Chapitre 2

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Le jour se lève. Haruna naviguait tranquillement sur son petit bâteau, elle n'avait ni dormi ni mangé du reste de la nuit, et son précédent cauchemar l'avait tant épuisée...

Tu n'en peux plus...

Allez Haruna, laisse toi faire...

La jeune femme secoua la tête et frappa ses joues, elle devait se ressaisir, et surtout prendre des forces. Elle s'arrêterait à la prochaine île. Son regard s'arrêta sur un navire au loin, pourrait-elle s'y glisser et subtiliser un peu de nourriture ? Non. Elle n'était pas une vulgaire voleuse, elle demandera poliment et s'ils refusent, elle les menacera. Plus le petit bâteau de Haruna se rapprochait du navire au loin, plus celle ci lui trouvait une forme étrange. Une forme de... poisson ?

Intriguée, la jeune femme se pencha pour regarder plus loin, en effet, le navire a des allures de poisson. Une inscription est gravée sur ce dernier.

"-<<Baratie>> ?"

Haruna arriva devant le bateau, ajusta ses cheveux et descendit de sa barque. Dans le bâteau, elle ouvrit ses yeux lorsqu'elle se rendit compte qu'il s'agissait d'un navire-restaurant. Des tables pleines de clients qui mangeaient à belles dents leurs plats à l'odeur divinement agréable se trouvaient dans la salle. Haruna avança un peu plus dedans, s'assied à une table et lu attentivement le menu.

Un homme blond vêtu d'un costard noir s'avança alors vers elle, une rose à la main et un air charmeur sur son visage.

"-Oh ! Mademoiselle, comment ne pas succomber devant une telle beauté, un tel charme, votre charme ! A votre simple vue je me sens défaillir, mon coeur s'emballe, et d'amour, je suis sur le point de mourir."

Haruna jeta un regard intrigué à l'étrange jeune homme, genoux à terre, en train de lui déclamer des mots doux. Que voulait-il ? C'est pas possible comme les hommes peuvent être gênants, pensait elle. Lorsqu'un homme l'aborde ou veut sa compagnie, ces derniers le font de façon très grossière, voire vulgaire, la jeune femme n'était donc absolument pas habituée à de telles avances (quoique ces dernière étaient plus qu'évidentes). Elle leva les yeux au ciel et repoussa le jeune homme.

"-Je suis désolée, mais je n'ai pas besoin de compagnie monsieur...

-Sanji, coq de première classe et votre humble serviteur, à votre-

--Oï ! Sanji ! Hurle alors une vieil homme dont la moustache est tressée. Arrête de draguer la clientèle et va servir les autres plats, les clients attendent !! Continue-t-il.

-Tch... Vieux schock ! Tu vois pas que je suis occupé ! C'est une cliente elle aussi ! Et en plus je suis pas serveur !"

Haruna était dépitée, ce que les hommes peuvent être compliqués, et en même temps si simples. Pourquoi celui ci se comportait-il ainsi envers elle ? Pourquoi n'était-il pas hostile ou menaçant à son égard ? Pourquoi était-il si excessivement gentleman ? Et surtout, dans quel but ? Avait-il conscience de son identité ? Voulait-il la tuer ? Beaucoup de questions subsistaient dans la tête de la jeune femme, sans réponse... enfin si, c'était même évident. Les hommes n'ont qu'un but après tout.

"-Ahem, reprit le blond, que désirez vous donc mademoiselle ? "

Haruna hésita longuement avant de lui répondre:

"-Ce que vous me conseillez.

-Oh très bien, je vous apporte votre repas dans quelque instants, à tout de suite my lady."

Haruna se contenta d'acquiescer tout en prenant soin d'éviter le regard du cuisinier avec qui un simple contact visuel la dérangeait.

Elle ne comprenais tout simplement pas la logique de cette homme, tout en se demandant la cause d'un intérêt et d'un questionnement si soudain à son sujet. Pourquoi cet homme la troublait-il autant ? Elle était pourtant habituée à ce type d'avances, non ? Pourquoi s'était-il comporté comme un parfait idiot ? Encore plus de questions auxquelles Haruna ne trouvait toujours aucune réponse, et cela l'irritait.

Soudain, un grand boum se fit entendre, le navire restaurant tangua dangereusement tandis que certains clients commencèrent à crier.

C'est la marine... ils sont surement là pour moi..., pensa la jeune femme, ennuyée à l'idée qu'elle doive commettre d'autres meurtres. Néanmoins, suite au choc, il ne se passa rien de plus. Rassurée, Haruna soupira et se cala contre le dossier de sa chaise. Elle ne baissa pas sa garde pour autant.

Plus tard, ledit Sanji revint vers la jeune femme, avec à la main un plateau surmonté d'une assiette de riz fumant, d'un verre de cocktail rose dégradé et d'une coupe pleine de fruits et de chantilly; sûrement le plus beau dessert qu'il lui fut donné de voir.

Épatée par l'odeur exquise qui émanait de ces plats, Haruna ouvrit grand ses yeux pourpres, ses joues rosirent; elle n'avait jamais rien senti d'aussi bon.

"-Votre repas, mademoiselle, fit Sanji en posant le plateau sur la table, son sempiternel air charmeur sur le visage, en espérant que cela vous plaise."

Haruna s'avança vers le plat, l'admira une seconde et en huma le parfum; elle n'avait rien à dire; ce plat est aussi beau qu'il a l'air bon.

La jeune femme se saisit une fourchette, prit un peu de riz dans ce couvert, la porta vers sa bouche, et avala une bouchée du riz servi par Sanji.

"-M... mademoiselle ? Quelque chose ne va pas ? N'est ce donc pas à votre goût ?"

Sanji assaillit la jeune tueuse de questions, désireux de savoir la raison de la venue de la larme venant de s'écouler le long de la joue opaline de la jeune femme.

En effet, cette dernière venait de goûter au plat le plus succulent qu'il lui fut donné de goûter. Un savant mélange d'herbes et d'épices, un riz cuit à la perfection, des fruits de mer salés et épicés relevant la sauce soja et le piment du riz, enfin bref, un bal de saveurs avait lieu dans sa bouche, et c'était ça qui l'avait émue au plus haut point, le fait de ressentir une once de bonheur.

Pourquoi ne pouvait-elle pas s'arrêter de pleurer ? Elle s'était juré de ne pas réitérer cet acte, du moins pas en public, et la voilà qui pleurait, discrètement certes, mais devant une trentaine de clients, devant ce cuisinier qu'elle ne connaissait qu'à peine. Pourquoi ? Elle n'en savait rien.

Lorsqu'elle releva enfin la tête de son assiette, son expression se fit moins fermée, plus perdue, plus douce. Elle put alors observer Sanji de plus près.

Un œil couvert par une mèche de cheveux blonds qui paraissait ô combien doux au toucher tandis que l'autre oeil, bleu comme le ciel et profond comme un océan, fixait Haruna d'un air inquiet. Sa peau paraissait douce, elle était plutôt pâle bien que rosée par endroits. Haruna peut aussi sentir l'odeur du blond; tabac, coriandre et fragrance florale, un mélange surprenant mais rassurant, une odeur que l'on voudrait sentir toute notre vie, à la fois tendre et protectrice.

Sanji portait bien les costumes noirs; la coupe ajustée et chic de la veste mêlée à la pureté et la simplicité d'une chemise bleue, lui allaient à ravir et renforçaient le côté gentleman du personnage.

Haruna aurait pu continuer à l'observer des heures durant, à décortiquer les moindres recoins du visage de ce jeune homme, à analyser ses moindres faits et gestes, à le comprendre, comprendre la façon dont il raisonnait, dont il vivait, sans pour autant savoir pourquoi elle le faisait.

"-Ne pleurez pas mademoiselle, vous êtes bien plus jolie lorsque vous souriez."

À ces mots, Haruna rougit, elle détourna le regard et s'excusa

"-Pardon mais je ne pleurais pas. Mais, je tiens juste à vous dire que je n'ai jamais connu de sensation plus agréable de toute ma vie."

SanjixOC: Des Cœurs et Des Éclairs [EN RÉÉCRITURE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant