1. Le début de la saison des pluies

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<< - Est-ce que les choses ne pourraient pas redevenir comme avant ?

- Nous ne redeviendront jamais les personnes que nous étions.

- Pourquoi pas ?

- L'innocence est un exemplaire unique. >>

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02 décembre 2018

Bâtiment résidentielle Séoul


Il était à peine 6h quand une silhouette se découpa dans la lumière des réverbères. La silhouette féminine s'avança lentement sur le trottoir. Ses pas la portaient sans que son cerveau l'ai demandé devant un immeuble qui lui était inconnus. Mais tout l'a poussé ici. À ce même endroit qu'elle avait déjà foulé mais sous une autre apparences.

Sous souffle devint soudain erratique, ses inspirations et expirations s'entrecoupèrent dangereusement. Sa cage thoracique se compressait douloureusement et son esprit s'embua soudain de ses vieux démons. Une fois de plus elle était mise à nue. Encore une fois elle redevenait cette être vulnérable qu'elle refoulait. Devant ce bâtiment blanc que la nuit gardait endormis la jeune femme se sentie de nouveau ôté d'ailes dont elle avait clamé la force. Elle tâta maladroitement les poches de son long manteau et en ressortis une clé. Ses longs doits tremblants la serrèrent avec force comme pour se raccrocher à la vie.

<< Respire par pitié >>

Les mots résonnèrent en échos dans son mental. Elle les récita à la façon d'une religieuse exécutant sa prière. Mais ce ne fut pas sa voix qui résonna et fit vibrer tout son corps. Elle s'était interrogée de multiples fois sur la provenance salvatrice de cette voix étrangère à ses tympans. Mais comme l'eau coulant de source une pensée avait germé dans son esprit. Une pensée qui s'était transformée en une hypothèse qu'elle voulait vérifier aujourd'hui.

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Au petit matin une masse capillaire brune émergea de son confort. Tirée d'un sommeil réparateur bien mérité la jeune femme émergea lentement, agressé par les rayons solaires. Elle gémit et maudit sa cervelle d'avoir laisser échapper une résolution qu'elle s'était donné la veille; tirer les rideaux une bonne fois pour toutes.

Grognons Yong Sun traina des pieds jusqu'à sa salle de bain où elle contempla son reflet. De majestueuses poches violettes venaient agrémentés son visage de poupée. Même torchée et épuisée sa capacité visuel n'était pas diminué. Elle lâcha un long soupir avant de se saisir de anti cerne, le plus précieux accessoire de maquillage qu'elle possédait. Quand elle fut enfin satisfaite de la couleur de son teint elle s'attela à sa bouche. Une tâche également difficile car ses lèvres d'une pâleur de morts ne cessaient de perdre leur couleur. Quelque fois Yong Sun se demandait si elle ne vivait pas dans une photographie en noir et blanc. Peut être était-ce pour cela qu'elle appliquait avec grand soin de la couleur de son quotidien.

Dés lors que son faciès lui sembla suffisamment correct elle se dirigea vers sa penderie. Machinalement sa mains prit son jean et sa chemise blanche. Prise d'un doute elle s'enfuit vers la cuisine et plus particulièrement devant son frigo. De nombreux post it fluo habillé la porte de métal. Sur le plus récent était noté au crayons à papier : 2 décembre jour de congé. Un sourire béat étira ses lippes. Ses yeux retrouvèrent instantanément leur éclats et elle se dirigea à nouveau en sautillant gaiement vers sa penderie. Elle en tira une robe bleue nuit et la passa. Au moment de s'inspecter dans la glace elle remarqua finalement sa touffe brune. Se saisissant de son fer à friser elle s'appliqua à réalisé de belles boucles. Ravie du reflet que renvoyait son grand miroir elle s'équipa de son manteau et de ses clés pour quitter son appartement. Une fois de plus elle dévala les escaliers le ventre vide.

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