La couleur des émotions

Bleu morne

Théo, il avait un grand frère. Tout les opposaient, Charlie était bon élève, plein de vie, le sourire constamment collé au visage. Théo lui, c'était le petit garçon de 13 ans, un peu étrange, tu ne sais pas trop à quoi il pense, et parfois tu te dis que tu ne préfèrerais pas savoir.

Tout a débuté quand Théo commençait à se mettre en retrait, par rapport à sa famille, ou à ses amis. Ses parents se faisaient beaucoup de soucis, ils l'incitaient à parler, s'exprimer. Mais il se renfermait, il ne voulait rien savoir.

Alors son frère se dit que, il serait préférable que Théo aille faire un petit tour chez un psy. Théo lui n'avait aucune envie d'y aller, c'est à ce moment là qu'il commençait à haïr son frère.

- Bon alors Théo, moi je suis là pour établir un diagnostic. On a trois séances à passer ensemble, et si j'en conclu qu'il n'y a rien d'alarmant, je te laisse tranquille après ces trois entrevues, ok ?

Théo le regardait sans rien dire, il n'aimait pas quand il lui souriait, et son odeur était beaucoup trop forte. Il se dit qu'il puait, un mélange de nourritures périmées et d'ordures ménagères.

- Mais si je vois qu'il y a un problème, je t'enverrai chez un spécialiste, qui s'occupera au mieux de toi.

Le docteur Vamos attendait à chaque fois une réponse venant de Théo, mais il ne répondait jamais. Il n'était même pas sûr que celui-ci l'écoutait vraiment.

Théo était plus occupé à regarder à droite à gauche. Il n'avait beau pas ouvrir la bouche, le Docteur notait tout un tas de truc sur son calpin. Théo se dit que s'il en avait l'occasion, il lui ferait manger. Après tout, peut-être que ce n'était pas si mauvais que ça.

- Qu'est-ce que tu ressens en ce moment Théo ?

Cette question l'interpellait, il réfléchissait, et il ne savait pas. De l'ennuie, oui ça c'était sûr, mais peut-être aussi, du mépris envers sa famille. Du chagrin, mais ça il ne savait pas pourquoi. Théo avait tout pour être heureux, une famille qui l'aimait, qui se faisait du soucis.
Seul les mots " mépris " et " chagrin " avait pu sortir de sa bouche.

La première séance n'avait pas donné grand chose, la seconde non plus. Mais la troisième avait été plus concluante, Théo avait bel et bien un problème. À 13 ans, aucun petit garçon ne devrait avoir une attitude de dépression.

La semaine suivante, Théo se retrouvait à nouveau dans un bureau, mais pas dans celui du Docteur Vamos.
Il était maintenant chez un psychiatre, son nom il ne le connaissait pas, et il s'en fichait. Mais lui par contre, le mettait beaucoup plus à l'aise. Il dégageait quelque chose de bienveillant, quelque chose qui rassurait Théo.

Les séances défilaient et les choses se concrétisaient. Le psychiatre en avait d'abord parlé à sa famille, puis il en avait parlé à Théo.

Il lui avait diagnostiqué un trouble borderline. Pour faire clair, Théo, c'était une petite bombe à retardement.

Les émotions le submergeaient, il ne les contrôlaient pas. La dépression faisait surface, et plus le temps passerait, plus elle s'accentuerait.
Théo n'avait pas trop compris ce qu'il lui arrivait, et il en avait franchement rien à faire.

La trouble finirait par détruire sa famille, les émotions le détruiraient lui.