Louis Antoine de SAINT-JUST (1767-1794)
Le coeur de l'homme est l'énigme du Sphinx ;
Si l'on pouvait avec les yeux du Linx,
De ses replis éclairer la souplesse,
L'oeil étonné, de maints hauts faits vantés
Démêlerait les ressorts effrontés
Dont un prestige a fardé la bassesse.
Ces Conquérans, sous les noms imposteurs
De liberté, de soutiens, de vengeurs,
A l'oeil surpris découvriraient peut-être
Un scélérat, honteux de le paraître ;
Ces Moines saints, les yeux en Paradis,
Décèleraient sous la haire souillée,
Un coeur brûlé de la soif des Houris,
Une âme sèche, à l'intrigue pliée,
Et l'Avarice, en Lazare habillée ;
L'homme puissant, dans son humilité,
Le vil ragoût d'une lâche fierté ;
Dans l'amitié, l'on verrait l'espérance ;
Et dans l'amour, non le tribut du coeur,
Mais le fardeau de son indifférence ;
Parfois dans l'un un grain de suffisance,
Parfois dans l'autre une jalouse humeur.
Homère a beau nous peindre dans Achille,
D'un bras fougueux le courage indompté,
Il était homme et fut resté tranquille,
Sans l'aiguillon d'un peu de vanité,
Sans Briséïs et la nécessité.
....................................
Dans la vertu l'audace se ranime,
Et la faiblesse est compagne du crime.
VOUS LISEZ
Poèmes
PoetryUn petit recueil de jolis mots, de petites phrases et de grands poèmes. Des poésies d'antan et des textes de maintenant. #558 dans Poésie