Trop c'est Trop

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Le pénis à la verticale, il pensait.
Combien de fois s'était t-il retrouvé dans cette situation?

Il ne le savait plus.
Combien aurait-il donné pour qu'une belle jeune fille soit là, à ses côtés?

Sûrement beaucoup. Pourtant, c'était chaque jour pareil. La particularité de sa situation, le troublait, l'angoissait.

Pourquoi ? S'était-il souvent demandé? Quand ? Il n'en savait rien.

Son membre semblait viser le plafond, avide d'un endroit chaud et humide où se nicher mais fini par se recoucher l'estomac plein, rempli de son venin blanchâtre qu'il ne crachait jamais, redevenu flasque et tout mou.

C'était la fois de trop pensa-t-il, il avait été trop patient, il avait trop attendu.

Combien de fois s'était-il dit attendons un peu, patientons encore un moment, il y a des choses beaucoup plus importantes ou la vie ce n'est pas que le sexe?

Il se rendait compte à présent que toutes ces raisons n'étaient que des leurres pour encourager son inaction.

Il en avait assez. Ce laxisme avait fini par le lasser, ses désirs secrets à présent remontaient et il n'avait personne avec qui les partager.

Au niveau de la sexualité, il était au point mort. À présent, il lui fallait du vrai, du palpable et du jouissif.

Que lui manquait t-il ? Il était beau et il le savait, combien de personnes le lui disaient de temps en temps, il ne comptait plus.

Un jour, quelqu'un lui avait fait l'un des plus beaux compliments qui soient:
- monsieur Unknown, vous êtes beau comme une femme
Le sourire aux lèvres, il avait répondu
- merci Madame.

En plus, il avait une situation stable. À 25 ans, il était titulaire d'une maîtrise en droit doublée d'un brevet de technicien supérieur en ressources humaines et travaillait dans la plus grande succursale d'une entreprise étrangère chargé du transit aérien de matières premières dans le monde entier.

L'entreprise principale se trouvait à New York aux États-Unis et Unk était le conseiller juridique de la branche d'Abidjan, capitale de la Côte d'Ivoire.

Cette ville portait le surnom de perle des lagunes ou perle des ordures, selon l'endroit dans lequel on se trouvait car si dans certains endroits on se croyait presqu'à Manhattan, dans d'autres, on s'imaginait à Soweto.

Il travaillait depuis une année et vivait à Marcory, commune chic et animée située de l'autre côté de la lagune Ebrié.

Il vivait au troisième étage d'un appartement de luxe avec 2 chambres, un salon, une salle à manger, une cuisine, une salle de bain et des latrines. Le salon était peint en jaune et or, des tableaux et des citations, encadrées et écrites par lui-même étaient accrochées au mur.

Sa préférée mentionnait:<<la traque d'une femme est une espèce de désir qui passe par le cœur et monte à la tête, redescends, traversant le corps en étant changée en pulsions aiguillonnées par l'envie farouche de la posséder.>>

Son mobilier était à base de bois de cèdre du Liban, fraîchement vernis et brillait de milles feux. Tout était impeccable et bien disposé, chaque objet était méticuleusement rangé à sa place. Des couverts dans la salle à manger en passant par la disposition des fauteuils, rien n'était de travers.

D'ailleurs sur le mur, une autre citation disait: <<la séduction naît du détail, du particulier ; le geste qu'il faut, l'attention du moment est hautement importante.>>

Sa salle de bain était son antre, son repère, l'endroit où il laissait exploser son "selfishness".

Soigneusement lavée, elle inspirait un bon bain.

Un miroir immense était accroché au mur car Unk ne manquait jamais de s'admirer en se lavant.

Le mètre 80, la barbe rasée en couronne, la forme d'un boxeur, muscles et abdominaux bien dessinés, de petits yeux, un nez africain, des lèvres rosées qu'il ne manquait pas de sucer, un petit menton coupé en son milieu, des cuisses, des mollets, et des jambes imposants, des paumes à la frontière entre mollesse et fermeté, des doigts rappelant ceux des gynécologues (ndlr affûtés et précis) et pour teint, la couleur d'une pièce de 25 francs CFA.

Chaque fois qu'il y entrait, il s'admirait, se contemplait, s'appréciait et ne manquait pas de se comparer aux autres hommes.

Si parfait siégait aux hommes, il se l'aurait approprié tant il était narcissique, fier et avait un ego surdimensionné.

Tout en lui lui plaisait, son physique et son intellect, sa façon de rire ou de former ses lettres, son caractère ou ses fossettes, sa démarche ou son regard, il s'adorait presque.

Dans son esprit, il était le plus brillant de tous, le plus séduisant et le plus digne d'intérêt. Dans sa tête, personne n'avait plus de charme, sa confiance en lui-même était hors du commun, sa fierté était mythique et son attraction mystique.

Alors pourquoi, vous demandez vous sans doute, est-il seul, célibataire, et sans aucun type de relation homme-femme à son âge?

La réponse est qu'il a eu dans sa vie une... Je ne vous le dirai certainement pas maintenant, passons donc !

Sa salle à manger était d'une couleur orangée gourmande, la cuisine bien équipée était peinte avec du jaune poussin, des motifs d'indigo et de beaux cadrans représentant des plats qu'il avait lui même confectionné.

La chambre d'un bleu nuit était spacieuse, grande, un lit de deux places en son milieu, le chevet entièrement recouvert par un miroir, un écran plat de cinquante deux pouces accroché au mur, des lampes importées d'Italie et un bureau tout au fond.

Fan de littérature, on pouvait trouver les livres qu'il n'avait pas encore achevés sur sa table de nuit, la page pliée en guise de repère.

Il lisait de tout, des bandes dessinées au encyclopédies, des nouvelles aux revues potins, des romans policiers aux poèmes contemporains et des pièces shakespeariennes aux expériences sadomasochistes.

Il était lui même un fan de sa chambre, de son aspect bleuté et de sa déco assez personnalisée, de son doux parfum d'oranger, de son lit aux coussins moelleux et de l'impeccabilité du rangement.

Il se disait en cet instant précis en lui même: «trop c'est trop, cette pièce mérite de l'action !!! »

Du poison dans l'antidoteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant