Chapitre 4

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Chap. 4

Le lendemain, le réveil sonna 6h30. Nina ouvrit les yeux avec peine. Ils la brûlaient tant ils étaient secs - dû au fait qu'elle avait passé la majorité de la nuit à pleurer. La jeune fille se remémora le rendez-vous de la veille et de petites vaguelettes commencèrent à brouiller sa vue. Elle refusa de se laisser comme manipuler par cette situation et se prépara pour aller en cours, même si l'envie lui manquait.
Cinq pas, dix pas, trente-cinq pas. La Sans-Visage avance dans la rue. Personne ne la voit. Personne ne l'entend. Elle amène juste des problèmes, elle détruit tout sur son passage avec la force d'un ouragan. C'est comme cela qu'elle voyait sa vie. Elle était juste un fantôme, qui errait sur cette Terre hantée de démons, sans savoir où poser les pieds.
À force de rester fixée sur ses pensées, elle ne remarqua même pas qu'elle était arrivée devant son collège, et les autres non plus, ne l'avait pas remarquée. Des amies la hélèrent, elle s'avança jusqu'à elles.《 Ne montre rien Nina, ne craque pas, sois aussi forte que ces mois-passés, je t'en prie... 》
L'adolescente appelait cela de la force, mais en vérité cela se nomme du mensonge... Mais au final pourquoi mentir ? Que pourrait bien dire ses meilleures amies ? La jeune fille savait que quoi qu'il arrive, personne ne comprendrait jamais tout ce qui se passait depuis des mois dans sa tête et ce qui s'était passé il y a un moment.
Nina cogita toute la matinée, car en plus d'être au plus mal, il fallait qu'aujourd'hui elle ait à nouveau un cours de sport !
- Ce genre de merde n'arrive qu'à moi ! s'énerva-t-elle tout haut, ce qui fit réagir Milena, assise en classe à côté d'elle.
- Oulah, qu'est ce qu'il y a ma belle ? Quelque chose ne va pas ? demanda la jolie blonde.
- Milena, Nina, ARRÊTEZ DE BAVARDER ! cria la professeur de français en tapant du poing sur le pupitre.
Les dernières minutes passèrent, en silence, malgré le bruit des pensées de Nina. Elle n'arriva pas une seconde à se concentrer sur le cours ennuyant, inintéressant, présenté par une enseignante qu'elle n'appréciait guère. Puis, enfin, ils se dirigèrent tous vers la salle de gym, après avoir entendu le tintement aigu qui annonçait la fin de la période. Elle se dirigea d'un pas las vers les vestiaires, se changea, pris son agenda et alla rejoindre les autres filles assises en cercle devant Yann. (Les filles étaients séparées des garçons pour le sport, ce qui accentuait le malaise de Nina face à son professeur.)
Leurs regards se croisèrent et il lui sourit, chaleureusement. Elle détourna les yeux et s'assit. Pendant toute la durée du cours, la Sans-Visage sentait sa nuque qui chauffait, lui informant que quelqu'un la regardait. Et elle savait de qui il s'agissait. Ce regard sur son corps la faisait se sentir vivante un instant, depuis des mois, alors que plus rien ne vivait sous sa carapace. Évidemment que cela lui procurait du plaisir qu'il la regarde, l'observe, l'analyse, elle n'allait pas dire le contraire.
L'adolescente attendait patiemment derrière les filles qui la devançaient pour serrer la main du professeur. Nina détestait ce moment-là pour deux raisons : c'était un au revoir et elle devait le regarder dans les yeux, le toucher. Et vu la puissance de ces deux dernières choses, il y a de quoi craindre cet instant.
Son tour finit par arriver, elle tendit la main est releva timidement les yeux. Encore. Ce courant comme électrique la traversa. Sans doute appelle-t-on cela l'amour, cette sensation de chaleur qui se diffuse dans notre corps, cette sorte d'euphorie qui nous prend aux tripes.
La brune s'en alla, la tête haute, de sorte à lui prouver que cette histoire ne l'atteignait pas le moins du monde. Et dans son dos elle l'entendit sourire.
Après les cours, la jeune fille se rendit à son entretien psy. Elle avait débuté ce suivi indispensable il y a environ un mois, sous pression de ses parents. Durant toute la séance elle n'aligna que trois mots, toutes ses pensées n'étant dirigées que sur une chose bien précise. C'est tout de même incroyable comme quelqu'un peut devenir votre seule et unique occupation. À vrai dire, cette psychiatre ne lui était pas d'une très grande aide, mis à part pour la médication qu'elle avait mise en place : les anti-dépresseurs commençaient gentiment à faire effet sur son moral. Effectivement, Nina avait été diagnostiquée dépressive, et pour cette fille intelligente, cela avait été un véritable choc. Dépressive rime souvent avec déséquilibrée dans la société actuelle, malheureusement. Ce ne sont que des foutaises.
Sortie de ce rendez-vous, Nina se rendit chez elle. Elle reçut un message dès que son natel samsung se connecta au wifi de la maison. L'adolescente, revigaurée par la douce lumière du soleil, enfila sa main dans la poche de son pantalon et sortit prestement son smartphone. Il n'était quasiment pas rayé : elle l'avait depuis ses quatorze ans seulement, car ses parents refusaient qu'elle, son petit frère et sa grande sœur ait un natel avant leur quatorzième anniversaire.
Ses yeux marron s'ouvrirent tout grands, elle s'assit, sa tête lui tournant légèrement.
Ce message ne pouvait venir que d'une personne : 《 Nina ? C'est moi. 》

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