On se retrouvera [OS] ➳p.jм ⤬ м.yg

On se retrouvera

On dit que chaque personne voit le ciel d'une couleur différente, et que pour chacun, cette couleur est une prédiction pour l'avenir.

Et aujourd'hui, pour lui le ciel était gris.

***

Ces mots résonnaient encore dans sa tête.

« Oublie-moi. »

Mais comment voulait-il qu'il l'oublie ? Comment oublier la seule personne qui est importante à nos yeux ? Comment oublier la seule personne qui nous donne envie de nous lever le matin ? Comment, Ô diable comment pouvait-il oublier sa seule raison de vivre ?

Jimin était là, debout face au coucher du soleil. C'était le troisième qu'il voyait depuis que ces mots avaient été lâchés, venant enlacer d'une caresse presque mortelle son cœur meurtri. Il était là, ses pieds encore emprisonnés dans ses chaussures en toile qui s'enfonçaient doucement dans le sable humide, alors que l'eau salée venait comme griffer ses chevilles nues et fragiles à plusieurs reprises, et alors que le vent froid venait gifler violemment ses joues rougies par les basses températures, mais également rongées par les larmes. Ces perles salées, semblables aux éclaboussures de cette mer déchaînée, étaient comparables à des lames de rasoir qui venaient abîmer la peau opaline du jeune garçon. Ses yeux embrumés fixaient sans relâche le soleil qui s'effaçait de plus en plus à l'horizon, laissant peu à peu place à l'obscurité. Et contrairement aux autres personnes, qui trouvaient ce spectacle magnifique et qui le voyait comme le jour laissant place à la nuit pour ensuite recréer un lendemain sûrement meilleur, Jimin, lui, ne voyait que de nouveau la fin d'une journée.
Ce qu'il voyait, c'était un soleil lâche qui s'enfuyait car il n'osait faire face à la lune. Il voyait ce soleil presque s'évaporer dans l'obscurité de la nuit, ne laissant plus place qu'au néant, à la fin de tout. Pour lui à présent, rien n'était renouveau, tout n'était que fin.
Alors il n'arrivait plus à apprécier les couchers de soleil comme les autres, comme il les appréciait tant avant. Il n'y arrivait plus parce que désormais il n'était plus là à ses côtés. Quel était le sens de ce coucher de soleil, à présent, alors qu'il le regardait seul ? C'était ridicule.
Ça faisait trois jours, trois jours qu'il venait ici désormais seul, trois jour qu'il regardait l'astre jaune se faner dans l'ombre de la nuit, alors que son cœur lourd pesait douloureusement dans sa poitrine. Cette douleur était bien présente, pourtant il se sentait tellement vide. Vide de tout. Il n'avait plus foi en rien, n'avait plus l'envie de rien. En le laissant ainsi, il lui avait retiré toute joie, tout enthousiasme, simplement tout.

Il lui en voulait à lui, mais il en voulait encore plus à la vie. Il en voulait à la vie de lui avoir retiré la seule chose dont il avait à présent besoin. C'était comme si on l'avait privé de lui-même, comme si on venait de le tuer. Il était vivant, parce qu'il était toujours là physiquement, mais son âme s'était comme fanée, ne laissant plus qu'un corps inerte sur cette plage de Busan déserte à cette heure du soir. Il était seul, et Dieu ce que cette représentait bien sa vie à présent qu'il était parti.

Pour dire vrai, il n'était pas encore totalement parti. Jimin savait qu'il était encore là, quelque part, près de lui, peut-être à errer le soir dans les rues de cette ville que le jeune blond détestait à présent car elle lui rappelait tant de souvenir à présent douloureux. Peut-être même qu'il était là, un peu plus loin, dans son dos, à l'observer, à s'en vouloir, et à se retenir de venir serrer Jimin dans ses bras comme il adorait tellement le faire avant. Ou peut-être était-il simplement dans son appartement dont Jimin connaissait tous les recoins, allongé dans son canapé à réfléchir à ses actes, à se demander s'il avait fait les bons choix, à se demander comment le plus jeune allait endurer tout ça. Parce qu'il le savait, et ça Jimin en était sûr, que son cadet en serait meurtri, que ça le détruirait. Le blond savait qu'il était encore là, mais même s'il avait fait un effort pour essayer de le retrouver, il l'aurait repoussé, à contre-coeur certes, mais il ne l'aurait pas laissé l'enlacer, l'embrasser, le garder à ses côtés pour toujours. Alors Jimin restait là, pour le troisième jour d'affilé, le regard vide et vitreux perdu dans l'immensité de la mer, le cœur ravagé, les joues et les pieds trempés, et il voulait malgré lui qu'il soit à ses côtés.