Chapitre Vingt-Sixième

156 24 6
                                    


Lorsque Camélia entra dans le bureau de son supérieur le sourire aux lèvres elle ne put s'empêcher d'ouvrir grand les yeux. L'homme s'était manifestement endormi en travaillant et un filet de bave coulait sur les dossiers ouverts devant lui. La jeune femme eut un moment d'hésitation. Elle savait très bien que l'inspecteur manquait de sommeil et qu'il en avait sérieusement besoin, mais chaque seconde jouait contre eux. À tout moment Adrian pouvait décider de changer de localisation, or elle était enfin parvenue à le trouver. Après quatre jours de travail acharnés, où elle avait passé en revue toutes les informations qu'elle possédait elle avait trouvé la maison où devait supposément vivre Jacinto. Seulement elle ne s'était pas arrêtée là.

En effet l'informaticienne en plus de maîtriser parfaitement les nouvelles technologies avait un certain don pour percevoir les natures humaines. Aussi elle n'avait pas mis longtemps à réaliser l'impulsivité contrôlée de Richards. Certes, c'était un excellent policier aux capacités de déductions impressionnantes. Mais il avait une tendance pragmatique dangereuse dans son métier. Elle ne serait pas allée jusqu'à dire qu'il était irresponsable, elle se rendait bien compte que les risques qu'il prenait étaient totalement mesurés et que s'il ressortait à chaque fois gagnant ce n'était pas seulement par chance. Pourtant elle était persuadée, avec raison, que cette affaire était différente des autres, elle lui était devenue personnelle. Autrement dit il évaluerait toujours les risques, mais se laisserait une plus grande marge de manœuvre et en prendrait plus. Voilà pourquoi Camélia Amara ne l'avait pas tout de suite mis au courant de sa découverte et avait préféré s'assurer d'autres facteurs avant.

En plus de l'adresse elle avait donc mené une investigation plus poussée des alentours, que ce soit les bois ou le petit lac qui semblait servir de source de ravitaillement à l'assassin qui avait du se rendre dans le cabanon à pied comme en témoignait l'absence de véhicule motorisé aux alentours. Camélia s'était assurée que l'homme était bien seul, mais surtout qu'il n'était pas préparé à une attaque policière. Les clichés satellites qu'elle avait pu obtenir étaient pixelisés, mais la silhouette qui s'y distinguait semblait se contenter d'aller-retour vers le lac, un par jour en fin de journée, et d'une sortie quotidienne vers midi où il faisait un simple tour de son habitation. En d'autres termes, le tueur n'était pas sur le qui-vive. Cependant on ne pouvait avoir accès à l'intérieur de la maison qui restait donc une source de danger, danger que la hackeuse pouvait donc éviter au policier.

La jeune femme sortit du bureau en refermant la porte derrière elle avant de toquer fortement contre celle-ci. Elle attendit un moment avant de recevoir une réponse qui trahissait le réveil récent de celui qui l'avait prononcé. Elle fit mine de ne pas remarquer la trace longiligne qui s'étendait sur la joue droite du capitaine ni la feuille mouillée rangée à la va-vite dessous un dossier.

« J'ai réussi à le localiser. » annonça-t-elle immédiatement.

Aussitôt les yeux encore brumeux du policier gagnèrent une lueur d'intérêt et il se redressa sur sa chaise.

« Vous voulez dire Jacinto ? »

La question était purement rhétorique, mais invitait la jeune femme à continuer.

« Oui, l'endroit décrit par votre ami existe effectivement. Et d'après les clichés que auxquels j'ai pu accéder il y a bien quelqu'un qui vit seul là-bas.

— Jacinto ?

— Eh bien... Sans doute. Mais je ne peux pas l'affirmer. Les images sont bien trop floues pour cela. La seule chose dont je suis sûre c'est qu'il y a quelqu'un là-bas. »

Le capitaine s'était levé et enfilait sa veste, c'était exactement la réaction qu'avait craint Camélia et elle était heureuse d'avoir pris le temps de faire des recherches plus poussées.

Le réveilOù les histoires vivent. Découvrez maintenant