Chapitre I

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 Jin se redressa et resta assit dans son lit confortable, entre sa couette et réfléchit quelques instants. Il se frotta les yeux et pesta. Il avait encore mal dormi. Décidément.
Il secoua la tête de droite à gauche, ses cheveux décoiffés virevoltant. Il avait encore eu une de ses foutues migraines. Depuis quelques mois elles se faufilaient dans sa tête le rendant complètement fou. Il n'avait jamais été migraineux, il ne comprenait rien.
Il était bien allé voir son docteur, ce dernier n'y comprenait rien non plus vu que les médicaments appropriés pour les migraines ne marchaient pas non plus. Jin avait donc prit rapidement avec un neurologue.
Mais si ce n'était que ça. Malheureusement pour lui, ses maux de têtes violents étaient accompagnés de troubles digestifs. Plus aucun repas qu'il mangeait ne passait et il devait en régurgiter souvent. Ce qui l'énervait lui, et sa copine qui ne savait plus quoi faire à manger pour lui.

Il sortit du lit avec la plus grande pénibilité du monde et se traîna jusqu'à la salle de bain où il appuya sur l'interrupteur pour l'éclairer. Même la lumière l'agressait. Il n'en pouvait clairement plus. Il s'approcha du miroir en plissant les yeux comme pour mieux voir mais aussi pour s'habituer à la lumière qui régnait dans la salle de bain. Il écarquilla l'un de ses yeux à l'aide de ses doigts avant de grogner et de claquer sa langue.

- Putain mais c'est pas vrai. J'ai l'air de quoi maintenant, râla Jin d'une voix rocailleuse, qui signifiait qu'il sortait à peine du lit.

Le blanc de son œil était rouge. Les petites veines ressortaient complètement. Il chercha pas plus loin et débuta son brossage de dents avant de brosser ses cheveux qui rebiquaient toujours et qui le mettait hors de lui. Jin retourna dans la chambre plongée dans le noir et chercha à tâtons des vêtements au hasard dans sa penderie. Ne voulant pas réveiller sa copine, il enfila un vieux jean troué à cloche pied, manquant de tomber quand son pied croisa une partie du drap qui s'échouait au sol. Il referma la porte et se couvrit d'un tshirt en col V tout simple et blanc. Il se prendrait un petit déjeuner sur la route, il était déjà bien en retard et il savait pertinemment comment finirait ce qu'il avalait.

Les mains dans ses poches, il enfonça, comme un réflexe sa tête dans ses épaules, il faisait rudement froid en ce mois de février. Il marchait le plus vite qu'il pouvait jusqu'à sa station de métro. Mais il devait avouer que son estomac vide et ses forces s'épuisaient beaucoup plus vite que de raison. C'était un problème de santé qu'il devait au plus vite régler. Il bougonna dans sa barbe et son écharpe. Dans quelques mois il allait partir sur ses vingt neuf ans. C'était pas beau de vieillir.

La main de Jin était fermement accrochée à la poignée pour se tenir. Les heures de pointes dans la Yamanote étaient cruelles. Son corps se balançait aux remous de la rame de métro, comme tous les autres Japonais. C'était toujours durant ces quinze minutes que Jin était en profonde réflexion sur à peu près tous les sujets qui lui passaient par la tête, à savoir la cuisson des pommes de terre, ou bien encore, est ce qu'il allait avoir des migraines toutes les nuits en plus des journées, mais aussi sur la question de la Corée du Nord qui prenait trop ses aises. Que des thèmes variés et pas du tout reliés entre eux. Il lui pressait sa visite chez le neurologue. Il avait prit un de ses rares jours de congés pour pouvoir y aller sereinement. Sa copine lui avait dit qu'elle viendrait aussi, trop inquiète de la santé de son chéri.

Jin sortit sans aucune conviction du métro et se dirigea vers son lieu de travail. Il était simple employé dans un combini qui avait fait toutes ses preuves au Japon : un 7/11. Il avait plutôt envie de se recoucher, et pesta quand il se changea pour débuter la journée.


Entre deux pauses cigarettes, Jin s'éclipsa de ses collègues et appela sa mère au téléphone. Il voulait encore une fois, avoir son avis sur la question. Il avait une certaine boule au ventre en attendant qu'elle décroche parce qu'il savait comment ça allait se dérouler.

- Jin qu'est ce qui t'arrive ?
- Demain j'ai rendez-vous au neurologue....tu peux pas te libérer ?
- Jin, soupira la mère, je t'en ai déjà parler, je ne peux pas. Et puis il y a Mina non ? Ça va aller.
- Pourquoi j'ai l'impression que tu te fous de ma santé ?
- Je ne m'en fous pas. Juste...tu te mets trop la pression, c'est le stress qui ressort sur ton corps, ça passera mon chéri.
- Si pour toi, vomir tout ce que je mange, avoir des migraines jours et nuits c'est normal mais maintenant avoir les yeux qui piquent et rouge sang...
- ...quoi ? Le coupa sa mère, qui changea d'un tout autre ton.
- Quoi quoi ? Demanda Jin.
- Laisse tomber...je vais voir ce que je peux faire pour demain, je te tiens au courant. Travaille bien.

Jin raccrocha quand il entendit la tonalité à l'oreille. Elle semblait toujours aussi détachée sur la question, ce qui avait le don d'énerver Jin. A croire qu'elle se moquait réellement de ses problèmes de santé. Mais il devait avouer que sa réaction face à son nouveau symptôme était perturbant. Il rangea son téléphone en râlant et retourna auprès de ses collègues. Pourquoi toute sa vie était compliquée en ce moment.

- Alors Jin, c'est pour quand cette demande en mariage ? Demanda l'un des trois, visiblement fort enjoué.
- J'ai peur de me prendre un râteau, avoua à demi mot Jin.
- N'aies pas peur, elle t'aime à la folie, tu l'aimes passionnément. Fonce !
- ...j'hésite, révéla Jin presque honteux.
- Jin tu pars doucement sur tes trente ans...
- Vingt neuf ok, grogna le brun, pas trop heureux qu'on lui rappelle qu'il vieillissait à la vitesse de l'éclair.
- Ok ok ok, vingt neuf. Tu ne crois pas qu'il est temps que tu te poses calmement. Avec une femme, puis des enfants.
- Po la la, c'est censé me rassurer ça ?
- T'es vraiment un cas social quand tu t'y mets Jin, râla son collègue, levant les sourcils au ciel.

Jin esquissa un fin sourire, il adorait passer pour le décérébré et le naïf du groupe. Il était vrai qu'il avait le projet de demander sa copine en fiançailles et puis enfin en mariage. La logique naturelle des choses après tout. Mais il avait légèrement l'esprit occupé ailleurs et il avait peur que sa copine n'ait pas la tête à ça non plus, totalement focalisée elle aussi sur la santé de son compagnon en ce moment.

Il sortit la boîte de la poche de son pantalon quand tout ses collègues retournèrent à l'intérieur. Il avait oublié de l'enlever de là après l'avoir acheté, quel tête en l'air il faisait après tout. Il ouvrit la petite boîte couleur cramoisie qui en dévoila le contenu : une bague assortie d'une toute petite pierre précieuse, un saphir. Il avait claqué sa prime de Noël dedans. Il espérait que ça lui fasse plaisir. Ça faisait maintenant plus de sept ans qu'ils étaient ensemble, et tout juste quatre ans qu'ils habitaient ensemble. Et maintenant il devait franchir le pas. Il l'aimait comme on aimait sa copine. Mais il n'avait pas non plus l'impression que c'était la femme de sa vie. Il ne l'avait en aucun cas trompé. Jin était radical sur la fidélité.
Ils s'étaient rencontrés au combini où travaillait Jin après qu'il eut arrêté ses études. Et c'est elle qui avait fait le premier pas quelques jours après. Le courant passait plutôt bien entre les deux avant qu'ils ne tombent doucement amoureux l'un de l'autre après maintes et maintes rendez-vous. Ils s'étaient montés leur petite bulle d'amour rien qu'eux deux et ils se complaisaient très bien dans leur petite routine installée.

Il attendait patiemment dans la salle d'attente de son docteur. Il avait craqué, il y était finalement allé plus vite que prévu. Sa jambe n'arrêtait pas de bouger et son pied tapait contre le sol. Il était tellement stressé. Stressé que son médecin lui annonce qu'il ne pouvait rien faire pour lui tout simplement parce qu'il ne savait absolument pas ce qui le rongeait au plus profond de son corps. Jin n'en pouvait plus, il était à bout.
Quand le docteur arriva dans son champ de vision et lui fit signe de venir, Jin s'exécuta sans attendre. Après quelques examens relatif à ce qu'il avait pour habitude de faire, l'homme diplômé soupira et lança un regard désolé à son patient qui comprit de suite.

- Vous n'en savez rien c'est ça... ?
- Je suis désolé Monsieur Akanishi...je ne comprend vraiment pas. Vous n'avez pas oublié de me donner un symptôme ?
- Je vous assure que je finis par les comprendre par cœur maintenant. Je suis à bout. Je m'épuise au bout de quelques minutes au travail, je peux plus continuer sur cette pente. J'ai faim mais quand je mange tout ressort quelques instants après et j'ai toujours aussi faim. Mais c'est comme si j'avais faim d'autre chose et que tant que je ne serais pas rassasiée, ça ne passera pas et je continuerai à souffrir.
- C'est assez détaillé. Allez voir le neurologue demain comme prévu, et revenez me voir, on avisera.


Jin rentra, encore une fois épuisé, dans son petit appartement. Il était mignon son cher collègue mais c'était sûrement pas avec son salaire, et celui de Mina, qu'ils pouvaient avoir des enfants dans leur appartement presque aussi petit qu'une maison de Polly Pocket. Et il était mignon aussi son médecin, « on avisera » il s'en foutait d'aviser ou pas, il voulait des résultats maintenant, ça se voyait que c'était pas lui qui souffrait.

- Chéri c'est toi ? Demanda une voix de la cuisine qui donnait également...dans le salon.
- Je n'mange pas...je vais me coucher... lui annonça-il, totalement à bout de sa journée.
- Très bien, répondit Mina d'un ton déçu.

Jin ne chercha pas plus longtemps et se dirigea vers sa chambre, le seul endroit où il se sentait en paix et bien ces derniers temps. Il se déshabilla encore plus vite qu'il ne s'était habillé le matin même et se jeta directement sous la couette. Il avait faim, mais la douce odeur des petits plats que lui avait préparé sa future fiancée ne lui donnait absolument pas faim, bizarrement. C'était paradoxal tout ça. C'était ça la crise de la trentaine ?
Son cœur s'emballa sans trop savoir pourquoi quand Mina entra dans la chambre en faisant attention à ses gestes. Comme si c'était la première fois qu'il la voyait et qu'il était tout timide.

- Tu dors Jin ? Demanda t-elle en murmura.
- J'y arrive pas, soupira Jin d'un ton las et en se retournant.

Elle s'approcha de lui et s'assit sur le bord pour poser sa main sur son front. Jin sentait très bien son cœur faire des siennes. C'était pas du tout normal ces battements. On aurait dit qu'il voulait sortir de son torse. Il se sentait vraiment malade.
Devant la pâleur de son compagnon, Mina retira sa main et le regarda, se sentant totalement impuissante face au mal être de son chéri.

- Tu veux que j'appelle les urgences ? Demanda t-elle d'un ton qui se voulait serein mais Jin, sans trop savoir pourquoi arrivait à percevoir qu'elle était totalement paniquée.
- Demain on verra bien, la rassura t-il comme il put, il n'aimait pas la voir dans cet état là.

Elle déposa un léger bisou sur son front avant de sortir pour lui amener de l'eau, la seule chose qu'il arrivait à ingurgiter ces derniers temps sans trop de problèmes.




Non loin de Tokyo. A quelques kilomètres de là. Une réunion avait lieu dans un vieux manoir décrépi et datant du XIX ème siècle. Une réunion demandée en urgence. Était présents des hauts responsables d'une certaine nature. Lorsqu'un jeune homme à l'apparence soignée prit la parole en bout de table.

- Je ne vais pas éluder le problème plus longtemps. Mais il semblerait qu'un Akanishi vient de se « réveiller ». 


Texte : © Valentylle | Montage : © Luna 

VAMPYROù les histoires vivent. Découvrez maintenant