Cela fait une heure que je suis dans cette foutue cabane. Quelqu'un est venu briser les fenêtres avec une roche que j'ai retrouvée sur le plancher de bois mouillé par la pluie d'hier. Un mot était attaché avec un élastique par-dessus la petite pierre.
«Tarée, viens te cacher plus souvent ici qu'on ne voit plus ton minable visage!» disait-il.
Connard. Peu importe de qui ça venait, je laissai le petit bout de papier sur le sol avant de le piétiner pour y retrouver que des morceaux blancs éparpillés un peu partout. J'aurais dû apporter mon lecteur de musique. Je savais que j'avais oublié quelque chose! Je fermai mes yeux et essayai de ne plus penser à rien pour avoir la paix. Depuis une heure je suis comme ça, assise le coin le moins trempé de la seule pièce, en étant complètement dans mon monde. Il était tard, j'étais si fatigué. Je m'endormis peu de temps après se penser.
Je me réveillai aux petites heures de matin, vu au ciel coloré, par un bruit. Aussitôt je sortis le couteau que j'avais amené, celui que j'apporte toujours avec moi au cas où j'aurais à me défendre. Certains penseraient que je suis folle, mais j'aime mieux prévenir. Le son venait de ma droite, directement en arrière de la maisonnette. Je descendis les 3 marches qui séparaient la demeure du gazon mouillé par le rosé. Je me dirigeai à l'endroit où provenait ce qui m'avait réveillé. Une branche se planta dans mon chemin, et je tombai presque.
«Merde» échappais-je.
Mon soulier est resté prit. En allant le chercher, j'entendis de nouveau le bruit. Ma lame encore a la main, je me rendis enfin là où il se devait.
Un raton laveur. J'ai eu si peur pour un raton laveur? C'est bien moi ça. Mais...non...ça n'arrive pas pour vrai...
«LÂCHE MES CHOSES! C'ÉTAIT MON DÉJEUNER PETITE PESTE! VAS-T-EN!»
Non mais elle est où la blague? Au moins j'ai l'argent pour aller m'acheter un petit quelque chose tantôt. Je ramassai mon sac à l'intérieur et reparti aussitôt vers un petit café où il y avait mes beagles préférés. J'y allais souvent avec ma grand-mère avant qu'elle meurt... Elle était ma seule confidente, ma meilleure amie, ma sœur. Je n'avais pas trop compris de quoi elle était décédée, le médecin était un Mexicain et avait un accent incroyable. Je crois que c'était un criss de cœur dû à sa vieillesse. De quoi d'autres? Ma grand-mère était en très bonne santé, donc je ne verrais pas quelle option il y aurait sinon.
Quelques minutes de marche et j'étais rendu. Le petit bruit habituel de la clochette retenti au même moment où j'ouvrais la porte.
«Hey Rommy! Ça fait longtemps que je ne t'ai pas vu ici!» Dit une voix de femme que je reconnaissais très bien.
«Barbara!» Dis-je en m'avançant vers elle.
C'est la gérante de ce bistro, un amour. Elle connaissait bien ma grand-mère, et par conséquent, me connaissait bien aussi. Un sourire ridés se dessina sur ses lèvres craquées. Je lui donna deux baisers sur les joues en guise de politesse.
«Alors ma chouette comment vas-tu? Il me semble que ça fait longtemps que je ne t'ai pas vu ici!» me dit-elle d'un ton à la fois surpris et enjoué.
«Hé bien j'avais besoin de changer d'air un peu je crois.» répondis-je sans donner de détails. Je sais qu'elle n'appellerait pas mes parents si je lui dis de ne pas le faire mais j'aime quand même mieux ne pas prendre de chance.
«Je vois. Veux-tu prendre un café ou un truc à manger?»
J'enfouis ma main dans ma poche arrière pour y ressortir le peu d'argent que j'avais. Vingt dollars. Assez pour me prendre un beagle et un jus d'orange. Le reste, je le garde au cas où j'en aurais de besoin.
«Un beagle au fromage avec un petit vers de jus d'orange s'il vous plaît.»
Elle revient deux minutes plus tard avec ma commande.
«Voilà, ça te fait cinq et quarante-cinq.»
Je lui donne le montant exact et me dirige vers une table faite pour deux personnes. Barbara vint me rejoindre un instant après avec un petit café dont la fumée abondante sortait de la tasse.
«Tu ne travailles pas?»
«Oui, hé bien c'est ma pause, et je profite du fait que tu sois là pour prendre des nouvelles! La dernière fois que je t'ai vu, tu es arrivé dans le restaurant avec les yeux injectés de sang et tu as pleuré dans mes bras pendant presque une heure sans que je sache qu'est-ce que tu avais!»
*Deux semaines plus tôt*
J'étais dans ma chambre. Tout allait bien - du moins, mieux que d'habitude - quand mon père est arrivé saoul comme un cochon.
«Carole, il faut qu'on parle.» avait-il dit d'une voix instable.
«Pas ce soir Henrik. Tu es saoul.»
«Je ne suis pas saoul, j'ai juste bu quelques verres. Il faut parler de Rommy.»
«J'ai dit pas ce soir.»
Ma mère lâcha un petit cris. L'homme qui me servait de père l'avait sûrement prise par le bras assez fort, comme il fait toujours quand cela ne fait pas son affaire.
«Vas-y, dis ce que tu as à dire. Maintenant lâche moi.»
«Nous devons l'envoyer dans un centre. De toute façon, elle dort toujours de la maison. Aussi bien qu'elle parte pour de bon. Elle n'est même pas polie avec nous, Carole il faut faire quelque chose...»
Je n'avais pas le goût d'entendre les autres paroles horribles que mon père disait sur moi, donc je mis mes écouteurs. Ce n'est qu'au lendemain matin que ma mère est venue me prévenir que la prochaine fois que je fuguais, je partirais dans un centre.
*Retour*
«Je vais mieux.» Répondis-je avec un semblant de conviction.
Je ne lui avait toujours pas dit ce qui c'était passé à ce moment. Elle n'a pas à savoir tout ça. Oui, c'est vrai, je suis allé pleurer dans ses bras, mais juste parce que je savait qu'elle ne me poserait pas de question, même si l'idée lui dévorait le crâne.