Les Loups-Garous

Chapitre I : Grandeur nature

Nous étions dans la voiture depuis une bonne heure, l'étrange personnage assis sur le siège passager de devant, et moi à l'arrière. Je regardais tranquillement le paysage défilé.

- Mademoiselle, je suis dans l'obligation de vous demandez de mettre ce bandeau noir sur vos yeux. C'est pour garder notre lieu complètement secret voyez-vous, me fit-il soudainement en me pointant  du doigt le fameux bandeau situé sur le siège à ma droite.

- B-bien, aucun problème, dis-je surprise de sa demande.

Je ne comprenais pas vraiment pourquoi je devais mettre cette chose sur mes yeux, mais ne voulant pas le froisser, je fis ce qu'il me disait.

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Je ne saurais dire combien de temps après, je sentis la voiture s'arrêter, étant certainement arrivés de rendez-vous. L'homme ouvrit ma portière, me fit sortir de la voiture, m'enleva mon bandeau et me dit alors de me diriger vers le hall du bâtiment principal.

J'ouvris les yeux, et découvris une très grande place malgré la lumière du soleil aveuglante. Plusieurs maisons étaient alignées, toutes de la même couleur, et reliées en une seule grande bâtisse, entourée d'arbres et d'une végétation luxuriante, séparés de cet endroit par un immense mur d'au moins trois mètres de haut. Le chemin était fait de graviers, la façade de cette bâtisse était couleur sable, et le toit rouge fait de tuiles. On pouvait voir des rideaux blancs se balancer des fenêtres ouvertes, se faufilant sur le balcon des petites maisons qui étaient au nombre de dix, ce qui signifiait que nous allions tous être séparés, sans exception.

Peu rassurée dans ce cadre à l'allure pourtant idyllique, je pénétrai dans l'enceinte du bâtiment et passai de grandes et lourdes portes en bois me faisant ainsi atterrir dans ce fameux hall. Je vis alors un attroupement de personnes qui ne m'étaient pas du tout inconnues.

- Attend... Quoi ?! Gabi ?! Micka ?! Tortue ?! Mais qu'est-ce que vous faites ici ?! Et... tout le monde... Mais qu'est-ce que c'est que ce bordel ?!

Micka : Adéna !

Il se précipita sur moi, suivi de Tortue et de Gabi qui me serrèrent fort dans leurs bras. Les autres tournèrent tous la tête vers moi et m'observaient. Surtout une personne.

- Pourquoi vous êtes là ? Vous avez été choisi vous aussi ?

Gabi : Oui ! Toi aussi ?

- Hélas. Je ne suis pas très rassurée de voir des gens que je connais ici. On ne sait même pas quel est ce "jeu".

Tortue : T'inquiète pas va, ça doit être un truc d'équipe ou quelque chose dans le genre.

- J'espère que tu dis vrai.

Une énorme télévision, alors éteinte jusqu'ici, se mit à grésiller subitement.

??? : Un, deux, un , deux, ça fonctionne là ? Hum hum. Bienvenue à tous ! Je me présente, je suis Le Créateur. Il y a ici présent dix hommes que vous allez devoir suivre afin de découvrir "qui vous êtes", je vous dirais peut-être les règles plus tard, si je n'oublie pas. Bien, commençons. Je vous souhaite un bon amusement dans nos locaux. Et, bonne chance.

Et la télé se coupa. Un jeune homme qui ne devait pas être plus vieux que moi se dirigea vers moi. Il était tout pâle, avait des cernes violettes plus grandes qu'un immeuble de cinq étages et paraissait rachitique. Il avait de longs cheveux châtain et deux perles bleu céruléen sans la moindre once de lueur y brillant. Il me semblait également discerner des hématomes qu'il avait dû vainement tenter de maquiller grossièrement. Il me prit par la main et nous commençâmes à nous éloigner des autres. Je sentis comme une aura assez noire qui nous fixait soudain. Je tournai la tête et vis que j'étais la première à partir. Je lançai un regard inquiet à mes amis. Mon regard croisa ensuite celui de cette aura. Nous nous fixions pendant un court laps de temps puis je baissai les yeux avant de me retourner vers la personne qui m'emmenait.

Après avoir marchés pendant cinq bonnes minutes, nous arrivions dans une petite salle sombre. Une machine devait être située au milieu, dans le fond de la pièce, mais j'arrivais à peine à la voir tellement la lumière était faible.

Il me poussa doucement à l'intérieur et referma la porte à clé.

- Mais qu'est-ce que vous f...

Il me retourna face à lui et me mit brusquement la main sur ma bouche. Il avait l'air complètement terrifié.

- Chut...N-ne dites pas un mot... Je vais vous dire p-pourquoi vous êtes tous là, m-même si je risque la mort pour cela... T-tout ça n'a rien d'un simple petit jeu ordinaire et innocent... Vous connaissez les Loups-garous de Thiercelieux...?  me murmurait-il.

Je pris doucement sa main et l'abaissai de mon visage.

- B-bien sûr, pourquoi ? répondis-je en imitant son intonation de voix

- Et bien... Vous allez y jouer en "grandeur nature"... C'est-à-dire que vous êtes un des rôles... Et chacun a le sien...

- Oh non... Et... Comment sait-on notre rôle...?

- Mettez votre doigt sur la machine... M-mais attention, ça risque de piquer un peu. E-et aussi, il y a un très puissant somnifère là-dedans... Vous serez donc endormie durant toute la nuit également... Je... Je suis désolé...

Des larmes perlaient sur ses joues creusées.

- C-ce n'est rien... Calmez vous... Je ne vous en veux pas, vous n'êtes pas coupable. J'ai vu les bleus que vous avez sur le corps, et je peux lire une immense peur dans vos yeux. Je ne dirais pas un mot de ce que vous venez de me révéler, du moins, pas explicitement. J'essayerai de le faire comprendre aux autres d'une manière ou d'une autre.

Il me prit dans ses bras. Quand il baissa la tête et que son regard croisa le mien, je lui répondis par un chaleureux sourire et posai ma main droite sur sa joue.

- Quel est votre nom ?

- J-je... Elouan...

- Alors, tout ira bien, Elouan. Je vous le promets.

Je me retournai, m'avançai et déposai mon doigt avec prudence sur la machine. Je sentis quelque chose pénétrer violemment dans ma chair. Je dus me mordre l'intérieur de la joue pour ne pas crier. La machine préleva un peu de mon sang. Elle vibra.

Un dessin accompagné d'un symbole apparu sur l'écran.

- Je... je s...

Mon corps tomba soudain lourdement sur le sol, plongé dans un profond sommeil. Le somnifère avait déjà fait effet.