3. Gréco-romaine

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La porte se referme sur la sœur partie, Kate s'essuie les mains à un torchon. Je me lance :

¬ Tu ne m'as pas invitée pour me présenter Joan tout de même ?

¬ Pourquoi ? Elle ne te plait pas ?

¬ Si, si, elle est ... très intéressante. Mais j'espérais avoir à faire à une femme plus... charmante.

Elle sourit en s'approchant.

¬ Et moi, tu me trouves assez charmante pour m'embrasser aujourd'hui ?

Je fais mine de réfléchir en la dévisageant. Son regard est à la fois provocateur et timide.

¬ Je crois, oui.

Ces simples mots déclenchent l'action.

Elle prend ma main, m'entraîne dans un couloir, me fait franchir une porte, la referme derrière nous et s'y adosse, serrant ma main un peu plus fort, seul contact entre nos corps pourtant proches.

Tout s'est immobilisé. Je plonge dans ses yeux pour déchiffrer ce qu'elle attend de moi.

Il me semble y lire de la peur. Je ne bouge pas.

J'élargis mon champ de vision : sa bouche est entrouverte, sa poitrine animée d'amples respirations, les doigts de sa main libre jouant nerveusement avec une mèche de ses cheveux bouclés.

Je me dis que j'interprète mal son regard, il n'y a pas de doute sur ce qu'elle veut, mais le sait-elle ? Il faut que je m'en assure avant d'entreprendre quoi que ce soit.

¬ Tu ne veux pas me dire pourquoi tu m'as invitée ?

Elle semble avoir perdu l'usage de la parole et seul un faible « Non » franchit ses lèvres.

Elle lâche ma main, et je crains d'avoir rompu le charme de l'instant.

Je suis rapidement rassurée quand je la vois déboutonner le bouton supérieur de son chemisier et enchaîner avec le suivant. Nos regards sont toujours happés l'un par l'autre et ne se quittent pas, mais ses mouvements sont perceptibles, d'autant que dans le processus le dos de ses mains effleure ma propre chemise. Je ressens une chaleur irradier du point de friction, et ce sans même que nos peaux ne soient en contact. C'est effrayant. D'ailleurs, je suis paralysée, mon cerveau incapable de commander le moindre geste, mon attention entière captée par l'observation de ses yeux et la sensation de ses doigts progressant entre nos corps, vers le bas.

Seuls mes muscles respiratoires se manifestent, soulevant largement ma poitrine. Quand elle ferme les yeux, je réalise que mon souffle a dû être perceptible sur son visage, comme le sien l'est sur le mien.

Je profite de cette rupture de notre observation réciproque pour incliner ma tête vers le bas. Je la vois dégrafer une ceinture, ouvrir un bouton, faire glisser une braguette. Elle écarte les pans de son pantalon.

Il n'y a plus de doute sur ses intentions ni ses attentes, mais je n'ai toujours pas bougé lorsqu'elle reprend ma main qu'elle avait délaissée plus tôt. Elle la soulève, la regarde, joue avec les doigts, l'amène à hauteur de son cou et l'y pose sans la lâcher, puis la dirige entre ses seins, poursuit la chute et stoppe sur son estomac.

Elle attend que je relaie le mouvement, et m'interroge des prunelles sur mon immobilité. Stupéfaite de son audace, je ne peux qu'émettre un léger sourire pour à la fois rassurer et consentir.

Elle agrippe ma nuque et m'attire vers elle, avec la brutalité de l'urgence. Elle incline la tête aussi brusquement et colle mes lèvres aux siennes.

Cul d'artichautWhere stories live. Discover now