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Les larmes se remettent à rouler sur ses joues.
Parce que c'est douloureux.

Tim a véritablement mal à l'âme et au cœur. Il ne souhaitait qu'être heureux, en dépit du désastre qu'il a commis. Son père lui répète souvent à quel point c'est quelqu'un de bien, de généreux. Mais Tim, en cet instant, ne peut s'empêcher de se dire que son père a faux. Il se trompe totalement. Parce que Tim n'est pas quelqu'un de bien. Il n'est qu'un naufragé voguant sans but dans l'océan, parmi tant d'autres.
Ce n'est qu'un gamin écrasé par les conséquences de ses actes.

-Pourquoi tu voudrais tout recommencer? Demande soudainement Naya, sûrement pour faire passer le temps, surtout parce qu'elle est curieuse.

-Parce que je t'aime beaucoup Naya. Tu as raison, je ne sais plus qui tu es. Mais j'aimerais réapprendre à être ton ami. Peut-être que j'espère juste trouver ma place au près de quelqu'un qui me fait me sentir bien.

-Et ta copine alors, elle peut pas te réconforter elle?

Il patiente de longues secondes avant de répondre.

-Elle m'a trompé. Et on est plus ensemble.

Naya aimerait bien compatir, mais un rire mauvais s'échappe de ses lèvres.

-Je t'aurais prévenu, si on était restés amis.

-Moi, je t'aurais empêché de fuguer.

Elle hausse les sourcils, surprise de sa réponse. Premièrement, comment l'idée a pu lui effleurer l'esprit, et deuxièmement, pourquoi l'aurait-il empêché de faire l'unique chose capable de la sauver?

-Je ne fugue pas.

-Mon cul. Un bus, à minuit, alors qu'il pleut des cordes et que ta mère n'est pas du tout au courant de ton escapade nocturne. Tu vas me dire que tu es juste venue profiter du paysage?

-Peut-être que mon bus me ramène chez moi après une soirée arrosé.

-Et ta promesse de ne jamais toucher une goutte d'alcool?

Naya a un sourire amusé.

-Ma promesse je l'ai brisé il y a bien longtemps.

-Laisse moi être surpris. Tu as changé à ce point? S'étonne-t-il.

-Tu n'as même pas idée.

Il n'ose plus continuer la conversation, abasourdi par cette nouvelle. À vrai dire, à dix-sept ans, ce n'est pas anormal que Naya souhaite se prendre une cuite ou deux. D'ailleurs, Tim est mal placé pour la juger de ce point de vu. Pourtant, la Naya qu'il connaissait se refusait à faire quoique se soit de hors la loi ou d'interdit par sa mère. La Naya de sa troisième, n'était qu'une gamine bien heureuse qui vivait sous la protection de sa génitrice.
Mais la fille qu'il a devant lui n'est plus une enfant. Elle a coupé courts ses cheveux blonds, recouvert ses yeux de maquillage et passé autour de son cou un collier rappelant ceux d'esclaves sexuel. Après réflexion, Tim se dit que jamais il ne devrait décrire ce collier de cette manière devant Naya sinon il risquerait de s'en prendre une.
Il ne dit rien.

-Alors cette soirée était bien? Finit-il par demander.

Il préfère entrer dans son jeu. Parce que peut-être que de cette façon il pourrait oublier ses problèmes et elle ses souffrances.
Ils pourraient faire comme si tout allait bien.

Elle semble le comprendre parce qu'un véritable sourire découvre ses dents immaculées.

-Franchement génial. Ma meilleure amie m'a trouvé un copain magnifique avec des abdos en bétons, et il m'a fait sauvagement l'amour dans une chambre d'hôtel quatre étoiles. Meilleur souvenir de toute ma vie.

Il éclate de rire.
Son rire est beau et contagieux, son rire est comme un éclat de joie dans la pénombre de la scène. C'est comme si son corps se rappelait ce que c'était d'être heureux et qu'il essayait, laborieusement, de le redevenir.

-Et toi alors, tu sors d'où?

-Moi? D'un repas de famille. Ma mère m'a offert un cadeau pour mon anniversaire.

Naya sourit timidement, parce qu'elle sait combien Tim aimerait connaître sa mère.

-Nos vies sont géniales tu ne trouve pas? Dit elle d'un ton lugubre, qui fait sentir à Tim à quel point le désespoir l'engloutit.

Il attrape sa main doucement, par peur de se faire rejeter. Mais Naya ne bouge pas, elle se laisse faire. Elle a envie de retrouver le Tim d'avant, elle a envie de le prendre dans ses bras.

Et contre toute attente, c'est ce qu'elle fait.

Elle l'enlace et le serre contre elle, laissant de côté sa haine et sa peine.

Il répond à son câlin timidement, pose sa tête dans le creux de son cou et profite de sa chaleur.
Il aimerait bien s'abandonner dans ses bras éternellement.

-J'ai besoin de toi Naya.

Silence.

-J'avais besoin de toi Tim.

Minuit passéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant