Du poison dans l'antidote

La Résurrection

Couché sur son lit, il fixait encore le plafond quand son téléphone vibra ; un message venait de lui parvenir.

Il le lut. Son meilleur ami lui demandait quel serait son programme pour la soirée.

Il n'en avait aucun. Ce samedi soir, comme tous les autres, il dinerait seul avant de descendre flâner dans la rue.

Il contemplerait des jeunes hommes ivres morts étendus près de caniveaux dégageant des odeurs pestilentielles ou encore le spectacle de jeunes femmes à peine habillées, ventres et cuisses dehors, emmaillotées dans des vêtements cachant à peine leur nudité.

Il aurait marché une centaine de mètres, riant intérieurement de cette "belle" dépravation des moeurs. Il n'était pas saint, il le savait, mais préférait être discret car se disait-il, "l'anonymat est la meilleure des publicités".

Que repondrait-il ? Qu'il était disponible. Il voulait sortir, en plus avec Laugh la soirée serait forcément intéressante, il était marrant et intelligent, en plus lui et Unk formaient la paire parfaite, les deux faces de la même pièce.

Il répondit à son message:
-Aucun problème pour ce soir bro, quel est le plan ?
-Le classique, bouffe party dans notre coin pas loin de la pâtisserie Abidjanaise et ballade dans tout Abidjan en écoutant du Maître Gims à fond dans la voiture.

Bien sûr, c'est toi qui conduit Unk, répondit Laugh.
Unk réfléchissait...  Il avait envie de sortir mais la soirée que lui proposait Laugh lui paraissait d'une trop grande banalité.

Comme il l'avait dit plus tôt, il lui fallait du hot, du sensuel, du jouissif et la soirée "bouffe party featuring ballade" serait mieux passée hier, aujourd'hui non.

Il voulait être franc, il lui dit donc:
- Tu n'aurais rien de plus épicé à me proposer ?
Laugh rectifia le tir. Il écrivit:
- Bouffe party maintenue, seulement après, nous irons dans un Night Club, je te laisse choisir lequel.

Il serait temps que nous passions enfin nos licences en sexualité.

- Parfait repris Unk en plus de l'ajout d'un emoji qui se tordait de rire. Ce soir, vingt heures, je passe te prendre chez toi.
- Aucun souci. Conclut Laugh.
Leur complicité venait encore de se démontrer. Rapidement, Laugh avait compris ce qui le gênait et avait proposé un truc plus alléchant.

Unk souriait, pensant à cette soirée peu ordinaire qui l'attendait. Il vérifia son horloge, elle marquait seize heures passées de trois minutes.

N'ayant eut pour seul repas que son petit déjeuner le matin, il eut subitement faim. Il avait de quoi faire à manger dans la cuisine mais voulait juste avaler un truc vite fait.

Il passa en revue tout ce qu'il pouvait acheter à cette heure quand une image fit irruption dans son esprit ; "l'alloko" , ce légendaire met ivoirien.

De la banane plantain mûre, découpée en rondelles et frite à l'huile de palme. L'avantage était qu'on pouvait lui associer du poisson frit ou braisé, des boulettes de viande, de savoureux morceaux de poulet ou des oeufs.

Il quitta le lit. Pour seul vêtement, il avait un boxeur bleu nuit autour de la taille.

Il baissa la température de la pièce jusqu'à dix sept degrés puis enfila un débardeur blanc au dessus d'un jogging griffé de la marque Nike de couleur gris foncé.

Il sortit de la chambre en laissant la porte fermée, jeta un coup d'oeil rapide au salon, s'assura de prendre son portefeuille et sortit de la maison.

À peine dehors, il entendit un bruit semblable à de l'eau qui coule. Il semblait provenir de l'habitation voisine et le liquide avait l'air de couler sans interruption.