Emma

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Elle était terrorisée , que devait-elle faire? Rester là, cachée dans sa salle de bain, attendre qu'ils la trouvent, ils sauraient qu'elle était là, surtout si la porte était fermée à clé! Elle avait plié l'enveloppe et l'avait placé dans la poche de son pantalon. Son téléphone en main, elle ouvrit la fenêtre de la salle de bain et se pencha pour voir si elle pouvait sauter sans se blesser.

-"Putain! c'est haut. Merde, comment je vais faire."Chuchota-t-elle.

Prenant son courage à deux mains, elle enjamba la fenêtre, le froid la saisissant, pourquoi n'avait-elle pas mis de chaussettes et un pull, merde avec un froid pareil, qu'elle conne! Elle s'assit sur le rebord, se retourna tout en s'accrochant avec ses mains, son téléphone dans sa poche. Au moment où elle s'apprêtait à se lâcher, elle vit la poignée de la porte tournée et surement un des types essayer d'ouvrir. Paniquée, elle sauta en même temps que la porte cédait  sous un coup d'épaule. La chute fut brutale pour ses pieds et son corps se plia sous le choc mais elle ne s'en soucia pas, elle leva la tête et le mec était là et il criait à son pote qu'elle venait de sauter par la fenêtre du premier. 

Pas le temps de réfléchir plus, les mains légèrement écorchées, les pieds humides de neige et de boue, le visage rougît par le froid, Emma prit ses jambes à son cou. Elle courut au plus vite pour sortir de son allée et rejoindre la rue. Elle reprit son téléphone et appuya sur le dernier numéro, elle avait froid, ses pieds la faisaient souffrir, du mal à respirer, chaque inspiration lui brûlait la gorge et les poumons, sans jamais arrêter sa course, elle se retourna et vît les deux types sortir de devant chez elle, elle avait une petite avance.

Un des deux hommes sortis son arme mais le second l'arrêta.

-"Putain mais qu'est ce que tu fous, on va se faire engueuler si on la butte sans savoir où est la clé."

Quand elle entendit de nouveau le déclic dans son téléphone lui indiquant que l'inspecteur avait décroché, elle ne le laissa pas parler et cria, prise de panique, le souffle court, frigorifiée, les lèvres tremblantes.

-"Je suis sortie, je suis dans la rue, les types me courent après..." Merde, son téléphone venait de lui échapper, ses doigts engourdi par la température négative. Les flocons de neige accrochés à ses cheveux, elle courait toujours, depuis ce qui lui semblait des heures alors que ça ne faisait que quelques minutes tout au plus, elle criait mais personne ne semblait vouloir ouvrir une porte, elle ne savait même pas si les types la suivaient encore.

Elle glissa, ses genoux réceptionnant le coup et se releva sans vraiment faire attention aux écorchures sur les paumes de ses mains, les pieds certainement en sang, l'enveloppe toujours dans la poche de son pantalon, elle coupa à travers le terre-plein, ses cheveux s'accrochant aux brindilles et autres branches, elle tourna la tête une fraction de seconde pour essayer de voir si les deux hommes la pourchassaient toujours mais elle ne les vit pas  et une branche plus basse que les autres lui blessa la joue, mais une fois encore, elle s'en fichait, tout ce qu'elle voulait s'était mettre le plus de distance entre elle et eux. Elle fila plus vite encore et au moment de traverser la rue attenante à la sienne, en contournant une balustrade en bois, un bras puissant s'enroula autour de sa taille, ses pieds quittant le sol un court instant. La peur au ventre, son coeur loupa un battement, le souffle coupé, elle eût un violent sursaut. Ils l'avaient rattrapée, elle était perdue, elle avait couru pour rien mais bien décidé à ne pas se laisser faire, elle se débâtit du mieux qu'elle pût, griffant et gesticulant. Elle ne voyait rien, ses cheveux devant ses yeux, emmêlée et collée de neiges et d'épines de pin, jusqu'à entendre sa voix.

-"EMMA! EMMA C'EST MOI!"Cria Loki  afin qu'elle l'entende et qu'elle se calme un peu tout en esquivant les violant coups de griffes de la demoiselle.

Le soulagement fut si grand pour la fille du procureur, qu'elle crût un moment défaillir. L'adrénaline quittant son corps aussi rapidement que l'éclair, elle sauta au cou de l'inspecteur qui la serra dans ses bras. Il sentait les tremblements incontrôlables de son corps, elle était dans un triste état, il regarda de tous côtés sans jamais la lâcher, de peur qu'elle ne s'écroule, ne voyant personne, les types ayant fui certainement pour ne pas se faire repérer, il décida de la reculer un peu de lui pour mieux l'observer mais elle avait peur, et ne voulait pas se détacher de son étreinte, son parfum et sa chaleur lui procurant un sentiment de sûreté sans pareil. Doucement il lui caressa le dos pour la rassurer.

-"Emma? Il faut que vous me lâchiez, je dois voir si vous êtes blessée et vous devez vous mettre au chaud. Vous m'avez entendu?" 

Quelques secondes s'écoulèrent et Emma ne bougea toujours pas. Mais alors qu'il allait de nouveau lui parler, les bras de la jeune femme glissèrent de son cou et ses jambes cédèrent sous son poids, elle venait tout simplement de perdre connaissance, son corps à bout de forces, elle s'était évanouie. Avant même que ses genoux ne touchent le sol gelé et enneigé, l'inspecteur la soutenait dans ses bras, la tête appuyée sur sa poitrine, il ajusta sa prise autour de la jeune femme et rejoignit sa voiture au plus vite. Il vit de suite qu'elle était gelée, ses lèvres devenaient bleues au fil des secondes, sa peau était froide, ses pieds en sang, ses mains abimées et sa joue éraflée. Il n'était pas arrivé assez vite, il cligna des yeux deux fois, il s'en voulait. Merde. 

Il installa Emma à l'arrière, la déposa avec précaution et la recouvrit de sa veste. Il s'installa au volant, mis le contact et le chauffage à fond, il devait la réchauffer. En suite une question se posa à lui, que devait-il faire? l'emmener à l'hôpital où les médias se feraient un plaisir de la persécuter ou l'emmener chez lui pour qu'elle se repose et se réchauffe loin des vautours armés d'appareil photo et de micro?  La deuxième solution était la meilleur. Il se frotta les yeux, il était fatigué, il tourna la tête, jeta un regard à la femme derrière lui et prit enfin la route. Sur le chemin il demanda par téléphone à ce qu'une patrouille se rende chez la fille du procureur afin de vérifier et sécuriser les lieux leur expliquant ce qui s'était passé et ce qu'il savait. La nuit allait être longue. 

Sauve-MoiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant