Un nouveau départ

43 5 9
                                    

Je garde tout de même le sourire en appuyant sur le bouton d la caméra, puis, mon visage s'affaisse. Le masque tombe révélant les cernes de ma nuit trop courte. Je lui rabats le clapet et la range dans mon sac à dos avec mes dernières affaires propres et le porte-feuilles, volé à mes parents.
Il fait frais dehors et les arbres recommencent à fleurir.

Une journée parfaite pour mourrir...

Je remonte mon écharpe jusqu'au nez pour cacher les rougeurs que le froid provoque sur mon visage et continue ma marche rapide qui mène jusqu'à chez moi.
Les rues, vides de tout passant, font résonner mes pas claquants sur les pavés de pierre jonchant le chemin.
Un fois dans ma rue, je me pose sur les marches accédants aux petites maisons voisines à la mienne mais néanmoins assez éloignées de cette dernière.
J'attends, j'attends que mes parents sortent de l'appartement, ce qui se passe sans longue attente.
Mes lèvres moment un «Au revoir» alors qu'ils ne disparaisse ai coin de la rue.

En grêlotant, je manque plusieurs fois la serrure mais finis par entrer dans ma future ancienne demeure.
Mes jambes me guident toutes seules à ma chambre où je m'en sur mon lit.

- Adieu petit lit douillet, tu m'auras bien servi!

Je tourne ensuite dans toutes les pièces et pose la caméra ainsi que l'adresse de l'hôtel sur la table de la cuisine.
Un dernier adieu à la maison, ma chambre, comme le dernier au revoir sous-entendu que j'ai prononcé hier à mes parents en quittant l'appartement.
Mes doigts frôlent tout ce qui passe à leur portée, comme si je voulais m'imprimer l'architecture de la maison dans le cerveau.
L'heure passe vite et je dois déjà quitter l'endroit qui m'avait hébergé toute mon enfance.
Je ressens soudain un vif pincement au cœur et vais dans la chambre de mes parents, déposer un me marque de rouge à lèvres sur leur oreiller respectif.

Le soir est arrivé et, avec lui, un froid encore plus rude. Les lumières s'allument unes à unes dans les rues sombres. La lune se dessine en bas de l'avenue que je descends doucement, sans un mot. De toutes façon à qui pourrais-je parler ?! Je suis seule...
Une fois devant l'hôtel, je prends une dernière grande inspiration de cet air glacial. J'inspire si fort que ma gorge me brûle et je commence à tousser.

- Qu'elle chambre?

La dame de l'accueil m'adresse un grand sourire en me scrutant de ses yeux verts.

- Je... La n°26.

- Vous allez bien mademoiselle ? dit-elle en tendant la main afin que j'y dépose ma carte d'identité. Vous êtes toute pâle.

- Très bien, ne vous inquiétez pas.

Son doigt parcours sa feuille où une liste de noms est inscrite.
Elle s'arrête à une ligne et la déchiffre avant de revenir à moi.

- Camille Barceau, signez là s'il vous plaît.

Elle me tend la feuille et m'indique la case où je dois signer, puis,d'un mouvement de tête, que je peux disposer.
Une dois les escaliers gravis, je fais face à ma porte que j'ouvre rapidement: imaginez que vous êtes dans le couloir d'un hôtel et vous vous retrouvez face à une fille qui reste plantée devant une chambre. Vous la trouveriez bizarre, voir flippante...
Pourtant c'est ce que j'avais envie de faire.
Pénétrer dans cette chambre me fais frissonner.
De peur ou de soulagement ?
De soulagement je pense.
Avec une pointe d'angoisse peut-être...
J'enlève mon manteau, mon écharpe et mes gants, ainsi que mes chaussures usées.
Le parquet grince, rajoutant une note sinistre à l'ambiance. Je tente alors de chanter quelques mélodies incertaines, puis sors mon téléphone pour lancer ma playlist favorite :
"Hisaishi musique"
J'adore ce compositeur, c'est celui qui a fait la bande son de la plupart des films Miyasaki.
Il me fait ressentir toutes les émotions de ses morceaux.
Pendant que les notes s'enchaînent, je vais trouver dans mon sac le porte-monnaie, un ticket pour une place de concert et la boîte de somnifères puissants chipée dans la pharmacie du coin.

Premièrement, tout en effectuant des petits pas de danse, je prends un papier pour écrire le mot suivant:

" Pour la place de concert, trouvez quelqu'un d'autre à qui ça fera plaisir, bisous... „

Je raille finalement les points de suspension, trop dépressifs.

Je saisis ensuite le porte-monnaie et le met bien en évidence sur la table, avec le ticket et le mot. C'est à ce moment que mon téléphone vibre, c'est mon père qui m'envoie ce message:

"Ma chérie, si tu reçois ce message, répond. Ta mère et moi venons de sortir du commissariat, qu'il te plaît."

C'est le moment....

Je prends la boite de médicaments et me rends dans la salle de bain. Par où commencer, comment procéder?

Tout d'abord, je change mes habits, revêtant la robe offerte par ma tante à Noël, elle est vraiment sublime et je m'y suis beaucoup attachée. Je tiens a soigner ma mort, après tout, ça n'arrivera qu'une fois dans ma vie.

Je crois que cinq cachets vont suffire. Une fois en tenue, j'avale les comprimés d'une traite, avec un verre d'eau fraiche. Je tiens à finir dans l'eau, c'est mon élément préféré.

des tournis m'assaillent alors que je referme le robinetet mes yeuxpapillonnent.

Je mets un pieds, puis deux dans l'eau et m'asseois, attendant encore le sommeil qui m'attire petit à petit. Un dernier regard dans le miroir où mon visage se réfléchit, totalement détendu. Je suis sans remords, je ne regrette pas, je suis là parce que je le veux, pas parce que l'on m'y à obligé.
Je n'ai pas peur.
Je laisse mes cheveux toucher la surface du liquide avant d'y plonger la tête, m'endormant si profondément que je ne pourrais pas remonter à la surface. Je vais aller ailleurs.
Un monde où les rêves les plus fous se réalisent.
Ou alors un monde sans monde.
Peut-être même le vide...

Mais je m'en fiche car, pour la première fois de ma vie, je me sens apaisée. Et ce pour toujours.

Je ne me réveillerai pas,

Je dis au revoir,

J'entends encore un peu de musique,

Je m'en vais.



Un dernier mot pour vousOù les histoires vivent. Découvrez maintenant