L'éveil des ténèbres

Premiere partie

  Mon nom est Kaname Bartholomé, je célèbre aujourd'hui mon trois centième anniversaire, dans ma ville natale, ma très chère nouvelle Orléans, berceau de la musique et de mon enfance, aussi misérable qu'elle fut.
  Je suis une créature des ténèbres, se cachant dans l'ombre, loin du soleil et des jouissances de la vie. Je me retrouve ici-bas, avec ma cupidité et mon orgueil pour seuls compagnons. Aussi loin que je me souvienne, jamais je n'avais été entouré, tant bien dans ma vie que dans ma mort, mais ce qui fut un choix par le passé est désormais une obligation. Pour ma survie, je suis, hélas, obligé de me sustenter du sang de mes anciens frères humains, telle une sangsue ou un parasite. Je ne sais précisément ce que je suis ni pourquoi ; au cours des années, différentes populations me donnèrent de nombreux noms : démon, diable, yokai, shaytan... Cependant celui qui revenait le plus souvent était vampire. Partout dans le monde, je semais la terreur et répandais la mort sur mon chemin, en ne laissant derrière moi uniquement les cadavres dont j'avais aspirés la vie. Bien pire qu'un fléau, j'étais certainement la réincarnation du mal, contenant en moi tous les maux du monde. Afin de me délivrer de ce sentiment de haine et de fureur, qui faisait rage en moi, je n'avais qu'une seule et unique solution.
  Néanmoins, n'ayez aucune pitié à mon égard, car j'ai un jour souhaité devenir l'atrocité que je suis désormais et ce, par amour pour une femme, aussi rayonnante qu'intelligente, et dotée d'une pensée machiavélique. Elle m'a envoûtée par ses yeux d'un noir profond, sa bouche si tendre, ses lèvres si douces, je l'ai suivi aveuglément, tout en étant conscient de la voie qu'elle voulait prendre pour notre couple libertin. Je compris, à mes dépends, qu'il aurait été plus judicieux de garder ma raison même en amour, car je ne serais pas devenu cet être infâme et détestable, mais j'ai franchie la ligne de la finitude humaine pour l'immortalité, tant désirée par ma chère et tendre moitié, qui n'est plus.  Son cœur arrêté, ne lui permettait plus de ressentir le moindre sentiment à mon égard, du moins, c'était là, la seule explication qu'elle me donna le jour où nous nous sommes séparés. C'est en la poignardant, en plein cœur que j'eus compris que tout n'était que l'illusion d'un amour éphémère.
  Toutefois, je suis dans l'incapacité d'éprouver le moindre remords, le moindre regret, à propos des ces péchés capitaux que j'ai perpétué. Un être humain ayant commit ce genre de crimes, serait jugé condamné puis exécuté, conduisant son âme tout droit en enfer. Mais pas pour moi. Le créateur a décidé de faire de la terre mon enfer, l'endroit où je souffrirais et ferais souffrir à mon tour. J'ai longtemps cherché des réponses à mes questions, j'ai tenté de trouver la raison de ma venue au monde, et après trois siècle je n'ai encore rien trouvé. Suis-je le jouet d'un sadique ennuyé ou est-ce alors ce que le parchemin du destin m'a réservé. Si c'est le cas, j'aimerai savoir ce que j'ai fait à son auteur, cet être à qui nous devons apparemment tout, le bien comme le mal. Il est vrai que j'ai cessé d'invoquer son nom, je me suis détaché de lui, c'est alors qu'il m'a caché sa face en me laissant périr par l'effet de mes crimes pour avoir emprunté le chemin des damnés, ceux dont les péchés délibérés viennent d'un cœur mauvais. Toutefois, un cœur qui ne bat plus peut-il être mauvais ?suis-je coupable ou non ?Ne me jugez point afin que vous ne soyez pas jugés .Cela fait des années que je ne vois plus la moindre trace du bien dans ce monde détraqué, ravagé par le mal celui qui nous ronges silencieusement. Toujours en opposition du bien il se glisse au fond de nos entrailles et nous perturbes. S'agit-il d'une simple déficience dans l'ordre du monde? J'ai eu la malchance de le voir œuvrer à travers des êtres humains mais aussi à travers moi. J'ai donc compris qui était le mal après de longues recherches, sachez, qu'il n'est point un petit démon rouge caché dans les profondeurs de l'univers, il est bel est bien présent en nous attendant patiemment l'occasion de sortir de cette prison faite de chair pour nous envahir. Certainement personnes résistent mieux que d'autres ,je fais malheureusement parties de celles qui ont succombé à son appel et après avoir lutté en vain pendant si longtemps, j'eus un soir laissé cette folie m'emporter, me guider.