Prologue

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Autriche, l'an 1617

– Non, non ! Lâche-moi ! criait une petite fille en riant.

Lorsqu'elle réussit enfin à se défaire de l'emprise du jeune garçon qui la poursuivait, la petite princesse fila à travers champs en se faufilant dans les hautes herbes.

Se repérant à son rire aigu, son frère la poursuivit en lui sommant de détaler vite si elle ne voulait pas être mangée. Le rire de l'enfant redoubla tant que l'adolescent finit par l'attraper par la taille et la faire voler dans les airs tel un oiseau fendant le ciel.

– Léo ! Encore, encore ! supplia la petite autrichienne en agitant les bras en l'air.

Tout sourire d'avoir pu divertir sa petite sœur pendant quelques temps loin de la Cour, son frère joua avec elle pendant de nombreuses minutes. Au bout d'un moment qui leur parut fort court, les deux enfants s'allongèrent côte à côte dans la verdure éclatante de la campagne, près du château de Salzbourg où ils avaient été tenus à l'écart de la Cour de Vienne par leurs parents. La petite fille respirait l'air frais tandis que son frère se tenait allongé sur le côté, s'appuyant sur son coude pour observer le doux visage de sa petite sœur.

– Ils me manquent beaucoup, tu sais, annonça pensivement la princesse.

– Qui donc ? demanda le jeune garçon, intrigué.

– Ferdinand et Marie-Anne, répondit simplement la petite blonde en observant le ciel, allongée sur le dos.

Léonard ne répondit pas. Il savait pertinemment qu'il était normal pour un enfant de ressentir le manque de ses parents, mais le problème était tout autre. Leurs parents à eux étaient tout à fait différents d'un père et d'une mère ordinaires.

En tant que dirigeants d'un pays comme l'Autriche, la tâche qui leur était attribuée était plus que de taille. Mais Léonard était conscient que ce n'était pas la raison pour laquelle leurs parents ne prenaient pas la peine de s'intéresser un minimum à eux.

En réalité, tout ce qu'ils voyaient en leurs deux enfants était un successeur et un bon parti à marier avec un autre d'un pays allié. Ils ne ressentaient vraisemblablement pas de liens affectifs pour leur progéniture et cela en avait toujours été ainsi. Au grand dam de Léonard et Constance, qui avaient grandis auprès de nourrices.

– Un oiseau blanc, remarqua la petite fille en le pointant du doigt. Nous devons faire un vœu. Quel est le tien ?

– Tu es une véritable tête en l'air. As-tu déjà oublié ce que je t'ai dit ? Nous ne devons pas dévoiler nos vœux, jamais. Sinon nous prenons le risque qu'ils ne se réalisent pas. Est-ce ce que tu veux ?

Constance croisa ses bras et souffla, comme à son habitude.

– De toute façon, le mien ne se réalisera pas..., marmonna-t-elle.

–Comment peux-tu en être aussi sûre ? Tu dois faire confiance à notre Seigneur, il t'entend de là où il se trouve.

–Puisque je te dis qu'il ne se réalisera jamais !

– Dans ce cas dis-le moi, que je puisse trancher.

– Mais tu viens de dire...

S'interrompant dans sa phrase, la petite blonde croisa le regard malicieux de son frère. Les deux enfants se fixèrent mutuellement avant d'éclater de rire tous les deux en même temps.

Constance se redressa, les deux genoux à terre. Avec un petit sourire, elle lança :

– J'ai souhaité que nous ne soyons jamais séparés, Léo. Je voudrais toujours rester ici. Avec toi.

Le jeune garçon esquissa un léger sourire devant l'innocence de ses yeux violets. Cependant, il ne pourrait lui mentir éternellement. Il se tourna alors pour s'allonger sur le dos et contempler le ciel.

– Tu sais, mein Engel, un jour tu devras te marier. Fonder une famille comme nous n'en avons jamais véritablement eu.

– Mais je ne peux fonder une famille sans que tu en fasses partie ! s'exclama la princesse en se laissant tomber sur le torse de son frère, allongée en diagonale contre lui.

– Tu y parviendras, Constance. Il le faut. Tu devras le faire pour nous deux.

La petite fille soupira et laissa une larme couler sur sa joue.

– Alors dans ce cas, je souhaite rester allongée ici avec toi. Pour toujours.

200 jours pour s'aimer [SOUS CONTRAT D'ÉDITION HLAB]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant