6. Le pacte

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Il me regardait de plus en plus insistant. Je savais ce qu'il attendait que je dise. Et, pour la première fois de ma vie, j'avais envie de le faire. Mais pour une raison que j'ignorais, les mots ne voulaient pas sortir. 

Voyant que je ne répondrais pas, il se remit à avancer devant moi. Il ne prononça plus un mot de tout le trajet. Quand nous revînmes devant la porte de ma chambre, nous nous arrêtâmes. Personne ne parlait. Ni lui, ni moi. Ça devenait de plus en plus lourd. Au bout d'un moment, je fini par lâché dans un murmure :

-Je suis maudite. 

Il se retourna stupéfait que j'aie enfin daigné ouvrir la bouche. 

-Ara, souffla-t'il. C'est faux.

-Non, c'est vrai. Et vous le savez aussi bien que moi. 

Il me prit dans ses bras et me serra fort. Je ne savais pas pourquoi il faisait ça, mais je n'avais pas envie qu'il arrête. 

-C'est faux, murmura-t'il tout contre mon oreille. 

Je commençais à prendre conscience de la situation et me mis à rougir. Quel beau spectacle aurions-nous offert si quelqu'un était passé par ici. Je me résignai à quitter ses bras même si s'était à contre coeur. 

-J'ai un marché à vous proposer, dit-il.

-Quel est-il ?

Nous rentrâmes dans ma chambre et nous reprîmes nos places de toute à l'heure. Moi sur la chaise de droite et lui sur celle du milieu. 

-Je vous propose de rester ici quelque temps, et en échange,.... il marqua une pause. En échange, vous allez tout me raconter dans les moindres détails. Et aussi,..... vous serez ma cavalière pour la fête, la semaine prochaine. Ainsi, ça justifiera votre présence.

J'étais surprise qu'il me propose un marché. Mais quand il me l'exposa, je fus totalement abasourdie. Il voulait que je reste ici. Comment pouvait-il croire que j'allais accepter ?

-Ah oui ? Et je peux savoir ce que j'y gagne moi ?

-Et bien, à notre première rencontre, je vous ai empêchée de vous faire enlever. D'ailleurs, vous ne m'avez toujours pas remercié, fit-il avec un sourire en coin pendant que je levais les yeux aux ciel. Il n'y a pas d'endroit plus sûr qu'un palais remplis de garde comme Loyd, ajouta-t'il en faisant allusion à l'impression de dureté que m'avait donné cet homme. Vous ne pouvez pas le nier. 

Il fit mine de réfléchir un instant puis ajouta avec d'un air charmeur :

-Et puis, vous aurez l'opportunité de danser avec moi pendant une soirée. Certaines seraient prêtes à tuer pour ça. 

A mon tour, je fis semblant de songer à sa proposition. 

-Hum,...une soirée entière à vous casser les pieds. C'est vrai que c'est plutôt tentant. 

Je ne savais pas trop quoi dire. Pour moi, c'était évident que je devais dire non ! Mais en même temps, si les trois hommes de l'autres fois disaient me chercher depuis longtemps, ça m'étonnerais qu'ils me laissent tranquille. Et rien que l'idée qu'ils puissent revenir me faisait froid dans le dos. Au moins ici, je serais en sécurité. Et puis, je n'avais plus non plus de chez moi.

-Je ne sais pas, fis-je hésitante.

-Vous n'êtes pas obligée de répondre tout de suite. Je peux vous laisser du temps pour réfléchir.

Soudain, un détail me revint en mémoire. J'avais promis à Caly une soirée mémorable. Et pour l'instant, je n'avais encore rien trouvé. Une idée effleura mon esprit.

-Si je dis oui, commençais-je, pourrais-je invité ma meilleure amie à rester ici avec moi ?

Il eut l'air surpris puis mal-à-l'aise. Il donnait l'impression de réfléchir puis son regard prit un air triste.

-Je suis désolé, mais je ne crois pas que ça soit possible.

-Je vois, fis-je en baissant les yeux, déçue. 

-Comprenez-moi, reprit-il. C'est déjà dure de devoir justifier la présence d'une personne. Alors deux...

Je me levai brusquement ce qui fit grincer les pieds de ma chaise. Je pris tout mon courage pour avoir l'air forte. 

-Ne vous inquiétez pas pour ça. Vous n'aurez à justifier aucune présence. 

Si Caly ne pouvait pas venir, alors je ne resterai pas ici non plus. En entrant au palais, j'étais arrivée dans un monde vicieux et tout gris. Il n'était pas question de me passer de Caly pour mettre un peu de couleurs dans ma vie.

Je l'entendis qui m'appelais mais je l'ignorais. Il vint me barrer la route ce qui m'énerva au plus haut point. Il avait l'air vraiment inquiet pour moi.

-C'est bon, vous avez gagnez. Votre amie peut venir. Une voiture ira la chercher cette après-midi. Dites-moi juste où on peut la trouver. 

-Au quartier des robots, dis-je avec un grand sourire fière de moi. 

Il avait l'air abasourdi par ce que je venais de dire. Il ne devait pas s'attendre à ça.

-Votre meilleure amie est un robot ?

-Une cyborg pour être précis.

Il continuait de me fixer d'un air bizarre. Il ne s'en remettait pas. Ses yeux plongés dans les miens semblaient chercher une réponse.

-Cela vous pose-t'il un problème ? lui demandais-je d'un ton dure malgré moi. Seriez-vous raciste par hasard ?

Il se mit à sourire.

-Qu'y a-t'il de drôle ? m'énervais-je.

-Rien. C'est juste que je n'avais jamais rencontrer de fille comme vous. 

-Comme moi ? fus-je interloquée. Que voulez-vous dire par là.

-Je ne sais pas, les filles que je rencontre d'habitude ne sont que des pimbêches qui ne pensent qu'à elles et qui considèrent les non-humains comme inférieurs. Surtout les robots, ajouta-t'il. Vous, vous êtes différente.

Je me sentis rougir. Je ne savais pas quoi dire. Je sortis la première chose qui me vint à l'esprit.

-Est-ce que c'est un compliment ?

-Oui, répondit-il avec un petit sourire en coin. 

J'étais sûre d'être devenue écarlate. Je n'avais pas l'habitude d'être complimentée.

-Eh, bien merci, dis-je. Enfin, je suppose.

Il éclata de rire. Et je dus avouer que c'était un son magnifiques à entendre. Je me surpris même à sourire.

-J'aime bien vous voir sourire, dit-il. Ça vous rends encore plus belles.

S'il continuait à me complimenter, j'étais sûre que ma tête allait explosée. Mais étrangement, ça m'aurais quand même plus qu'il le fasse. Il me trouvait belle. Je ne vois pas pourquoi, mes longs cheveux devaient être mal coiffées et sans parler de mes yeux verts qui... Stop ! Il fallait que je me ressaisisse.

-Donc, entama-t'il, je peux en conclure que vous restez.

-Oui, répond-y-je en souriant.

-Attendez-moi ici, je reviens dans une demi-heure. Reposez-vous un peu pendant ce temps-là.

Il sortit de la pièce me laissant seule avec mes pensées. Je me rendis vite compte qu'il y avait une clause du contrat que j'avais un peu perdue de vue. Il voulait que je lui raconte les détails de mon secret.


Le reflet de mon secret (en pause)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant