Chapitre 31

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Point de vue de Kevin

Je marche d'un pas décidé, il faut que je parle à Johanna. C'est fini le gars qui fait bien gentiment tout ce qu'on lui dit. Qu'elle veuille me parler ou non, moi j'ai des choses à lui dire. Je sonne chez elle et cette fois-ci, elle m'ouvre. Vu la tête qu'elle fait, elle ne s'attendait pas à ce que ce soit moi.

-Il faut qu'on parle. Lui dis-je sérieusement mais elle ne répond pas. Montes.

Je n'attends aucune réponse de sa part et me dirige vers ma voiture. Je l'attends quelques secondes puis elle arrive et claque la portière au passage. Je démarre et le silence qui règne est carrément gênant, que dire... Je lui jette un coup d'œil et remarque qu'elle a les yeux posés sur moi.

-Pourquoi est-ce que tu gâches toujours tout ? Me demande-t-elle et j'ouvre la bouche pour parler mais me ravise, je préfère la laisser s'exprimer. Dès que je crois que tout va pour le mieux tu t'arranges pour tout foutre en l'air ! S'exclame-t-elle et mes mains se crispent sur le volant.

-Jordan a fait du mal à ma sœur Johanna ! Je sais que la violence ne sert à rien et blablabla, mais j'ai toujours appris à me défendre comme ça. Lui expliquais-je en m'arrêtant sur le côté puis je me tourne vers elle.

-Alors expliques-moi pourquoi tu es comme ça, qu'est-ce qu'on t'a fait Kevin ? Me demande-t-elle d'un ton suppliant et je ferme les yeux.

-Ça ne sert à rien. Lui dis-je et elle croise les bras sur sa poitrine.

-Et voilà, tu évites encore une conversation sérieuse. Me reproche-t-elle et je lève les yeux au ciel.

-Qu'est-ce que tu veux que je te dise ? Ça ne changera rien de toute façon. Lui lançais-je et elle pose sa main sur la mienne.

-Expliques-moi, s'il te plaît... Me demande-t-il et je me tourne complètement face à elle.

-Crois-moi Johanna, tu ne préfères pas l'entendre. Lui assurais-je mais elle reste convaincue du contraire.

-Tu as voulu qu'on parle, alors je veux en savoir plus sur toi. Insiste-t-elle et je capitule.

-Promets-moi de ne pas avoir pitié de moi. Lui demandais-je et elle hoche la tête.

-Je te le promets. Dit-elle et je me jette à l'eau, sans aucune bouée de sauvetage à laquelle me raccrocher.

-Quand j'étais en sixième, des troisièmes me tapaient tout le temps. Quand il y avait Carl et David ils ne me faisaient rien mais dès qu'ils n'étaient pas là je pouvais être sûr de rentrer chez moi défiguré. J'étais le petit garçon sans force et contre la violence mais ça ne m'a pas réussi. Quand ils sont allés au lycée, j'ai enfin été tranquille et je me suis mis à la musculation, au sport. Le problème c'est qu'il y avait toujours des personnes qui me montraient du doigt en parlant du garçon qui s'était fait harceler. Toute cette pitié m'écœurait et je n'acceptais clairement pas le fait d'être un faible. Dès que des personne commençaient à me chercher je frappais et tout le monde a fini par me respecter. Je suis devenu « le mec populaire » avec sa bande et maintenant, je ne cherche même plus à savoir. Si tu penses que ça me fait plaisir de frapper quelqu'un, peut-être ouais... J'ai cette rage envers ces trois connards qui m'ont bousillé et dès que je tape une personne, c'est comme si je les tapais eux. Alors oui je suis quelqu'un de violent et peut-être qu'on n'est pas fait pour être ensemble mais... Lui expliquais-je et je vois des larmes dans ses yeux.

-Kevin... Je ne savais pas... Me dit-elle en pleurant et je pose ma main sur sa joue.

-S'il te plaît, ne pleure pas, c'est pire que de la pitié. Lui dis-je et elle colle son front au miens.

-Ne deviens pas comme eux, ils auraient gagné dans ce cas... Murmure-t-elle et je ferme les yeux.

-C'est peut-être trop tard. Lui dis-je et elle secoue la tête.

-Il n'est jamais trop tard... M'assure-t-elle et je relève sa tête pour qu'elle me regarde.

-Donc ce n'est pas trop tard pour nous deux ? Lui demandais-je et un sourire se dessine sur ses lèvres.

-Je ne sais pas, j'hésite... Me provoque-t-elle en me défiant du regard.

-Tu as raison, en plus, je n'embrasse pas si bien que ça ! Lui lançais-je et elle rit un peu gênée.

-Je ne m'en souviens plus, approches un peu pour voir... Me dit-elle et je m'exécute.

Je dépose délicatement mes lèvres sur les siennes et encadre ses joues de mes mains. Nous restons comme ça, à nous embrasser pendant plusieurs minutes et elle y met fin en riant.

-Qu'est-ce qu'il y a ? Lui demandais-je et elle continue de s'esclaffer.

-Je ne sais pas si c'est ta voiture mais ça fait deux fois qu'on s'embrasse dedans. Me dit-elle et je croise les bras.

-Ah donc tu ne veux pas m'embrasser hors de cette voiture ? Lui lançais-je et elle hausse les sourcils.

-Tu me mets au défi ? Me demande-t-elle en s'approchant de moi.

-Peut-être mais j'ai pas vraiment envie de sortir de cette voiture maintenant. Lui dis-je et elle se moque de moi gentiment.

-Tant pis, ce sera pour une autre fois. Me dit-elle et je hoche la tête.

-Je t'aime. Lui dis-je en déposant un baiser sur son front.

-Je t'aime aussi. Me répond-t-elle en me souriant, ce sourire...

Elle se loge dans mes bras pendant que nous regardons le soleil se refléter sur le lac. C'est à ce moment-là que je repense au dernier cours de littérature où une citation de Victor Hugo disait : « Le bonheur suprême de la vie, c'est la conviction qu'on est aimé, aimé pour soi-même, disons mieux, aimé malgré soi-même ».

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