Chapitre 5

66 10 17
                                    

—Franchement, j'ai toujours du mal à croire que vous ne soyez pas au courant... Bref. Il y a une comète qui s'est écrasée en plein Nancy, plus précisément sur notre lycée.

—Quoi ? s'écrièrent Hugo et Franck en même temps.

—Je sais, c'est dingue...

—Mais comment ça se fait qu'on n'en a pas entendu parler ? demanda Hugo, toujours incrédule.

—C'est vrai ça, dit Franck. Un truc pareil, ça ne passe pas inaperçu.

—Justement, ce n'était pas censé arriver, dit Éric.

—Comment ça ?

—Quand ils en ont parlé à la télé, expliqua Eric, ils ont dit que cette comète était juste censée frôler notre planète, mais apparemment elle a changé sa course au dernier moment. Je suppose que les météorologues et les astronomes doivent être dans un sacré pétrin en ce moment, ajouta-t-il en riant.

Mais aux oreilles d'Hugo, son rire sonnait faux. C'était comme s'il essayait de se rassurer lui-même.

—Mais comment ça se fait que tu sois le seul à te souvenir de ça ? lui demanda Franck.

—J'en sais rien. Mais c'est clairement inscrit dans ma mémoire. J'invente rien.

—Et... tu penses que c'est pour ça qu'on est ici ? dit Hugo. A cause d'une comète ? Ça n'a aucun sens...

—Pas faux, renchérit Franck.

—Mais ça vous arrive de réfléchir un peu tous les deux ? s'énerva Eric. Si ce que je dis est vrai, ça ne vous paraît pas bizarre qu'on soit toujours en vie ?

Le silence devint assourdissant. Hugo eut presque l'impression qu'il ne pouvait plus respirer.

—Ce... ce serait donc pour ça qu'on nous aurait enfermé ? dit Hugo d'une voix apeurée.

—Ça m'en a tout l'air, dit Eric. Et si c'est bien le cas, ça voudrait dire qu'à part nous... à part nous...

L'implication des paroles d'Eric plongea Hugo dans un moment d'effroi. Il n'avait pas besoin de les voir pour savoir que ses compagnons de cellule pensaient eux aussi à leurs familles. Étaient-ils vraiment tous morts ?

—Non, non, non et non ! dit soudain Franck avec colère. Je refuse de croire ça !

—T'as une meilleure explication ? rétorqua Eric.

—Bah oui figure toi ! Peut-être que comme nous, ils sont enfermés ailleurs, enchaînés comme du bétail et...

—Non.

Cette fois-ci c'était Teresa qui avait répondu. Son voix fluette avait résonné presque comme une sentence.

—Nous sommes les seuls, dit-elle.

—Comment tu le sais ? dit Hugo. Te souviens-tu de quelque chose? As-tu entendu quelqu'un en parler ?

—Non, répondit-elle.

—Mais alors comment... ?

—Je le sens.

Un long silence suivit ses paroles. Franck fut celui qui le rompit.

—Elle est complètement barjo, dit-il.

—Pour une fois, je suis d'accord avec toi, dit Eric.

—Hey ! intervint Hugo. Ne lui parlez pas comme ça !

—De toute façon, barjo ou pas, ça confirme ce que j'ai dit, dit Eric. Nous sommes probablement les seuls survivants et ceux qui nous ont mis ici veulent savoir pourquoi.

A cet instant, une voix, qui n'avait rien à voir avec celle d'Hugo et des autres, s'éleva. Une voix grave, profonde, autoritaire :

—Vous avez parfaitement raison, Atypique numéro 3.

AtypiquesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant