Le photographe bouleversé

Chapitre 1 : La mort en photo

Sullivan : Et c’est dans la boîte !
Kate : Qu’est-ce que tu raconte ? Ton appareil est à impression instantanée.
- J’ai toujours aimé dire cette phrase, c'est mon délire cherche pas.
- Ouais, ‘fin bon. Déjà que ton modèle se fait vieux, si maintenant c’est ton cerveau qui n’arrive plus à suivre on va pas y arriver.
- Laisse mon Polaroid tranquille !
- On pourrait penser que vous êtes mariés.
- Et ça ferait quoi ?
- *soupir* toi et tes délires chelous. Je vois même pas ce que tu trouve sur la photo que tu viens de prendre.
- Tu peux pas comprendre, c’est le mélange de couleurs que j’ai voulu capturer. Regarde. S’il n’y avait pas toutes ces lumières, on se retrouverait face à un escalier presque monochrome. Sans vie. C’est comme cette photo.

Kate : Mouais, ça rend la rue plus jolie quoi.
Sullivan : Mais…ne vois-tu pas toutes ces couleurs ? Ce vert, ce bleu, ce noir ! Sans ça, la photographie n’aurait aucun intérêt à part réaliser des selfies, ce qui n’aurait été qu’une tendance intemporelle.
- Si tu le dis Sulli, je te rappelle au cas où tu aurais oublié que je ne suis pas passionnée par ce genre de chose, encore moins par l’idée dégagée par une photo.
- Bah trouve toi un centre d’intérêt, il serait temps.
- La musique me convient parfaitement.
- Bah tu as quoi à me dire alors ?
- Hm…que le dernier album de Taylor Swift est une bombe.
- Mais encore ?
- Écoute le, essentiellement « I Did Something Bad » et « Delicate » en dehors des singles et on en reparle.
- Je ferai ça. *rire*
- Il serait peut-être temps de retourner en cours, non ? Non pas que la station de métro ne me plait pas, au contraire, mais on a droit dans 5 minutes.
- Ouais, allons y.
- Ah, et arrête un peu avec tes "Bah".

Une fois de retour chez lui, Sullivan a comme réflexe de retravailler les clichés pris dans la journée. Contraste, balance des blancs, chaque détail se trouve sur une table d'opération pour ressortir le mieux
possible. Tout cela se fait sous les yeux de Kate, qui l'accompagne. Elle le fixe.
Kate : Dis, tu n'as pas oublié que je suis là avec toi au moins ?
- Chut, laisse moi me concentrer une seconde. Mon appareil photo est abîmé à un endroit.
Il relève sa mèche brune et la cale avec le reste de sa frange, du côté droit du front. Avec sa main gauche (Oui, il est gaucher), il manie toute une panoplie de petits outils tellement fins que certains sont difficiles
à voir dans la pièce plongée dans la lumière rouge. De son côté, Kate joue avec ses boucles dorées, scrutant de ses yeux bleus les mains agiles de Sullivan.
Sullivan : Eeeeeeeeeeeeeet...ça y est ! L'objectif est de nouveau calibré.
- Tout ça pour un objectif ?
- Si ce petit problème persistait, les photos auraient été plus compliquées à prendre. Pas envie de prendre le risque.
- Et pourquoi pas ?
- Parce que...je l'ai décidé. Je ne suis pas casse cou comme toi, Kate.
- 'scuse moi d'apprécier le parkour.
- "D'apprécier" ? Quel bel euphémisme.
- Oui, bon, mais rien de comparable avec ton amour pour les photos.
Sans crier gare, Sullivan prend Kate en photo.
Kate : Mais qu'est-ce qui te prend ?!
Sullivan : ça t'apprendra à continuer à me taquiner sur mes goûts.
- Mais, j'ai juste répondu à ta remarque ! Puis...mon dieu, la photo promet d'être horrible.
- Tu l'as dis, t'es tellement grande qu'on peut être sûrs que ce visage sera accompagné d'un sacré double menton.
- Montre le résultat ! Oh non...débarasse moi de ça tout de suite !
- Dans tes rêves !
Kate attrape la photo sans trop de problème et la déchire.
Sullivan : T'es pas drôle.
- Tu sauras la prochaine fois qu'on ne s'en prend pas aux personnes plus grandes que soi *tire la langue*
-  T'es VRAIMENT pas drôle.
- C'est une habitude.
- Bref, c'est pas tout ça, mais on devait réviser à la base. T'as pensé à tes manuels ?
- Oui, t'inquiète pas. On va à la BU (Bibliothèque universitaire) ?
- Allez, ça va que j'habite juste à côté de la fac hein.
- Tu l'as dis. D'ailleurs, tes parents aimeraient bien que je reste dîner ce soir. T'en pense quoi ?
- Oh bah si c'est une invitation de leur part j'accepte avec joie !
Sullivan éteint la lumière rouge pour laisser une lumière blanche traverser sa chambre à la place.
Kate : Oh bah c'est mieux d'un coup, j'arrive enfin à revoir la crême fraîche que tu es !
- Ecrase, tu veux ? C'est pas parce que j'arrive pas à bronzer que ça doit être un argument pour me balancer des punchlines.
- Et pourquoi pas ?
Le téléphone de Sullivan sonne.
- Allo ? Oui, maman, on révise une heure ou deux puis on arrive. Bisou, à plus tard.