Féelynides Attraction

Nouveau départ

« La bourse que j'ai obtenue, en plus de me permettre de faire de grandes études, est la seule et l'unique manière d'atteindre mon but : devenir quarterback, car nous avons peu de moyens financiers et évidemment, beaucoup de difficultés à joindre les deux bouts en fin de mois. Malheureusement, je viens de recevoir par courrier une très mauvaise nouvelle : ma bourse d'étude a été annulée. Je n'y comprends rien. Mon petit monde bien ordonné s'écroule et je suis désespéré. Aidan »

 Le vendredi était mon jour préféré, car il annonçait le week-end, mais aujourd'hui marquait le début d'un changement. En outre, il commençait mal, faisant suite à un nouveau cauchemar, et j'allais devoir assumer les conséquences d'un manque de sommeil flagrant. Mes cauchemars semblaient de plus en plus réalistes. Je restai un instant assis sur mon lit avant de me lever et d'essayer de prendre le dessus sur le rêve qui me hantait toutes les nuits depuis maintenant deux semaines.

Comme tous les matins, Jack, mon imposant mais brave chien, m'attendait devant la porte de la salle de bain. Il était habitué à me suivre partout et connaissait si bien mes habitudes, qu'il me précédait toujours là où j'allais et quoi que je fasse. Je sus en l'apercevant qu'il attendait avec impatience l'heure du petit-déjeuner.

- Salut mon pépère. Tu es pressé de manger, n'est-ce pas ? lui lançai-je en le caressant tandis qu'il frétillait d'impatience.

Je pris ma douche, me remémorant les propos de ma mère lorsque je lui avais parlé de mes cauchemars. Elle avait mis mes angoisses sur le compte du stress provoqué par le déménagement. Pas le moins du monde inquiète, elle s'était même amusée à l'évocation de mes aventures nocturnes. J'avais donc renoncé à me plaindre au bout de la première semaine en lui laissant croire que mes rêves étaient devenus plus intéressants qu'effrayants, alors qu'il n'en était rien ; bien au contraire, ils semblaient plus réels que jamais.

Après avoir pris un copieux petit-déjeuner, je remontai dans ma chambre pour enfiler la tenue neuve choisie par ma mère pour la remise des diplômes qui devait se dérouler dans la matinée. Le grand jour tant attendu dans la vie d'un adolescent rentrant dans l'âge adulte : la remise des diplômes !

J'avais bien entendu évité de me vêtir avant de me restaurer, de peur de salir la seule et unique chemise blanche que je possédais, ayant préféré enfiler, en prévision d'une éventuelle catastrophe, un vieux tee-shirt et le bas d'un vieux jogging gris.

Dans l'escalier, je croisai ma mère vêtue d'une jolie robe d'été fleurie.
 - Comment va mon diplômé préféré ?

Un sourire chaleureux empreint de satisfaction ensoleilla son visage.

- Heureux que les années de galère se terminent par ce diplôme tant attendu, maman.

- Et malheureux de déménager dans un pays étranger, me rétorqua-t-elle. Je vis son sourire s'estomper.

- Je n'ai ...

Malheureusement, mon hésitation trahit le mensonge que j'allais lui servir et sa gaîté retomba brusquement.

- Dépêche-toi, nous partons dans dix minutes, je t'attends en bas, me répondit-elle en descendant les escaliers.

La remise des diplômes marqua la fin de ma vie d'étudiant au lycée Liberté de Tampa en Floride. Je vivais aussi mes derniers jours dans la ville qui m'avait vu naître.

A la rentrée, ma nouvelle vie d'universitaire débuterait au très convoité U.C.C. de Cork en Irlande.

« Irlande ! »

Je me répétais inlassablement le nom de ce pays qui allait m'accueillir, mais rien n'y faisait ; imaginer ma vie là-bas était toujours aussi difficile pour moi.