Les jours défilaient calmement, tels les perles d'un chapelet que l'on égrenait avec ferveur, l'une après l'autre, s'entrechoquant, produisant un bruit apaisant. Ma vie également, semblable à cela, continuait. Mon mari et moi étions prêt à combattre vents et marées m'étais-je dit, pourtant parfois je ne me sentais pas aussi forte pour affronter les choses qui pourraient éventuellement nous tomber dessus. D'autres fois encore, et d'ailleurs la plupart du temps, j'étais à l'assaut, comparable à une lionne qui pourrait bondir sur sa proie à n'importe quel moment. Et en y repensant cela était une attitude que j'aurai dû conserver mais à présent c'était trop tard, les dés étaient déjà jetés et il n'y avait plus rien à faire à mon avis. Le pire c'est que je n'avais personne à qui me confier, je n'avais pas d'amie ni rien. Et ma mère dans tout ça me direz-vous ? Je pense qu'à ma place vous n'auriez pas vous non plus le courage d'aller lui parler de ce genre de sujets. Je gardais donc tout pour moi et parfois je me disais que toute cette souffrance et cette douleur que je gardais pour moi me mèneraient un jour à ma perte. Comment ne pas sombrer dans la dépression d'un moment à l'autre avec tout ce que j'avais dans ma tête ?
Vous vous demandez sans doute ce qui était à l'origine de mon mal être et peut-être même que vous penserez que cela n'en vaut pas la peine et je vous répondrai sans aucune hésitation que j'avais mes raisons.
J'étais allongée sur mon lit conjugal avec entre mes mains mon téléphone portable rempli de photos de mon époux que l'on m'avait envoyé hier tard dans la nuit. Il était tout nu avec à ses côtés une femme que je n'avais jamais rencontré de mon existence. Sans doute, était-ce celle qui m'avait envoyé les images. Comment est-ce qu'elle avait fait ? Par quel moyen était-elle arrivée à ses fins je ne saurai vous le dire car moi même je me posai les mêmes questions depuis hier.Comme tous les samedis j'avais préparé le repas du soir pour la famille. Mais cette fois ci le cœur n'y était point. Je me sentais détruite, trahie, bouleversée par ce que j'avais vu. Il était clair que je ne lui suffisais pas à Cheikh, et peut-être même que cela n'avait jamais été le cas, qui sait. Qu'est-ce qui me garantissait qu'il ne me trompait pas depuis bien plus longtemps que je ne l'imaginais. Comme une idiote je ne m'en étais sans doute pas rendue compte dès le début. Aujourd'hui j'étais en mesure de comprendre ces familles détruites par un père infidèle, ces épouses dont la dignité avait été bafouée par un homme qui n'avait pas su contrôler le dessous de sa ceinture. D'éternels insatisfaits dirai-je car l'homme est à la recherche perpétuelle de nouveauté, il aime découvrir, humer le parfum du changement. Et quand maintenant il se lasse de ce nectar qui autrefois l'avait attiré tel une abeille devant une fleur, il s'en va vers d'autres cieux à la quête d'autres horizons . Et c'est dans cette atmosphère peu propice à la joie et à la gaieté que vivent des enfants et leur mère, meurtris par l'absence d'une figure paternelle à leur côté.
Ces hommes pensent-ils à ce que cela peut faire de vivre dans cette situation chaque jour ? À la manière dont on se sent chaque fois que l'on ne retrouve pas à côté de soi cette main qui jadis nous rassurait la nuit. Cette main qui nous servait de support quand on se réveillait d'un mauvais rêve. Au début cela pouvait ne pas être bien visible, assez subtil d'ailleurs, les réunions commençaient à se multiplier au bureau, le temps à se faire denrée rare. Par la suite, l'époux infidèle commençait à rentrer plus tard que d'habitude avec mille et un prétexte et l'épouse attentive arrivait à déceler l'effluve qui lui caressait les narines quand elle devait amener le linge, et quand on avait atteint un certain stade, il pouvait s'agir d'une tâche de rouge à lèvres sur le col de la chemise ou même d'une cravate mal nouée à son retour du travail. Personnellement je n'avais pas été sujette à cela, du moins je ne le pensai pas, tout ce qui m'importait c'était comment j'avais fait pour être aussi dupe au point de me faire rouler dans la farine comme tel.
Je repensai à toutes ces femmes qui vivraient ce calvaire, jour et nuit en silence.
L'épouse souffrait certes, docile et muette comme une carpe, et d'ailleurs à qui pouvait-on parler de l'infidélité de son conjoint sans risquer de dévoiler sa vie privée et par la même occasion de se faire dénigrer ?
A côté il y avait également la progéniture, celle qui évoluait avec pour seul parent une mère qui jouait deux rôles à la fois. Cette dernière à qui on montrait le bulletin de notes, celle à qui on parlait des mésaventures de la vie de tous les jours, celle qui derrière son sourire ou parfois son rire jaune se cachait une tristesse et une mélancolie profonde, un souvenir nostalgique de ce que serait ce moment unique si toute la famille était réunie...
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Rêves d'un époux parfait
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