Le rythme du tambourin résonnait dans tout mon corps. La mélodie de la chalemie enivrait mes mouvements, m'entraînant dans les différents pas à exécuter. Ensemble, ces deux instruments devenaient mon guide : l'un m'indiquait la démarche et la vitesse dans l'exécution de déplacements, l'autre m'apportait élégance et légèreté. Ils étaient mes deux compagnons de voyage à chaque représentation. Grâce à eux, je virevoltais, tourbillonnais, dansais, jonglais avec grâce et dignité, mais surtout avec joie.
Le métier de troubadour me permet de voyager dans tout le pays, allant de contrées en contrées, faisant des représentations dans fêtes ou sur des places les jours de marchés. Il arrive aussi que des seigneurs nous engagent pour animer de grands évènements et divertir leurs invités, dans leur château. Nous sommes alors logés et payés généreusement pendant un ou plusieurs jours selon la célébration qui amène notre présence.
Notre troupe est l'une des plus grandes du continent de Nadiriën : à l'origine, nous étions deux troupes familiales distinctes. Mais suite au mariage de mon oncle Robin avec une troubadourresse de l'autre troupe, nous nous sommes unis pour ne faire qu'une seule et même troupe. J'avais grandi dans cet univers de spectacle depuis toujours. J'avais tout appris auprès de ma famille. C'était Robin qui m'avait appris l'art de manier les bollas, les drapeaux et les bases de jonglage. Ombline, sa femme, m'avait enseigné la danse. Grâce à mes parents, qui sont musiciens, je savais aussi jouer de la frestel, un instrument à vent, et de la citole, un instrument semblable au luth.
Danser me procurait un bien immense. J'enchaînais les différents pas avec aisance, et je prenais plaisir à regarder les gens sourire en nous voyant. J'appréciais aussi aller les chercher dans la foule afin qu'ils nous suivent et qu'ils partagent quelques instants de la vie que nous vivons. Je connaissais plusieurs branles et autres danses traditionnelles. Mais ce que je préférais c'était jongler avec des bollas et des drapeaux. Je les faisais danser dans mes mains. Il y a beaucoup de grâce dans le maniement des drapeaux. Lorsque je les fais tourner, on a l'impression que ces morceaux de tissus volent autour de moi. Je suis alors dans ma bulle, dans mon monde à moi. Ma robe se déploie atour de moi. Les mèches rousses et or, qui s'échappent de mon voile, tranchent de leur couleur vive avec celui. Je ne vois plus que mes drapeaux colorés autour de moi, comme si des êtres surnaturels m'enveloppaient. Chaque instant, chaque mouvement est exécuté jusqu'au plus profond de mon âme. Je n'ai pas besoin de réfléchir où placer mes bras, comment incliner mes poignets pour réaliser chacune des figures apprises auprès de mon oncle.
J'avais partagé cet enseignement avec Léïna. Et ensemble, nous avions créé des figures à deux avec les bollas et les drapeaux, ce qui impressionnait toujours les paysans car cette technique est peu répandue dans les autres troupes itinérantes. Je jetais un coup d'œil à Léïna : son regard me confirma qu'elle était prête pour la prochaine figure, qui nous nécessitait de la précision. D'un coup sec, je stoppais la poursuite de mes bollas et les lançais dans un mouvement net du poignet en direction ma cousine ; exécutant un tour sur elles-mêmes, elles arrivèrent droits dans ses mains tandis que les siennes atterrirent dans les miennes. Le public applaudit vivement alors que nous enchaînions les autres figures de notre représentation, comme si de rien n'était, guidées par la musique que jouaient mes parents et Yselda, sa soeur.
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Alcalys - Tome 1: Le lac Ancestral
FantasyAprès la bataille de la Première Ere Noire, Zénithia, devenue terre de désespoir, A nouveau connaîtra paix et prospérité, Mais, un jour, de retour seront les âmes damnées. Un Enfant, marqué du phénix ardent, naîtra Et alors le compte à rebours comm...