La jeune fille soupira une dernière fois. Cette fois ci c'était la dernière.
Celle qui marcherait à coup sûr. Rien ne l'arrêterai. Elle était sûre d'elle pour la première fois de sa vie.
Il était là. Il l'attendait. Ça faisait déjà quatre ans qu'il l'attendait. Rien qu'elle, seulement elle, personne d'autre. Il lui ouvrit ces bras comme pour lui dire de venir s'y loger pour toujours et à jamais. À jamais avec lui.. Cette pensée la fît sourire. C'était le seul à être encore avec elle aujourd'hui. Le seul à être toujours à ces côtés, le seul qui l'a comprenait mieux que personne. Lui l'aimait. Elle aussi. Ils étaient heureux ensemble. Pourtant il lut dans ces yeux une lueur d'hésitation. L'hésitation qu'il lisait à chaque fois. Et à chaque fois elle repoussait à plus tard en donnant une dernière chance aux autres.
Mais cette fois-ci il ne s'inquiéta pourtant pas. Il avait lu une détermination plus grande que les autres sentiments qui se basculaient dans son esprit. Il savait qu'elle allait Le rejoindre. Pour une dernière danse. Seuls eux allaient exister dans leur propre monde. Il l'attendait depuis tellement longtemps qu'il avait oublié le nombre d'années. Compter ne servais à rien. Ce n'était que des chiffres, rien qui n'était signifiant à ces yeux.
La jeune fille se surpris à essayer de compter le nombre de fois qu'elle avait essayer de le rejoindre et le nombre d'années d'attentes. Mais son esprit commençait déjà à sombrer, il s'était brouillé comme un mauvais signal de radio. Elle essaya en vain. Puis elle se dit que c'était insignifiant maintenant et qu'elle n'en aura plus besoin.
Elle engagea d'elle même cette dernière danse. Dans les recoins de son cœur qu'elle croyait pourtant détruit, réapparurent des souvenirs. Tout plus puissants les uns que les autres. Elle avec son père faisant du vélo, le sourire bienveillant de sa mère, son premier amour, le sentiment d'être aimé, des fous rires avec ces amies, la fierté de finir ces études, les bêtises d'elle et de ses sœurs, les longues discussions au coin du feu avec son père, les gestes tendres de sa mère, le ronronnement de son chat sur son ventre, le bruit de la pluie sur les volets, la chaleur de son plaid préféré. Elle se demanda pourquoi ce n'était que des souvenirs aussi beaux (qu'elle pensait avoir oubliés) qui refaisaient surface. Elle s'attendrit en pensant à ceux qu'elles aimaient ou qui l'avaient aimés. Mais c'était trop tard.
Elle avait plonger dans ses bras.
Elle suffoqua mais bizarrement cette souffrance lui offrir le plus grand soulagement. Elle allait enfin être libre. Elle allait enfin être avec lui pour toujours. La souffrance se transforma de plus en plus en quelque chose de réconfortant. De doux et amer à la fois. Elle divaguait déjà. C'était plutôt rapide se dit-elle.
Elle n'avait ressentit aucune souffrance et elle était désormais sereine, dans les bras de celui qui l'avait attendu, le seul avec qui elle serait à jamais.
