Meurtres en série

Chapitre 1

                                            Chapitre 1

Un flash m'aveugle. Je marche lentement, mes jambes tremblent. Je dépasse le corbillard sans y jeter un coup d'œil. Je ne veux pas penser à la personne qui se trouve à l'intérieur, mon grand-père. J'entre dans l'église, des personnes que je ne connais pas me lancent des regards compatissant, d'autres pleurent ou regardent droit devant eux. Je me place au premier rang, je suis la seule de la famille dans l'église pour l'instant et je sens tous les regards tournés vers moi, je les entends ces chuchotements des vieux qui essayent de se faire discret. Je me retourne et j'aperçois le reste de ma famille qui arrive. Tous n'arrivent pas à croire ce qu'il s'est passé, moi non plus je n'y parviens pas. Les croquemorts portent le cercueil jusqu'au cœur de l'église. Le prêtre commence la messe mais je n'écoute pas. Je me replonge dans mes souvenirs, le plus horrible de toute ma vie. Quand j'ai découvert le cadavre de mon grand-père.

Je devais comme prévu passer le voir durant le weekend de la Pentecôte. C'est tout naturellement que je me rendis dans ce petit village de Solente comprenant 150 habitants. La porte était ouverte mais j'étais tout de même étonnée de ne pas voir mon grand-père m'observer par la fenêtre. J'entrais dans la maison et l'appelais. Je n'obtins jamais de réponse. La télé était allumée et mon regard se tourna inconsciemment vers le canapé. Mon grand-père était étendu dessus, mort un trou entre les yeux. Du sang s'écoulait de sa tête, encore frais. Une rose noire était placée entre ses mains sur son torse. Il venait de se faire assassiner. C'est à ce moment là que mes souvenirs devinrent flous. Je suppose que j'ai dû appeler la police puis prévenir ma famille ou l'inverse je ne sais plus. Je vois la tête du gendarme qui m'interroge, je vois ses lèvres qui bougent mais je n'entends rien. Je ne perçois aucun bruit. Des larmes commencent à perler de mes yeux. Il s'en aperçoit et me réconforte du mieux qu'il peut, je ne sais pas si il a le droit de faire cela mais ça soulage. Il y a beaucoup de monde dans le salon, des policiers, des gendarmes, des criminologues, des voisins. Tout est encore flou pour moi. La nuit commence à tomber et les membres de ma famille arrivent peu à peu et me prennent dans leurs bras. Je remarque les voisins trop curieux qui me lancent des regards, comment puis-je leur expliquer ? Des journalistes, eux aussi trop avides d'informations, qui sont plutôt rares en Picardie, surtout pour le meurtre d'un ancien commissaire de police, arrivent et prennent des photos. Je sens les flashs éclairer ma peau. Je n'étais pas sortie de ma chambre jusqu'à l'enterrement, même les gendarmes venaient m'interroger dans celle-ci. Je ne supportais ni les regards des voisins ou de ma famille qui se voulaient rassurants ni les flashs permanent des journalistes qui avaient décidé de camper devant ma maison. Ils voulaient absolument une interview de celle qui a vu le corps sans vie de son grand-père. Je n'en ai pas donné, et je pense ne jamais en donner . J'étais l'une des principales suspectes, forcément j'étais sur les lieux du crime quelques minutes à peine après le meurtre. A vrai dire j'étais la seule suspectée. Les flashs me suivaient partout même à l'enterrement, heureusement pas à l'intérieur de l'église, ces gens là avaient une toute petite notion de respect de la vie privée.

La messe était maintenant terminée et le cercueil allait pénétrer dans le caveau. Je ne veux pas le voir et je lève la tête et aperçois le gendarme qui m'a réconforté . Il me regarde, il croit que je suis la meurtrière, et note des choses dans son carnet. Même les membres de ma famille me dévisagent. Le cercueil est sous terre. Je ne pleure pas. Maintenant je comprends tous ces regards sur moi, tous ses flashs, c'est parce que pour eux je suis coupable.

Pour eux je suis l'assassin de mon grand-père.