Day 17

284 46 8
                                    

Cela faisait maintenant plus de deux semaines qu'Hoseok recevait tous les jours des messages de son inconnu – renommé ''inco-teacher'' dans un premier temps, avant d'être finalement baptisé Onizuka pour des raisons qu'Hoseok trouvaient évidentes. Tous les jours, sans exception. Il n'avait répondu à aucun, et il était maintenant convaincu que de toute façon, c'était trop tard. Il avait trop attendu. C'est vrai, ce serait bizarre de dire "Hey ! Ça fait deux semaines que tu m'envoies des messages alors que je sais même pas qui tu es ! T'as dû te tromper de destinataire...". Non, non, Hoseok aurait l'air ridicule. Alors tant pis. Tous les jours, il recevait un message qu'il lisait sans y répondre.

Parfois, il essayait d'imaginer la vie de son expéditeur, reprenant curieusement l'enquête de l'agent Hoseok. D'autres fois, il était occupé par autre chose et ne le lisait que distraitement, râlant d'être encore dérangé pour des choses sans importance. C'est vrai ! Pourquoi ce type se sentait obliger d'envoyer un message pour dire qu'il avait passé son samedi à mater des séries, et qu'il avait eu une furieuse envie de spaghetti bolognaise, mais que comme il avait trop la flemme de sortir à la supérette en acheter, il avait préféré manger des biscottes. Tout le monde s'en fiche de ça !

Alors oui, souvent, Hoseok râlait en lisant ces sms inutiles. Pourtant, il les lisait tous. Et dans chacun, une pointe de nostalgie transparaissait, touchant chaque fois un peu plus le cœur d'Hoseok.

From : Onizuka, 22h57
Je retire ce que j'ai dit : la semaine de formation était COMPLETEMENT inutile et merdique. Ouais, je sais... J'en parle encore. Mais c'est parce que c'était le truc le plus inutile et emmerdant que j'ai jamais fait ! J'en rage trop ! Tu t'rends pas compte, toi t'es bien tranquille pendant que moi j'ai dû subir ça. Et leur putain de rapport est à rendre pour avant dimanche à minuit... Ça m'casse les couilles.
Taehyung est bien meilleur en stagiaire qu'en remplaçant. C't'abruti aurait vraiment dû faire le stage avant de se retrouver à devoir gérer seul une classe. J'te jure... Enfin bon, ça m'aura pris une semaine, mais tout est enfin revenu dans l'ordre. Et avoir une personne en plus pour m'aider pendant les ateliers, c'est vraiment appréciable. Même si cette personne est juste un grand gamin maladroit.
La cage de Suga est enfin remise à neuf. Je le ramène demain, les mômes vont être dingues. J'en reviens pas que ce con de lapin soit toujours pas crevé. Tu l'as vraiment bien choisi...
Bon... Je vais aller continuer mon putain de rapport. Bonne nuit.


Hoseok ne put se retenir de sourire. Ce message n'avait vraiment aucun sens. Ou plutôt justement : il partait dans tous les sens en même temps. Il était souvent comme ça Onizuka, comme s'il voulait raconter toutes les émotions de sa journée en un seul message. Tant pis s'il passait du coq à l'âne en l'espace d'une phrase. Hoseok aimait ce trait de caractère, il lui donnait le sentiment qu'Onizuka était un passionné.


Hoseok n'avait rien de particulier à faire ce soir, il regardait une série nulle à la télévision en attendant qu'il soit suffisamment tard pour aller se coucher. Il est comme ça Hoseok, même s'il est fatigué, qu'il doit se lever tôt le lendemain, il attend toujours qu'il soit vraiment tard pour aller se coucher. Comme s'il en retirait une quelconque fierté. Il sait que c'est stupide, mais c'est comme ça. Jamais il n'irait se coucher avant 23h45, il n'est pas assez vieux pour ça.

Alors, puisqu'il n'avait rien d'autre à faire que d'attendre une heure décente pour se coucher, il prit le temps de relire le message d'Onizuka, et d'en analyser chaque partie. L'agent Hoseok devait encore travailler sur ce profil ! Premièrement, Onizuka semblait vraiment énervé ce soir. Il n'a jamais eu un langage très châtié, mais jamais il n'avait était aussi vulgaire. Ça ne dérange pas Hoseok, lui aussi l'est quand il s'énerve, mais lui ne travaille pas avec des enfants.

Encore une fois Onizuka ruminait sur sa fameuse semaine de formation. A vrai dire, il en parlait presque tous les jours. D'après ce qu'Hoseok en avait compris, Onizuka avait eu une semaine de formation afin de reprendre le poste de directeur de la petite école dans laquelle il travaille. C'est une école avec très peu de classes, et le directeur actuel, "la pince", va partir à la retraite. C'est donc à un enseignant de reprendre sa casquette de chef d'établissement, en plus de conserver sa profession d'enseignant. Par contre, Hoseok n'avait pas compris pourquoi c'était à Onizuka d'endosser ce rôle. A vrai dire, ça n'avait pas du tout l'air de lui plaire.

En plus de la formation, Onizuka devait rendre une sorte de rapport ou de mémoire. Hoseok n'avait pas vraiment compris sur quoi, ni dans quel but. Mais une chose était sure, ça mettait Onizuka sur les nerfs. Hoseok ne comprenait pas réellement pourquoi. Lui aussi devait souvent rendre des rapports pour son travail, et il considérait la rédaction comme étant l'étape la plus relaxante. Cela lui permettait de faire le point, d'avoir les idées claires, et de savoir comment les transmettre au mieux. Oui, Hoseok aimait rédiger des rapports, bien que ça puisse paraitre incompréhensible pour certain.

Le remplaçant/stagiaire avait enfin un nom. C'est la première fois qu'Onizuka l'utilise, pourtant il en parle presque tous les jours. Ce Taehyung à l'air d'être un sacré numéro. Hoseok l'aimait bien ! Il était sûr que s'il se rencontrait, il deviendrait rapidement ami. Lui aussi était maladroit, et nul doute qu'à eux deux, il rendrait Onizuka et Namjoon compétemment fous. Cette pensée fit rire Hoseok, puis le fit se sentir un peu seul. Depuis son retour, il n'avait rencontré personne d'autre que ses collègues, et même s'ils étaient très sympas, aucun ne lui donnait envie d'être plus qu'un simple collaborateur.

Hoseok poussa un soupire triste. Perdu dans ses pensées et dans sa solitude, il ne prit même pas la peine de s'offusquer de la façon dont Onizuka commentait la survie de ce fameux Suga que les enfants allaient être heureux de retrouver. A la place, il se contenta de verrouiller son téléphone, de se préparer à aller se coucher. Et avant d'éteindre la lumière, seul, il murmura ces quelques mots : « Bonne nuit à toi aussi, Onizuka. »

SubstitutOù les histoires vivent. Découvrez maintenant