Court Circuit

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Personnage Féminin :
Jeune Femme 35 ans. Passionnée de cuisine, un chef qui se cherche.
Femme de tête, épicurienne à la recherche de la sublimation du goût.
Elle souhaite avoir des réponses concernant un rêve et être guidée.

Incroyable, je me trouvais enfin à Gournet Fortune, la ville de la divination, en train d'attendre sous une pluie battante comme une groupie. Cette situation m'apparut absurde. Depuis quand avais-je besoin de consulter un voyant pour prendre des décisions. J'avais toujours été une femme indépendante, assez sûre d'elle d'ailleurs. Ma mère m'avait appelée «kilari», en Japonais Étoile, en souvenir d'une pluie d'étoile filante, le jour de ma naissance. On me trouvait plutôt jolie. J'étais menue et fine mais loin d'être filiforme. J'avoue que j'attirais souvent les regards, ce qui n'était pas pour me déplaire.

Cette longue file d'attente semblait interminable. Je constatais qu'elle était composée principalement de jeunes femmes. Je me mis à sourire en me disant que c'était une expérience comme une autre. J'attrapais au vol des bribes de conversation pour passer le temps. Elles étaient intarissables d'éloge. Non seulement, ce voyant était d'une précision chirurgicale mais il possédait un charisme fou. J'étais bien au milieu de groupie. Certaines d'entre elles attendaient depuis 2 jours. Mon dieu, deux jours d'attente et elles étaient devant moi. Aussi charismatique qu'il soit, même si c'était Apollon en personne, impossible que je perde mon temps de cette manière. Je me trouvais ridicule. Ma pensée se joignant à mon geste, dans un éclat de rire, je me retournais pour sortir précipitamment de cette file. La pluie brouillant mon regard, je me heurtais violemment à un jeune homme d'une stature impressionnante et trébuchais. J'essayais de me rattraper à la dernière minute, m'agrippant à son bras puis à sa main. A ma grande surprise, au lieu de m'aider, cet éphèbe me lâcha de manière assez rude. Je poursuivis ma chute inéluctablement pour atterrir lourdement sur mon postérieur, déchirant au passage ma jolie jupe. Parterre, les jambes écartés, ma jupe initialement légèrement fendue, était à présent complètement béante, retroussée laissant dépasser mes bas. Le tableau était parfaitement pittoresque, grotesque. J'étais là, offerte en plein milieu de ce trottoir devant une foule hilare. Mon maquillage avait coulé. Je devais ressembler à un panda travesti. Une grosse fatigue m'envahit, suivi d'une colère incompressible. Je regardais enfin le mufle qui m'avait percuté et m'avait laissé choir sans la moindre compassion.

A ma grande surprise, je m'aperçus qu'il était pétrifié. Ses joues empourprées, son regard paniqué, ses mains derrière son dos, tout son corps était crispé. Cependant toujours pas décidé à m'aider, il murmura ses excuses. Je finis par me relever seule en le regardant avec dédain droit dans les yeux. Je ne pus m'empêcher d'être happée par son regard mordoré, ourlé de grands cils. Ses pupilles étaient étrangement dilatées. Soudain, je repris mes esprits ayant perdu trop de temps avec ces bêtises. En soupirant, je lui répondis ironiquement que j'avais été impressionnée par sa grossièreté.
- Encore merci d'avoir précipité ma chute. J'imagine que vous êtes le genre de personne sur laquelle on peut compter, surtout si on veut se faire piétiner.
Sur ses mots, je décidais de tirer ma révérence.

De sa voix grave et suave, il me fit remarquer que mes coudes étaient écorchés et s'enquit de mon état général. Il me demanda, si j'étais en capacité de marcher, si  j'avais des troubles, si mes mains avaient des séquelles. Cette attitude contradictoire me troublait, je me sentais étrangement attirée. Impossible de se mentir, il était vraiment très beau. Sa voix rassurante et d'une douceur infinie résonnait comme une caresse. Ses traits fins et réguliers apportaient une harmonie à son visage, digne des plus belles sculptures antiques. De sa personne émanait une aura enveloppante d'une extrême sensualité. Ses lèvres légèrement charnues ressemblaient à un fruit juteux, particulièrement appétissant. Une envie de croquer dedans traversa mon esprit. Je me mordis les lèvres. D'un geste impulsif, je posais mon index sur sa bouche pour le faire taire mais surtout pour effleurer sa peau.
J'entendis soudain un murmure se propager autour de moi.
- Mon dieu, elle a touché Coco-sama.
Je le sentis tressaillir.
- Vous n'avez pas peur. Je suis un homme poison, vous savez.
- Vous êtes un homme poison, rien que ça! Et bien moi, je suis votre antidote. Avez-vous d'autres affabulations à partager?
Une des fans lança :
- Mais c'est Coco, un des quatre empereurs célestes. Mais elle vient d'où celle-là?
Je me retournais vers elle et lui répliquais :
- Je viens d'une région, où les gens se respectent et sont courtois. Où l'on n'attend pas un voyant comme une rock star pendant deux jours sous la pluie. Où, on s'entraide avec bienveillance. Enfin, vous avez compris, pas d'ici! Donc, c'est vous, Coco et vous êtes aussi voyant. Le voyant que je voulais voir. Eh bien! Tant pis! Bonjour, enchantée et au revoir à jamais.
Trempée, maintenant les pendants de ma jupe déchirée par décence, je m'éloignais en reculant tout en évitant son regard. Je fuyais inconsciemment, trop de signaux d'alerte résonnaient. J'étais fatalement subjuguée par cet homme sans comprendre pourquoi. Même son odeur musquée avait éveillé en moi un côté animal. A ce moment, je me sentais en proie à des pulsions incontrôlables. Partir, fuir au plus vite.
Je sentis alors sa main m'attraper le bras fermement. L'assemblée à côté de nous tressaillit. Il m'avait touché. Telle une décharge électrique, ce contact propagea une onde de choc dans tout mon corps.
- Vous ne pouvez pas partir, pas comme ça. J'ai vu des choses pour vous. Je dois vous en parler mais pas ici...

J'avais le souffle coupé. J'eus à peine le temps de réagir qu'un sifflement retentit dans les airs. Une énorme ombre s'abattit sur nous, éloignant la foule. Je vis alors un immense corbeau se poser à côté. Ni une, ni deux, il m'attrapa rapidement par la taille pour me porter et bondit sur cet oiseau géant. Tout s'était passé très vite. J'avais l'impression d'avoir subi un enlèvement. Mes membres étaient tétanisés, dans l'impossibilité de se débattre. J'entendis vaguement sa voix intimée ses consignes.
- Kiss, à la maison maintenant.
L'oiseau s'éleva dans le ciel. Je me trouvais assise entre ses jambes et blottie contre son cou. Naturellement mes bras entourèrent sa taille pour me rassurer. Je le sentis frémir. Mon tendre ravisseur m'enveloppa aussi de ses bras. Un moment en apesanteur, perdu au beau milieu d'un ciel cotonneux, bercé par une douce brise rafraichissante. Toute résistance s'était envolée. Je ne savais même pas où il m'amenait. Portée par un sentiment de plénitude que je n'avais jamais ressenti, je regardais des rayons d'or jaillir à travers les nuages, formant des colonnes de lumière. Je volais vers mon destin dans ce palais improvisé. Un instant d'éternité, où tout se fondait dans une délicieuse harmonie. Ce corps musclé, tendu tout contre moi véhiculait une chaleur envahissante. Plus de chaleur, j'en voulais plus, beaucoup plus.

Coco from Toriko "Sexual Healing" FROù les histoires vivent. Découvrez maintenant