La confrérie

25 1 4
                                    

 Je me levai comme tous les matins depuis notre emménagement, la routine s'était installée, d'abord petit-déjeuner, puis se débarbouiller et se vêtir. La seule fausse note de ce jour fut mon premier départ en direction de ma nouvelle vie universitaire, avec ma mère et la super voiture jaune. Un ovni en partance pour le campus.

J'espérais que ma mère serait assez conciliante pour me déposer un peu avant notre arrivée. Ce qu'elle fit bon gré mal gré, mais toujours avec le sourire, en précisant qu'elle me reprendrait le soir au même endroit. Je descendis de l'engin spatial qui nous servait de voiture et me dirigeai vers le parking.

Lors de ma visite de la veille, j'avais eu l'occasion de feuilleter un dépliant retraçant l'historique de l'université. Je me rappelai qu'elle avait été fondée en mille huit cent quarante-cinq et qu'elle était l'une des plus anciennes universités irlandaises, comme en témoignait la superbe bâtisse de style néo-gothique dont je m'apprêtai à fouler le sol en direction du secrétariat.

Devant cette bâtisse poussait une verdoyante pelouse. Autour de celle-ci, des bancs et des tables de pique-nique en bois étaient disposés, vieillis par le temps, depuis lesquels des étudiants me toisèrent en continuant leurs babillages.

Je continuai mon chemin sans prêter attention aux bruits ambiants des bavardages entremêlés aux gazouillis des oiseaux.

Je ne mis que quelques minutes pour retrouver le chemin du secrétariat, déjà repéré la veille. En entrant, je m'approchai du bureau en forme de L qui trônait au milieu de cette grande pièce blanche et derrière lequel l'assistante du directeur me fit un geste de la main pour m'inciter à avancer.

- Bonjour Aidan, comment vas-tu ce matin ? Ta mère ne t'accompagne pas ?

- Non je suis capable de me débrouiller seul !

Mon ton narquois témoignait de mon agacement.

Je ne suis pas un bébé que sa mère dépose à la maternelle !

- Peux-tu attendre quelques instants ? C'est le directeur qui a ton planning, il ne va pas tarder. Tu peux t'asseoir en attendant ! enchaîna-t-elle, imperturbable, sans remarquer mon ton irrité.

Je m'assis après l'avoir remerciée sur une chaise longeant un mur constellé d'affiches en tous genres. Je commençais à m'ennuyer, scrutant le haut plafond bordé de moulures de l'impressionnante pièce transformée pour les besoins en bureau.

Au bout d'un certain temps, je me surpris à délirer sur cette mégère qui faisait office de secrétaire. Durant tout ce temps, elle avait continué à m'expliquer que je pouvais obtenir toutes les informations nécessaires sur l'université en allant consulter internet à la bibliothèque, où l'université disposait d'un équipement pédagogique de haut niveau. Entre deux phrases assommantes, je décrochai pour me remettre à divaguer. J'avais en face de moi l'archétype de l'Irlandaise : cheveux roux remontés en chignon, visage terne et sans éclat malgré toutes les taches de rousseur. Soudain, une voix grave et un grincement de porte me sortirent de mes rêveries.

La porte donnant sur le bureau du directeur s'ouvrit. Le premier à passer le chambranle fut un garçon probablement du même âge que moi, mais un peu plus petit. Air nonchalant, jeans, basket et polo blanc, teint hâlé vraisemblablement dû à un excès de soleil durant les vacances, cheveux châtain courts et légèrement ondulés, les yeux foncés. Seule une petite mèche grise sur le front me fit douter de l'âge exact du garçon, petite anomalie qui lui donnait un certain charisme. Le second, beaucoup plus âgé, était assurément le directeur, un corps élancé dans son costume foncé, chemise d'un rose passé qui devait sortir de la naphtaline et cheveux châtain grisonnants. Il tendit à l'adolescent une enveloppe que ce dernier s'empressa de prendre, avant de tourner le dos au doyen pour s'avancer vers moi. Le doyen me jeta un regard sombre et glacial qui me surprit par la haine que j'y lus, avant de rentrer dans son bureau dont il claqua la porte. Un frisson parcourut ma colonne vertébrale, je me sentis mal à l'aise, ce regard était si étrange et haineux. Pas très accueillant, ce directeur.

Vous avez atteint le dernier des chapitres publiés.

⏰ Dernière mise à jour : Mar 04, 2018 ⏰

Ajoutez cette histoire à votre Bibliothèque pour être informé des nouveaux chapitres !

Féelynides  AttractionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant