2-L'arrosoir arrosé

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J'ai déjà vu mieux.
Malgré tout ce que l'on peut dire, cette fac, a la reputation « prestigieuse », ne l'est pas tant que ça. Il manque plusieurs choses pour qu'elle soit a mon goût. En fait, il faudrait carrément la modifier dans son intégralité si on veut utiliser les bons termes. Elle est un peu fadasse mais classe dans l'ensemble, pour le prix j'espère bien qu'elle l'est ; la qualité des services laisse assez a désirer, la peinture est à refaire et les gens ne sont pas si bien fringués que ça, certains sont d'ailleurs assez mal polis, pire que moi tiens.

Pendant que j'avance dans un couloir qui semble être le couloir principal, une petite vieille mal fagotée, a mon avis en manque d'affection, m'interpelle brutalement. Dieu sait a quel point il faut prendre des pincettes pour me parler.

-« Vous êtes en retard mademoiselle... »

Je roule des yeux.

-« Vous m'en apprenez des choses »

J'ai pris un ton plutôt arrogant, mais peu importe, vu sa dégaine, elle ne doit pas occuper un poste très haut dans la hiérarchie sociale.

-« Vous me semblez quelque peu insolante, mademoiselle... »

-« Silver » dis-je d'un ton détaché

-«  Et bien mademoiselle Silver, que diriez-vous d'être escortée jusqu'à la salle de réception ? Vous m'avez tout l'air d'être perdue »

« Je ne suis PAS perdue, juste énervée »
J'ai pensé cette phrase très fort mais ne l'ai pas dite, je n'vais pas aggraver mon cas, les cours n'ont même pas commencé.

Je fais un signe de tête et nous nous dirigeons vers l'opposé d'où je me dirigeais toute à l'heure. Génial.

Ses petits talons hideux claquaient sur l'affreux carrelage du couloir de façon régulière, comme un tic tac de plus en plus violent. Elle va finir pas faire un trou dans le sol si elle continue.

J'étais milles fois plus grande qu'elle.

-« Ça sent le café vous ne trouvez pas ? »

Ces paroles marchaient à mes pensées alors que je contemplais avec dégoût les petites pellicules qui se dressaient sur les bords de son chignon épinglé avec perfection. Ew.

-«  hm », mon haut empestait le macchiato et sous certains angles le caramel. J'étais définitivement dans une impasse.
Je vous préviens, ne me jugez pas.

-« C'est mon parfum »
Je n'avais pas le choix.

-« J'aime beaucoup, comment s'appelle t'il ? »

CRAMÉ SILVER C'EST CRAMÉ
Mais j'étais obligée de rentrer dans son jeu

-« Oh, je ne me souviens plus très bien, vous savez, c'est une marque suédoise impossible à prononcer » dis-je suivi d'un petit rire nerveux.

Elle a réprimé un petit sourire moqueur. Elle m'a piégé. Je déteste quand les gens ont un coup d'avance sur moi, en temps normal, c'est moi qui en ai un sur eux.

La petite brune me double et attrape la poignée métallique d'une porte en bois lustré.
Sans rien dire, elle entre et je la suis sur les talons.

Tout le monde était déjà là. Je m'attendais a avoir doit au même sénario qu'à chaque fois: la porte claque brutalement, l'amphi au complet se tourne vers moi, je suis morte de honte mais je ne le montre pas etc... je vous passe les détails.
Et bien cette fois-ci fera exception à la règle. La porte s'est refermée tout doucement, tout le monde n'y a vu que du feu.

-« Permettez moi de vous laisser, mademoiselle Silver, non pas que votre compagnie soit désagréable bien au contraire, mais j'ai à faire »

Elle paraît trop aimable pour être vraie, personne n'est réellement doté d'une bonté pareille.

Silver spoonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant