Je fais un clin d'œil à Suho qui passe à côté de moi, emmenant une cliente à l'étage puis je continue mon chemin dans le couloir aux lumières tamisées, créant une ambiance intime et privée. Je vois alors Kris dévisager quelqu'un, adossé contre le mur, chemise ouverte et se mordant la lèvre inférieure d'un air aguicheur. Le jeune homme en face de lui baisse le regard puis la tête, terriblement gêné et je crois même percevoir le rouge lui monter aux joues. Première fois qu'il vient ici, ça ne fait aucun doute.
Kris se décolle alors de son mur et s'avance vers l'inconnu. Et je reste à l'écart, regardant comment se déroule la scène qui se joue devant moi. Kris a l'habitude d'enchanter les clients et si ce n'est pas avec son physique, ça sera avec son charme. Il arrive devant le jeune homme, qui fait une bonne tête de moins que lui, et approche son visage du sien. L'inconnu recule un peu, gêné mais aussi effrayé. On le remarque tous les deux. Les grands yeux noirs de l'inconnu s'ouvrent un peu plus, évitent tout contact avec mon collègue. Ce dernier sourit et se replace correctement devant lui, dos droit. Le petit inconnu scrute alors le sol, triturant ses doigts entre eux. Il ne sait pas quoi faire et je sais qu'il se demande s'il n'est pas temps pour lui de faire demi-tour, de sortir d'ici. Parce qu'il a raison : c'est une mauvaise idée d'avoir fait le chemin jusqu'ici. Il a peur et ça le rend attirant d'une certaine façon. Il ressemblerait presque à un petit enfant perdu. Alors j'avance vers lui, un petit sourire sur les lèvres, et avant qu'il ne se doute de ma présence à ses cotés, je lui embrasse la joue.
Il sursaute, comme s'il avait vu un mort, avant de tourner la tête vers moi. Mais il a l'air encore plus surpris quand il me voit. Je fais de l'effet aux gens, je ne le cache pas, j'ai un physique très séduisant. Alors toujours penché vers lui, je lui lance un sourire à mon image. Son air étonné s'amplifie à nouveau, sa bouche en cœur formant un O. Pourquoi a-t-il l'air si dérouté ?
_ Jong... JongIn ?
Un prénom et mon sourire souhaite disparaître. Mais non, il doit rester en place, ne même pas se transformer un peu. On apprend à ne pas montrer si nous sommes étonnés, affectés ou bouleversés devant les clients. On se doit d'être toujours de bonne humeur, qu'importe les circonstances qui peuvent se produire dans notre vie privée. Parce que ça ne se fait pas. Parce qu'on doit se comporter en professionnels. Alors mes lèvres s'étirent malicieusement.
_ Appelle-moi comme tu veux, ça n'a pas d'importance.
À son tour d'être déstabilisé. Il ne sait pas comment réagir face à moi et je ne me demande pas pourquoi plus longtemps. Je lève ma main vers sa joue et la caresse délicatement. Il a la peau douce et j'ai drôlement envie d'étirer la peau de ses joues rondes et rebondies. Je suis certain qu'elle est extensible.
_ Tu viens ?
Les traits de son visage se détendent un peu. Je prends ça pour un « oui ». Je retire alors ma main de son visage et la fais glisser le long de son bras, lui donnant un frisson, pour aller attraper la sienne. Quand je sens ses doigts serrer les miens d'un geste indécis et qu'il hoche la tête, je me tourne et l'emmène avec moi.
Je longe alors le couloir dans le sens inverse, tenant sa main dans la mienne, et le fais monter deux étages plus haut pour s'arrêter devant la troisième porte du couloir. L'ouvrant en grand, je me tourne vers lui pour lui sourire avant de le laisser entrer et refermer la porte. Nous pouvons entendre les ébats des personnes dans les pièces qui nous entourent et je reconnais les cris de Suho, occupant la chambre d'à côté.
Avec certains clients, la porte qui se ferme est le signal du commencement et nos vêtements ne tardent pas à voler à travers la pièce. Mais avec lui, c'est différent. Parce qu'il n'est pas tout le monde. Il a besoin de tendresse, de douceur, d'attentions, d'être rassuré et de se détendre un maximum pour éprouver du plaisir, celui qu'il est venu chercher en entrant dans le bâtiment.
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Juste cette nuit
Fanfiction"_ C'est la première fois, n'est-ce pas? _ Oui, avoue-t-il, d'une voix incertaine. Enfin non, j'ai déjà...mais pas...comme ça..." Et il n'y a qu'à voir son air heureux pour savoir qu'il ne l'a pas été depuis longtemps. [2015]