste présent dans cette salle.

Laissant aux mousquetaires la tâche de tenir en respect tous ces brigands, la jeune femme se retourna vers celui qui avait organisé cette mutinerie et ordonné son assassinat, éclatante de vie et de dangerosité.

« Votre Altesse ? Demanda-t-elle sans quitter des yeux le criminel.

- Oui ?

- J'accuse cet homme, Léopold de Marsais, d'avoir assassiné le quasi-totalité de la famille ducale de Saint-Arboisier dont, moi, Aloysia de Saint-Arboisier, suis l'unique survivante et qui a été témoin de ce crime. Et, en l'honneur de ma famille et de son souvenir, je demande à ce que justice soit rendue. »

Comprenant que sa vie risquait de ne plus être longue, l'assassin voulut prendre la fuite sans demander son reste, sachant qu'il serait également jugé coupable de lèse-majesté. Cependant, de tous côtés, des soldats lui bloquaient les issues, rendant toute fuite impossible.

« Nul autre que moi n'a droit de vie ou de mort sur ma personne, dit-il »

Et dans sa fierté, cet individu misérable préféra se transpercer de son épée et choquer tous ceux qui étaient présents plutôt que d'assumer ses actes.

Un peu plus tard, Aloysia fut remerciée de son attitude qui a permit d'éviter une catastrophe certaine. Le roi offrit sa main à un jeune homme de la cour, au comportement digne d'admiration, lui promettant le bonheur.

Happy End

La justice à coup d'épéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant