I'm in love with you, sorry.

French version

Ce jour là, nous étions dans ce petit café aux allures des années 1950. Le jude box jouait une chanson d'Elvis Presley en boucle depuis que nous étions arrivé. Une odeur d'un mélange de tabac froid et de café planait, et les quelques néons allumés emplissaient la salle d'une lumière bleue électrique. Il était dans les alentours de 3 heures du matin, et comme à notre habitude, nous sortions lorsque le commun des mortels étaient assoupi, nous donnant ainsi une liberté de mouvements et une vie privée dont nous étions privés lorsque le soleil éclairait les immeubles vitrés de Séoul. Il était vêtu d'un sweat, ses lunettes rondes étaient abaissées sur son nez et ses cheveux ébouriffés éparpillés sur son front. Nous avions déjà discuté d'amour auparavant, et sa position sur le sujet m'avait jusque-là terrorisée à l'idée de lui confier ce qui tourbillonnait en moi. En clair, l'amour n'était qu'une invention de l'homme, et de toute façon, il "n'avait pas le temps pour ces conneries". Mais, le voyant ainsi, d'une façon dont j'étais la seule à pouvoir profiter, et me surprenant a l'admirer silencieusement depuis plusieurs minutes, je ressenti alors l'empressant besoin de lui avouer. C'était maintenant. Ou jamais.

« Jong-in ? »
« Oui ? » Dit-il, relevant la tête de son portable.
« Je t'aime. »
« Quoi ? »
« Tu m'as entendu ? Je t'aime ! Et je sais que l'amour n'est qu'une simple réaction chimique, destinée à la procréation, à la survie de l'espèce humaine. Je sais que tout ça n'est qu'une perte de temps, que nous sommes tous destinés à l'oubli, que nous redeviendrons poussière, que l'amour n'est qu'une goute d'eau dans l'océan de l'Histoire, qu'un détail dans l'immensité du temps. Mais je t'aime, et je veux perdre mon temps à t'aimer. Je veux faire couler cette goute, fabriquer et chérir ce détail. Je t'aime Jong-in. Je suis désolée. »
Il me regarda alors, longuement, posa son portable encore allumé sur la table, et se rapprocha doucement. Il plongea son regard dans le mien. Posa sa main sur la mienne, puis dans un murmure à peine audible, il répondît :
« Moi aussi. »