Partie 2

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Deux cent deux jours.

Deux cent deux jours que tu es parti.

Deux cent deux jours que je suis parti avec toi. Parce que depuis deux cent deux jours, je suis dans le même état que toi. Je ne vis plus.

Deux cent deux jours que je me laisse aller comme si rien n'avait d'importance. Parce que rien n'en a. Le quotidien me semble terriblement fade. Manger, dormir, respirer, vivre... Je ne connais plus la définition de ces mots, ces actions qui nous font tenir, qui sont censées nous faire avancer.


Cent cinquante jours que j'ai repris le travail. Toujours le même. Toujours les mêmes horaires. Toujours les mêmes journées. Toujours les mêmes contrats. Le travail en entreprise est loin d'être très divertissant. Mais rien ne me donne envie d'y aller à présent. Les journées habituellement heureuses n'existent plus. Celles où je me levais plein d'entrain, bondissant hors du lit, t'entendant rechigner parce que je quittais tes bras, me ruant dans la cuisine pour préparer le petit-déjeuner, avant de faire un tour dans la salle de bain. Celles où je rejoignais ensuite la cuisine où tu t'étais attablé en train de m'attendre avant de te goinfrer et une fois nos estomacs remplis, on se donnait un dernier baiser avant de se souhaiter une bonne journée. Celles où je partais, le sourire aux lèvres, parce que je savais qu'en rentrant le soir à la maison, tu serais déjà là, plongé dans un de tes manuels de cours ou dans la salle de bain, revenant tout juste de ton jogging quotidien ou d'un de tes entraînements. Celles où je m'en allais pour finalement te retrouver le soir.


Deux cent deux jours que tout a changé. Deux cent deux jours que cette routine a été brisée. Parce que dès que j'ai franchi la porte d'entrée à vingt heures, tu n'étais pas là. Et ce n'était pas normal. J'ai appelé tes amis ; personne ne savait où tu pouvais être à part à la maison. Mais tu n'y étais pas. Et tu ne le seras jamais plus.

Deux cent deux jours que le téléphone a sonné, annonçant le coup de fil fatidique et insupportable qui change tout pour toujours. Je ne sais pas quel a été le pire : apprendre comment ton corps a été meurtri ou devoir le voir pour l'identifier.

Deux cent deux jours où je ressasse cette journée si désagréable en boucle, parsemée par ces moments de bonheur partagés avec toi. Parce que je n'ai jamais été plus heureux dans ma vie entière que lorsque je t'avais à mes côtés.

Deux jours que j'ai cru te voir. Tu te rends compte ? Toi, en chair et en os, à seulement quelques pas de moi. Mon cœur a fait un bond dans ma poitrine, avant de s'alarmer et de pomper à une vitesse folle.

Et je n'ai pas pu m'en empêcher. Parce que c'était trop beau pour être vrai. Mais j'y ai cru. Parce que j'ai voulu y croire.

Mes pas semblaient ne pas obéir à ma raison, ils s'alignaient droits sur le trottoir, suivant de plus ou moins près celui que je pensais être toi.


Je sursaute quand j'entends sonner. Je me lève de notre canapé, éteignant la télé qui fonctionne de toute façon pour rien puisque personne ne la regarde, et me dirige vers l'entrée. C'est étrange que quelqu'un vienne sonner.

J'ouvre la porte et mon sang se glace dans mes veines en se posant sur la personne face à moi alors que mon cœur rate un battement.

JongIn ?

Je souris un instant, prêt à rouler des yeux quand tu vas me sortir pour la unième fois ton « J'ai encore oublié mes clés » d'un air penaud.

Mais non. Ça ne peut pas être JongIn. Ce n'est pas JongIn. Et ça ne sera plus jamais JongIn. Parce que JongIn n'est plus là.

Juste cette nuitOù les histoires vivent. Découvrez maintenant