Chapitre 1

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Camille se pencha une fois de plus pour regarder l'heure inscrite sur le réveil digital. Une heure vingt-quatre ! Depuis le départ de Matthias à Paris, deux jours plus tôt, elle n'arrivait plus à trouver le sommeil. Il y partait hebdomadairement pour son travail et systématiquement ses absences lui causaient des insomnies. Elle avait vu défiler les minutes, puis les heures, avait essayé les méthodes traditionnelles vous promettant le sommeil, avait compté les moutons jusqu'à voir un troupeau de deux mille quatre cents trente-six bêtes puis s'était résignée tant le bruit des bêlements de ces ruminants l'agaçait. Elle avait fait chauffé du lait et prit soin d'y ajouter une cuillère de miel, sans succès et s'était finalement résignée à attendre que le sommeil lui vint. Elle regarda par la fenêtre de sa chambre les reflets argentés du clair de lune sur les feuilles des peupliers. Elles adoraient ces arbres majestueux et les valses dans lesquelles le vent les entraînait fréquemment qui lui faisait songer aux bals d'autres époques. Justement cette nuit, même le vent s'emblait s'être endormi, les peupliers restaient statiques.

Décidemment même les éléments semblent avoir trouvé le sommeil. Super ! Mais quelle tête vais-je avoir demain ? Ou devrais-je dire dans quelques heures ! Dire que les premières toiles arrivent demain, ça va être l'effervescence... Il faut que je dorme ! Oh mon Amour, pourquoi n'es-tu pas là ?

Elle se redressa, alluma la lampe de chevet, ouvrit le tiroir de la table de nuit, en sortit un stylo bille et un bloc-notes et se mit à écrire. Elle sentait ses yeux s'alourdir à mesure que les mots s'alignaient sur la page.

Elle détacha la feuille du bloc-notes, la plia soigneusement, pris une enveloppe du tiroir qui était resté ouvert, y glissa la feuille, ferma l'enveloppe, ouvrit le second tiroir de la table de nuit, souleva le couvercle d'une vieille boîte à biscuits en fer et glissa l'enveloppe dedans. Elle rangea ensuite le bloc-notes et le stylo-bille à leur place, éteignit la lumière et s'endormit enfin.

Six heures trente, le réveil sonna. Elle se leva, ouvrit la porte communicante qui donnait sur son dressing, alluma l'interrupteur et sourit. Cette pièce était à l'origine, la deuxième chambre de l'appartement et elle y avait fait construire un magnifique dressing qui n'avait rien à envier à ceux des stars hollywoodiennes. De chaque coté de la pièce se trouvait quatre placards encastrés dont les portes miroirs lui permettaient de s'admirer sous toutes les coutures lorsqu'elle se préparait pour les nombreux vernissages et autres évènements mondains auxquels elle aimait assister. Au bout de la pièce, à gauche trois étagères, placées en U, destinées à accueillir ses innombrables paires de chaussures ; du côté droit, son boudoir. Elle s'était inspirée de la décoration du « Boudoir » Annick Goutal à Paris pour créer un écrin de féminité à l'abri du regard des visiteurs. Il était composé d'une méridienne, sur laquelle elle s'étendait de temps à autre pour lire, d'un miroir en argent de forme ovale et d'une console ornée de photographies de son enfance. Les accords rose pâle et champagne donnaient un cachet romantique à l'ensemble. Elle se dirigea vers le dernier placard de gauche, l'ouvrit en sorti un jean et un gros pull qu'elle enfila puis se tourna vers les étagères et prit la premières paires de bottes qui lui tombait sous la main.

Elle marcha en direction de la cuisine américaine, prépara le café, attrapa son sac et sortit.

Brrr qu'il fait froid, ça réveille.

Elle traversa la rue en direction de l'hôtel situé face à son immeuble et à peine, eut-elle passé la porte coulissante qu'elle vit sortir Georges, un croissant, entouré d'une serviette, à la main.

- Bonjour Melle Camille.

- Bonjour Georges.

- Comment allez-vous ce matin ?

On ne rencontre personne par hasardOù les histoires vivent. Découvrez maintenant