Tu l'aimes

156 22 8
                                    

Voilà deux jours que je suis sans nouvelles d'Ayuta. Après son départ ce soir-là, la nuit m'a paru interminable. Plusieurs heures à me traîner sous l'effet de cette satanée drogue, avant de pouvoir retrouver toutes mes capacités.

Ce qui me perturbe le plus aujourd'hui, ce n'est pas l'état dans lequel je me trouvais, mais ce qui s'est passé et surtout ce que je ressens. Je n'ai jamais été attiré par les hommes. Alors pourquoi quand je repense à lui, je suis toujours aussi troublé ? 

Sa beauté à couper le souffle, son regard brûlant et la douceur de ses lèvres, ne quittent plus mon esprit. Mais ce qui me fait surtout perdre la tête, c'est le souvenir de sa main sur mon sexe et le plaisir que j'ai ressenti.

J'en arrive à me demander, si j'ai réellement ressenti du plaisir auparavant. J'ai toujours pensé que je n'étais pas porté sur le sexe, le contact physique était pour moi, juste pour contenter ma partenaire.

Shirley était belle, attirante, au point de rendre jaloux certains gars du campus, mais ce n'est pas pour autant qu'elle m'excitait. 

Ayuta lui, il m'obsède depuis deux jours, au point de ne plus contrôler mon corps. Mais je dois me faire une raison, si on en est arrivé là, c'est uniquement à cause de la situation. Et de plus, j'ai bien conscience que ce baiser ne m'était pas destiné.

Il est préférable que je me recentre sur le but de ma venue au Japon. Mais je ne sais plus vers qui me tourner maintenant.

Alors que je m'apprête à sortir pour changer d'air, mon portable se met à sonner. Le nom d'Ayuta s'affiche, je mets quelques secondes avant de me décider à décrocher.

- Allo.

- Mike ! J'ai retrouvé Hikaru ! Tu es chez toi ?

-Heu . . . Oui.

- Je passe te prendre dans dix minutes.

- Ok . . . Mais je . . .

Il a coupé avant que je puisse dire un mot de plus. Sur le moment j'ai l'impression d'avoir perdu le seul ami que j'avais.

Mais ce sentiment est vite oublié, pour être remplacé par un autre. Je vais enfin rencontrer mon frère.

Environ dix minutes plus tard, j'entends une voiture klaxonner. Je regarde rapidement par la fenêtre, c'est celle d'Ayuta.

"Il ne prend même pas la peine de monter"

Je sors de chez moi nerveux, je suis entre l'excitation et l'appréhension. Le temps que je descende les escaliers, j'arrive au niveau de la voiture la gorge serrée. 

J'ouvre la portière et en silence je m'installe côté passager. Sans même m'adresser un regard, il démarre et prend la route. Au bout de deux minutes qui me semblent interminables, il se décide enfin à me parler.

- Il sera chez moi dans moins d'une heure, on n'a pas de temps à perdre.

- D'accord. dis-je simplement.

Je me sens de plus en plus mal à l'aise.

- Mike ?

- Oui ?

- Pour . . . 

Il prend une grande inspiration avant de continuer.

- Pour l'autre soir. Je . . . Je suis désolé. Je ne sais pas ce qui m'a pris. 

Il se racle la gorge et ajoute:

- Ça ne se reproduira plus jamais. 

Je me sens d'un seul coup abattu de l'entendre prononcer ces mots. Pourquoi ?

Le fils du tigreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant