II

13 0 0
                                    

La boule de lumière qui enveloppait les explorateurs s'était dissipée dans l'espace de la salle. Les parois qui ne l'avaient jusque-là que reflétées, semblaient maintenant l'amplifier.

Les contours de la pièce et les objets qu'elle renfermait se faisait de plus en plus distincts. Tout d'abord des masses sombres émergèrent des ténèbres, éparpillées sur toute la surface entourant une ombre gigantesque mais pour le moins immobile. Cette dernière apparaissait d'une taille comparable à celle des remparts de Markaz, la capitale du royaume.

L'opacité continuait de perdre d'intensité. Les formes se faisaient plus nettes, plus colorées.

L'horreur put se lire sur les visagesand les aventuriers reconnurent les corps de leurs camarades, noirs, carbonisés, mais déjà recouverts d'un fin manteau de gel. D'autres cadavres traînaient çà et là, déchiquetés, broyés et ramenés à de simples tas de chairs et d'os. Des animaux, ou ce qu'il en restait, gisaient à coté de leur maître ou dans quelques cavités apparemment inaccessibles mais qui leurs avaient servis de cercueil. Un corps attira leur attention. Recroquevillé dans un coin, des armes à ses pieds, il regardait encore d'un œil gelé mais encore plein d'effrois la source de sa mort, la masse sombre.

Puis l'horreur céda sa place à la peur... Une peur atroce, mortelle...

Que disait-on au sujet de cette montagne ? Quelle légende effrayante courrait parmi les habitants de Burukan, la Ville de la Montagne Blanche ?

" Du fond de l'abîme elle s'est élevée,

Elle a fait surgir d'effrayants démons,

Sauvages et redoutables,

Ne laissant que désolation.

Des monstres de feu, de glace et de pierre,

Capables de raser les plus grands royaumes de la terre."

La lumière se fit dans les esprits des explorateurs : la masse sombre devant eux n'était autre qu'une de ces créatures dont les légendes faisaient mention, une de ces bêtes qu'il ne faut mieux pas déranger si l'on veut garder la vie sauve.

Le monstre semblait endormi, mais la prudence exigeait, et toute la raison avec, de filer au plus vite avant que l'odeur de la chair fraîche ne vienne lui chatouiller l'odorat. Le groupe commença donc sa retraite, oubliant par la même la froideur de la nuit et la tempête extérieur, tant ils souhaitaient fuir au plus vite. Ils reculaient avec attention, gardant toujours un œil sur le titan et veillant à ne pas produire le moindre bruit.

Tous les habitants de la région environnante connaissaient par cœur les caractéristiques de ces bêtes qu'étaient les dragons : des êtres maîtrisant la magie des éléments, au sens si aiguisés que même la chute d'une plume et son origine ne peut leur être dissimulées.

_______

Un grognement se fit entendre alors que les explorateurs étaient presque arrivés à l'entrée du tunnel. Ils se regardèrent les uns les autres, essayant de trouver l'origine du froissement qui aurait pu stimuler l'ouïe du monstre. Une éternité passa, à s'observer, à se scruter. Mais rien. La salle était entièrement silencieuse; seule la tempête se faisait entendre à l'extérieur, comme un bruit sourd et continu. Une question s'insinua dans les esprits : était-ce leur imagination qui leur avait joué un tour ? Etait-ce le vent en s'immisçant à travers les stalactites qui avait créé ce mirage ? Non, ils avaient bien entendu un grognement, certes étouffé, mais bien réel; un coup d'œil à ses camarades permettait de le confirmer. 

La masse sombre se mit soudain à bouger. Ce fut tout d'abord comme un frisson qui courut le long du lugubre rocher. Puis la pierre sembla se transformer, se déplier, se mouvoir dans un silence de mort. Tous les yeux étaient tournés vers cette effroyable vision.
La tête de la bête apparut d'à-côté de son flanc droit, immense, gigantesque et noire. Une corne se dressait au bout de son museau pointu comme celle d'un Rhyhn'Oceros. D'autres s'étiraient au niveau du cou tel une carapace. De chaque côté de cette tête aussi grosse qu'un chariot marchand, brillaient deux yeux d'un éclat aveuglant. Le monstre se dressa sur ses pattes et sembla vaciller un instant, comme si ses muscles s'étaient pétrifiés durant son sommeil.
Il sembla apercevoir à cet instant les explorateurs égarés, tremblant de peur. La bête sembla se figer lorsque ses sens détectèrent la présence des hommes à quelques mètres d'elle. Le temps s'arrêta l'espace d'un instant...Puis un grognement résonna dans toute la montagne...

Puis un grognement résonna dans toute la montagne

Oups ! Cette image n'est pas conforme à nos directives de contenu. Afin de continuer la publication, veuillez la retirer ou mettre en ligne une autre image.
Vous avez atteint le dernier des chapitres publiés.

⏰ Dernière mise à jour : Apr 04, 2022 ⏰

Ajoutez cette histoire à votre Bibliothèque pour être informé des nouveaux chapitres !

EssaiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant