Chapitre 1

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En ce beau matin printanier, je me lève de mon lit, sourire aux lèvres, avec mon frère jumeau, Chen qui est encore endormis dans mon lit, accroché à mon bras. Je regarde cet ange quelques secondes. Je me dis que, j’ai parfois de la chance qu’il soit là pour moi. Je l’échangerai pour rien au monde. Je ricane toute seule, oui, comme une folle, puis me lève doucement sur le lit. Je commence à sauter sans m’arrêter, jusqu’à qu’il se réveille :

«  — Chan, bon anniversaire. Dit-il à moitié réveillé avec sa tête toute mignonne et en attrapant une de mes mèches.
—Salut Chen, joyeux anniversaire à toi aussi ! crié-je en me rasseyant à ses côtés. Sérieusement, combien de fois vais-je te le répéter que notre chambre est grande, et que nous avons chacun notre propre lit ?
—Mais je préfère dormir avec toi. S’il te plaît. Me supplie-t-il avec ses yeux de chien battu.
—Vraiment, arrête de faire l’innocent et le paresseux. Et lève-toi !  »

Étant donné qu’il ne bouge pas d’un poil, je le tire violemment hors du lit puis le pousse jusqu’à la salle de bain. Que ferait ce garçon sans moi ? Je me pose bien la question !

Quant à moi, je me dirige à la cuisine. Comme d’habitude, nos parents nous achètent des pains au chocolat et des croissants. Disposés sur des assiettes, je prends un sac en papier, et le remplis de croissants. Celui-ci sera pour Chen ! Je remplis un autre de chocolatines et ce sac est mien ! Il y a comme une grande frontière qui nous sépare lorsqu’on parle du petit-déjeuner parfait. Nous avons les mêmes goûts. Sauf pour les croissants et les pains au chocolat !

Nous nous préparons pour ensuite, aller à l’école. Aujourd’hui, ce n’est pas n’importe quel jour, c’est notre seizième anniversaire, le 21 mars ! Et évidemment, vive le printemps ! J’enfile ma robe rose fétiche et mes sandales compensées noires, j’ajoute une petite touche de rouge à lèvres. Je me fais un chignon, bien haut. Je prends mon sac de cours et ma veste noire. Et voilà ! Je suis parfaite !
Je tourne le regard vers Chen qui lui aussi est sur son 31 : chemise blanche, pantalon noir et cheveux coiffés tel un acteur d’Hollywood. Ouf ! Quel beau gosse est mon frère !

Je regarde ma montre et commence à le presser un peu. Si on continue ainsi, on va finir par être en retard ! Je lui donne son petit sac, puis nous sortons précipitamment. Je fais attention à fermer la porte à clé avant de commencer à marcher à ses côtés dans la bonne humeur, comme deux gamins, après tout, c’est ce que nous sommes.

Nous croisons beaucoup de personnes en ville qui nous souhaitent une bonne journée. Ils sont tous si gentils et bienveillants envers nous. Peut-être parce qu’ils ont remarqué que nous nous débrouillons bien sans nos parents.
Ces derniers nous achètent notre petit-déjeuner et nous donnent de l’argent pour que nous remplissons les placards. Ils ne connaissent pas vraiment nos préférences, et n’ont pas aussi assez de temps à nous accorder.
Nous savons bien qu’ils travaillent durs pour nous offrir une belle vie. Mais mon frère préfère que nous passions plus de moments ensemble, comme une vraie famille.

Pourtant, moi, c’est comme si cela m’était égal. J’ai l’habitude de vivre pour mon frère. Et lui a l’habitude de vivre pour moi. Nous avons aucun secret entre nous. C’est ainsi que nous vivons, comme une seule et même personne.

Arrivés à l’école, nous descendons la longue et interminable pente qui relie le portail à la cour. Nous posons nos sacs par terre, l’un à côté de l’autre, plus précisément à côté du banc près de nos casiers. À vrai dire, nous avons la flemme d’ouvrir puis fermer puis les rouvrir et les refermer lors de la sonnerie.

Tout le monde nous saute dessus en nous criant « Bon anniversaire !  » , comme chaque année. Au bout d’un moment, c’est devenu tellement banal, mais ça me fait quand même quelque chose. Le fait de penser que des gens portent de l’attention sur nous, ça remplit un vide en moi.
Alors que la journée ne venait que de commencer, une surveillante vient nous voir :

«  — Bon anniversaire les jumeaux.
—Merci ! répondons-nous avec le sourire.
—La CPE vous demande au portail. Elle a dit que c’était important et que vous devrez prendre vos affaires. Car cela peut durer jusqu’à la sonnerie et que cela vous évitera de redescendre. M’annonce t-elle.
—Y a t-il un problème ? demande mon frère surpris et méfiant.
—Ne vous inquiétez pas, je pense que c’est pour l’élève étranger.
—L’élève étranger ? répété-je comme un perroquet. »

Elle secoua la tête en nous pressant un peu. Évidemment, nous faisons ce qu’elle dit, nous n’avons pas réellement le choix. Et je n’ai pas envi d’avoir des ennuis. Tout le monde s’inquiète, et je trouve ça très gentils de leur part, mais inutile.
Nous prenons nos sacs, puis remontons la pente pour rejoindre le portail. Pendant ce temps-là, je continue d’essayer d’avoir plus d’informations :

«  — Qui est cet élève étranger ? Vous savez quelque chose ?
—À vrai dire, je ne sais pas réellement. Personne ne connaît la raison pour laquelle il est là, à part le directeur.
—C’est un garçon ? Il a notre âge ? Pourquoi nous demander pour lui ? Il ne sait pas parler français ? Ou c’est pour le faire visiter notre école ?
—Je ne sais pas.  »

Je souffle et lève les yeux au ciel. Je vois bien que je l’énerve avec mes questions, mais je suis curieuse, contrairement à Chen. Lui, il est totalement indifférent.
Donc, si je résume, on me gâche la matinée pour une histoire dont personne ne connaît ? Super !
Nous arrivons lentement du portail blanc. Je m’avance vers la conseillère en lui demandant :

«  — Bonjour madame, vous nous avez demandés ?
—Oui. Réplique t-elle.
—Ne me dites pas que c’est encore à cause de mes habits ou de mon rouge à lèvres. Dis-je en plaisantant, je sais à quel point elle n’aime pas lorsque je me maquille.
—Non, pas aujourd’hui, peut-être la prochaine fois. Me répond-t-elle avec un sourire malicieux. Je voudrais que vous me suiviez dans le bureau du principal.  »

Nous nous regardons avec mon frère perdus, mais intéressés. Je lui prends la main inquiète. Je ne sais pas ce qu’il se passe, mais je compte bien le savoir. Nous la suivons de très près en entrant dans le secrétariat. Elle frappe à la porte du directeur et nous entrons à l’intérieur.

«  — Bonjour monsieur. Disons-nous d’un ton plus que sérieux.
—Bonjour Chen et Chan, j’ai su aujourd’hui que c’était votre anniversaire, joyeux anniversaire.
—Merci. Remercie Chen.
—Beaucoup d’élèves et de professeurs n’ont dit que du bien sur vous. Aujourd’hui, un étudiant étranger est venu pour connaître le fonctionnement de cette école, il restera dans votre classe deux ou peut-être trois jours. Explique-t-il très sérieusement.
—Cet homme à côté de lui est son tuteur, il sait parler français. Je vous laisse faire connaissance. Dit le directeur en sortant de la pièce avec la CPE.
—Bonjour, je m’appelle Chan. Commencé-je en m’approchant de lui amicalement.
—Bonjour, moi c’est Akio. Se présente l’homme en costard noir. Voici Eichi et vous avez le même âge. Je suis sûr que vous allez bien vous entendre. Il peut être arrogant parfois, mais il est gentil. »

Je glousse, telle une pétasse niveau 100, en regardant tous ses membres sans exception, à part cette partie. Je parcours ses jambes plutôt fines, mais qui ont l’air musclé. C’est vraiment du gâchis de les cacher derrière ce pantalon.
Mon regard monte jusqu’à cette chemise bleu ciel, seulement fermée jusqu’au troisième bouton. Je peux même apercevoir rapidement son torse sexy !
J’arrive à ses yeux noisette qui m’hypnotisent totalement. Je n’arrive pas à me séparer d’eux. C’est comme de la magie.

«  — Un problème ? déclare le garçon en japonais.
—Rien du tout ! répondis-je sur le coup de l’étonnement.  »

Et merde ! Il faut absolument que je me reprenne ! Il va penser que je suis chelou ! Et puis, Chen aurait pu me prévenir que je le fixais depuis longtemps !

«  — Je ne savais pas que vous saviez parler noter langue. Dit Akio stupéfié.
—Nos parents sont originaires du Japon, n’est-ce pas Chen ?  »

Je me retourne vers ce dernier qui ne bouge pas. Son regard perçant nous met tellement mal à l’aise. Je m’approche de lui et attrape son bras. Il se libère à la seconde où je le touche et s’avance vers Eichi. Qu’est-ce qui ne va pas ? Il a l’air énervé, irrité voir agacé de la situation.
Alors qu’Akio allait poser sa main sur la tête de Chen, celui-ci l’attrape puis le fusille du regard.

« — Chen ! Sois un peu plus poli ! m’énervé-je en me calant rapidement près de mon frère et en le lui chuchotant.
—Ces gens-là ne méritent ni ma gentillesse, ni ma politesse.  »

Il était clair qu’il n’était pas de bonne humeur. Mais pourquoi s’en prendre à des inconnus ? Surtout, qu’en réalité, c’est un ange ! Enfin… presque !
La sonnerie retentit, et l’atmosphère n’a pas bougé d’un poil. J’ose à peine respirer tellement la tension est à son comble. Je décide enfin de prendre la main de mon jumeau :

« — Nous devons y aller. C’est l’heure d’aller en cours.
—J’espère alors que notre journée ensemble va bien se passer. Poursuit l’homme en lui tendant la main.  »

Mon frère la regarde avec dégoût. Pourtant, elle a l’air très propre et Chen n’est pas vraiment du genre germanophobe.
Dans ces situations-là, je ne sais pas vraiment quoi faire. Rare sont les fois où il agit avec méfiance ou méchanceté. C’est seulement lorsque des personnes m’embêtaient et encore, elles n’avaient pas le temps de dire Ouf que je leur mettais déjà mon poing dans leur face.

Il faut que je découvre ce qu'il se passe.

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Nous voilà à la fin du premier chapitre !

Comme vous avez peut-être remarqué, les dialogues en italiques représentent les discussions en japonais.

Sinon, merci d'avoir lu et j'espère que vous resterez accrocher à l'histoire qui ne fait que de commencer !

N'oubliez pas un petit commentaire pour me faire part de votre ressenti :)

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