Ringard

Chapitre 1

   C'est un soir comme les autres, un soir sans lune ni soleil, qui annonce une nuit sans étoile. Comme tout les soirs, je marche, ou plutôt je traîne dans les rues. J'observe le ciel en dégradé de rouge et de noir. Les derniers rayons du soleil se réfugient derrière l'horizon, laissant de nouveau place aux ténèbres. Toute cette tristesse et ce désespoir qui envahissent le monde en l'absence de l'astre du jour ne l'ont jamais réellement quittés. Ils se tapissent dans l'ombre et attendent une faille, une minuscule brèche pour se faufiler en vous et vous donner des idées noires. Bizarrement, c'est ce genre de moment qui me donnent de l'inspiration. Ils sont aussi discret que le bonheur lorsqu'il s'invite chez-vous, et vous vous rendez-compte qu'il était là au moment où il est parti, en gros quand il est trop tard. Les gens sont des idiots aveugles : ils ne voient pas le bonheur quand il est là, et quand ils se rendent compte qu'ils étaient heureux, ils essaient de le redevenir alors que lorsque le bonheur s'en va, c'est justement parce qu'il n'y a plus ce qu'il faut pour qu'il reste. C'est pathétique ... Vous voulez savoir où je vais ? Vous voulez savoir d'où je viens ? C'est simple : je reviens de chez un psychologue qui vient de me prescrire des antidépresseurs car il estime que je suis dépressif ... Vous pensez que c'est normal vu le discours que je viens de vous faire ? ... Je suis réaliste, pas dépressif. Ce monde est laid. Les gens sont laids. Et si vous pensez le contraire, j'en suis bien heureux pour vous. Certains m'ont dis que je ne voyais que le mauvais côté des choses, d'autres encore que je suis aimé par Dieu et patati et patata. Mais vous voyez, ceci est bien la preuve de la laideur de ce monde : les gens sont obligés de croire en quelque chose d'imaginaire pour se sentir aimés. Si ce n'est pas triste tout ça ... Mais bon, plutôt que de m'écouter me plaindre, pourquoi n'allez-vous pas voir ailleurs ? Ecouter d'autres personnes vous raconter des histoires heureuses qui se finissent bien ? ... Vous voulez mon histoire ? Comme si j'avais une histoire à raconter ... Mon nom ? Levi ... Mon prénom ? Vous me faites déjà chier ... Je suis juste Levi ... Vous me connaissez ? J'aimerai bien voir ça ... Vous me confondez encore avec ce personnage de manga qui porte le même nom que moi ... Vous êtes sûrs que c'est moi ? Vous pensez donc que j'ai tué plein de "titans", que je suis caporal d'une escouade du bataillon d'exploration et que je suis dépressif ? Vous pensez aussi que c'est une fanfic ce que je vous raconte ? Je vous raconte juste la routine de mes soirées, rien de bien intéressant pour des gens comme vous ... Vous insistez pour que je vous raconte une histoire ? Vous voulez quoi ? Du sexe entre moi et Eren ? La mort de tous mes camarades ? Je peux inventer plein de scénarios pour satisfaire vos fantasmes les plus sordides ... Si vous insistez tant que ça ... Après tout je n'ai rien de prévu ce soir ... C'est bon, vous avez gagnez bandes de merdeux ... Venez, ont va s'asseoir au bord du lac dans le parc d'en-face, on sera plus à l'aise. Ne me dites pas merci, j'ai rien à foutre ce soir, donc vous allez m'occuper un peu c'est tout. Entrez par le portail rouillé là-bas, il y a un banc de l'autre côté des buissons ... 

Bon, maintenant qu'on est installés, qu'est-ce que vous voulez savoir exactement ? Pourquoi j'étais chez le psy ? Vous êtes très indiscrets. Mais bon, puisque vous insistez, autant commencer depuis le début.

       Il y a longtemps, j'étais un hors-la-loi. Je faisais parti d'un groupe de dealers et de trafiquants. Mais nous étions surtout connus pour nos services de blanchiment d'argent et de banque clandestine. Je dirigeais une sous-unité du clan, qui bossait pour le trafic d'armes. Tout se passait sans accro jusqu'au jour ou j'ai rencontré quelqu'un ... Est-ce que cette personne s'appelle Eren ? Non, pourquoi ? J'ai bien connu un Eren, mais ... c'est pas important ... Vous pensez que ce n'est pas possible qu'Eren ne soit pas le centre de mon histoire ? Laissez-moi vous raconter avant de dire n'importe quoi ...

Il y a 6 ans de cela ...