Mon Double {Terminée}

Maintenant (1)

  Je me réveille dans ma chambre, les yeux gonflés par les pleurs. Les événements du lendemain me revinrent petit à petit en tête et une longue crise de larmes s'ensuit. Je n'arrive plus à me calmer, je suis prise de spasme, en transe. Le genre de crise qui arrive une ou deux fois dans une vie et que l'on oublie jamais. Je tente d'attraper la fameuse cloche pour me délivrer mais une pensée m'en empêche :

"Je suis stupide et pitoyable. Obligée de se morfondre avec de la morphine pour se supporter... Pitoyable."

  Effectivement, je suis stupide, stupide et pitoyable. Alors moi aussi, je suis malade. Moi aussi, j'ai inquiété par ma famille et moi aussi, je suis comme ses adolescents qui hantent les murs de cet enfer recouvert en blanc. 

  Je sens un mouvement dans mon dos et je sursaute. Je me tourne vers la porte, effrayée de découvrir encore les traits de Cara. Mais reviendrait-elle ? 

  Je souffle en voyant Luce s'asseoir près de moi sur le lit. Il caresse doucement mon épaule et mes spasmes se calment un petit peu. 

— Tu utilises tes pouvoirs sur moi ? dis-je entre deux sanglots. 

— Non Cara, je ne veux pas que tu prennes une mauvaise décision à cause de ça. C'est toujours dure de s'en rendre compte, mais tu dois faire ce bout de chemin toute seule. 

— Je la vois comme je te vois, Luce... 

— Le cerveau est incroyablement malin pour nous faire voir des choses irréelles. Elle est là ? Je veux dire là maintenant, tu la vois ? 

— Non... De ce que j'ai pu comprendre elle vient lorsqu'il y a des miroirs et le petit miroir de poche... je ne sais pas où il est... 

— Parfois en l'apprenant les symptômes changent c'est pour ça que je te pose la question. Peut-être que tu la verras d'une autre façon maintenant qui sait. Ou pas ! s'exclame-t-il en voyant la grimace que je fais. Veux-tu que j'enlève le miroir de la pièce ? 

— Oui s'il te plaît. Je ne veux pas la voir. Je ne veux plus la voir... Elle me fait si peur maintenant. 

— Il ne faut pas que tu en ai peur, surtout pas. Rappelle-toi, c'est toi qui contrôle le corps. C'est toi qui contrôle la pensée, la vie et les actions. Ne la laisse pas prendre le dessus. Vous n'aurez sans doute plus la même relation mais essaye à ce qu'elle ne devienne pas négative. 

  Je hoche la tête, me sentant accablé d'un poids que je n'avais absolument pas demandé. 

— Je peux te poser des questions sur Cara s'il te plaît ? 

  Nouveau hochement de tête. Peut-être que ça m'aidera à y voir plus clair.

— Cara tu l'as rencontré à une soirée ? 

— Oui.

— Tu étais bourrée ?

— Oui...

— Et elle t'a beaucoup plu ?

— Oui...

— Tu te déteste ?

— Je ne me....

— Sincèrement...

— Oui...

— Les médecins ont une théorie et ils m'en ont fait part. Ils pensent que ton cerveau a compris que tu étais au fond du trou, alors il a fait en sorte que tu te sentes mieux en passant par l'amour propre. Ton reflet, c'est toi. Cara, c'est toi. Et tu l'aimes. Et maintenant, grâce à elle, tu t'aimes. Mais elle a prit de plus en plus d'importance, passant du simple reflet à une amie imaginaire. À ta meilleure amie. Ton imagination est sans borne, créant une âme à partir de rien puisque celle-ci te tourmente et peu prendre le dessus même sur toi. C'est comme si tu avais créer ton propre fantôme.