BÂTARD CONTRE BÂTARD

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Allongé sur le sol à demie en vie un soir de nuit dans un jardin public je rêvasse.
Une de ces aires où les gosses rappliquent le rire au lèvre.
Un de ces rires qui lèvent la peine à perpétuité et les nuitées blanches faites de vers. Ceux qui creusent la tête, qui la laboure, qui la bourrine, bref, une nuit qui se console sous les constellations.
La consternation s'enfonce dans la défonce.
La bouteille me semble à tort obsolète sous les feuillages qui dansent en chantants. 
Le fond est à porté de bouche sous la forme d'un goulot lorsque je me trouve face à face avec une apparition céleste.
Un bâtard surgit du noir l'air menaçant, seulement il transmet de par sa truffe humide de bons sentiments et une caresse suffit pour que dans un éclair tout devienne clair.
Cette bête que personne ne réclame m'est familière.
Se vagabond, ses vagues à l'âme, tout le monde s'en branle.
Il a sûrement essuyé des coups de pieds dans son bide bien trop vide.
Le mien en guise d'offrande dû à ma charité d'iconoclaste, fait surgir son contenu de mon alambic organique.
Le bâtard renifle, puis lèche, avant d'ingurgiter goulûment ce que je régurgite jusqu'à la bile.
Son œil pétille comme pour me remercier de ce maigre repas.
Il reprend son chemin de croix. Puis, le goulots à mes lèvres je replonge dans mes rêves.
Mon ami de fortune, ce bâtard qui venait de croiser son semblable, s'est éclipsé pour retourner dans son enfer à petits pas me laissant dans le mien.
Car oui! Rêver des limbes est préférable au rang strict de la nation et au clairon qui vocifère.
La bête réapparue dans mon sommeil, dans ce parc, sur ces graviers, dans nôtres enfer pour se coller à sa nourricière gastrique.
Le second service ne fut pas distribué mais il restât blotti entre mes bras.
Un bâtard contre un bâtard.
Il repartit avec la lumière d'un jour nouveau, signalant le réveil de son errance. Et de la mienne...

Poèmes sporadiques d'un détraquéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant