Nooooooooon ! hurla-t-elle en martelant le dos de son père avec ses petits poings. Je veux pas ! Je veux pas ! Pas chez le corbeau !
- Ça suffit ce cirque, Hermione ! gronda-t-il. Et ne l'appelle pas ainsi, je te l'ai déjà dit ! Nous ne changerons pas d'avis, alors arrête de pleurer !
Pliée en deux sur l'épaule de son père, la petite fille au cheveux touffus leva les yeux vers la grande femme brune qui marchait juste derrière, et lui tendit les bras en sanglotant. La mère évita soigneusement son regard pour ne pas craquer.
- Charles, somme-nous vraiment obligés ? dit-elle alors en s'adressant à son mari. Tu sais que cette dame lui fait peur.
- Ce n'est que pour une seule nuit ! répliqua-t-il, ahuri. Tu ne vas pas t'y mettre aussi ? Mes parents ne peuvent pas la prendre, et les tiens habitent trop loin. Il ne reste que la voisine, et c'est une brave femme. Point final.
Plus aucun mot ne fut échangé jusqu'à ce qu'ils arrivent devant la vieille porte de bois de l'immense maison. Hermione, qui avait cessé de geindre par épuisement, jeta un œil au jardin défraîchi et aperçut une vieille balançoire délabrée dont les cordes rongées menaçaient de lâcher.
Mr Granger saisit l'anneau de métal et le cogna trois fois contre la porte, avant de faire redescendre Hermione à terre, cette dernière ayant recommencé à se débattre furieusement.
- Tiens-toi tranquille ! lui ordonna sèchement son père. Et sois polie.
La porte s'ouvrit, et une vieille dame apparut sur le seuil. Hermione écarquilla les yeux d'horreur comme chaque fois qu'elle la voyait ; sa peau ridée retombait en cascade sur ses petits yeux noirs, profondément ancrés dans leurs orbites. Ses longs cheveux blanc et crépus entouraient un visage si maigre que le nez au volume disproportionné donnait l'impression d'avoir été grossièrement rajouté en plein milieu.
Vêtue d'une robe grisâtre qui moulait les côtes apparentes de ce squelette vivant, la vieille femme sourit, dévoilant quelques dents survivantes à l'hécatombe du temps, jaunes et pointues.
- Bonsoir, ma petite, dit-elle à Hermione de sa voix chevrotante.
Cette dernière avait les yeux aussi gros que deux balles de tennis. Sans prévenir, elle donna un coup de pied dans la jambe de la vieille dame avant de s'enfuir en poussant des longs cris aigus paniqués.
- Hermione ! entendit-elle son père gronder.
Il rattrapa rapidement la petite fille et, consterné par son attitude, supplia la voisine de la pardonner.
- Nous reviendrons la chercher demain dans la matinée ! lança-t-il en rejoignant sa femme dans la voiture. Merci encore, madame Horrace !
- Bonne soirée à vous deux, répondit-elle en refermant la porte et en se massant son tibia qui menaçait de s'effondrer en miettes.
Elle se retourna ensuite vers Hermione qui, figée d'horreur, était plantée au milieu du grand hall silencieux.
- Tu as faim, fillette ? J'ai fais de la soupe.
Hermione fronça ses petits sourcils déjà bien sévères pour son âge, puis gonfla la poitrine pour se donner le courage de répondre :
- Je mangerai jamais de votre soupe empoisonnée ! Vous n'êtes qu'un corbeau rabougri et très moche, et je vous déteste, voilà !
Et elle monta les escaliers aussi rapidement que ses petites jambes le lui permettaient, avant d'aller se réfugier dans une chambre aux murs tapissés de fleurs et à la moquette poussiéreuse. Tout sentait le vieux, ici, même l'air lui-même semblait n'avoir jamais été aéré.
A la fois furieuse et triste d'avoir été ainsi abandonnée par ses parents, Hermione grimpa sur le grand lit aux lattes grinçantes, et ferma les yeux pour calmer ses pleurs.
Le bruit du tonnerre la réveilla en sursaut. Hermione paniqua un moment avant de se souvenir où elle était. La chambre était plongée dans l'obscurité de la nuit, parfois illuminée l'espace de courtes secondes, lorsqu'un éclair déchirait le ciel d'encre. La pluie qui martelait le toit sonnait si proche qu'Hermione eut presque peur que les plissures du plafond ne s'apprêtent à exploser et déverser l'eau dans la chambre. Dehors, sous la fenêtre, le crissement régulier et terrifiant de la balançoire lui donnait la chair de poule.
- Maman... lâcha-t-elle dans un petit gémissement. Je veux maman...
Soudain, elle entendit des bruits de pas. Quelqu'un montait l'escalier.
Hermione n'osa pas bouger le petit doigt, et attendit sans bruit, bien que les battements de tambour de son cœur résonnaient bruyamment à ses oreilles. Les pas se firent entendre dans le couloir, et se rapprochaient de la porte. Hermione imaginait aisément les pantoufles de la vieille sorcière glisser un à un le long du parquet, dissimulant des pieds squelettiques et couverts de champignons.
L'orage continuait sa symphonie assourdissante, faisant trembler la maison du sol au plafond, et enflammant le ciel de sa foudre déchaînée. Désormais planquée sous la couette pour ne pas voir approcher le monstre, Hermione, le corps grelottant de peur, ne put qu'écouter la porte de sa chambre s'ouvrir dans un grincement désagréable. Priant pour que son père revienne la chercher à temps, elle attendit, impuissante, que le corbeau vienne la dévorer toute entière.
Mais tout était étrangement silencieux. Plus aucun bruit de pas sur le plancher. Était-elle finalement repartie ? Peut-être la sorcière n'avait-elle pas vu qu'Hermione se cachait sous la couette ?
La respiration encore haletante, Hermione attendit un peu, puis, tout doucement, retira le tissus de ses yeux qui ne virent rien d'autre que l'obscurité. A demi-assise dans le grand lit, elle fixait le vide du noir complet, écoutant le seul bruit de la pluie.
Elle s'apprêtait à se recoucher, lorsqu'un éclair illumina la pièce, révélant une maigre silhouette plantée au bout de son lit. Lorsque la pièce redevint sombre, l'image d'un sourire aux dents pointues agressait encore les paupières aveuglées de la petite fille.
Effrayée, presque en mourir sur place, Hermione bondit du lit en criant à poumons ouverts, avant de se ruer hors de la chambre et de dévaler les escaliers.
Tout ce dont elle se souvenait ensuite, c'était de s'être réveillée le lendemain à l'hôpital, entourée de ses parents et de madame Horrace, qui l'avait aussitôt emmenée ici après sa chute dans les dernières marches.
Hermione ne comprit que bien plus tard, lorsqu'elle eût assez grandi et que la sorcière eût finalement laissé son corps rejoindre l'état de poussière, que cette dernière était simplement venue cette nuit-là pour vérifier que l'orage ne l'empêchait pas de dormir.
Ce que le corbeau ignorait, en revanche, c'était que cette visite nocturne allait définitivement rendre Hermione Granger insomniaque à chaque nuit orageuse que Merlin ferait...
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SOS Malefoy ! [RETRANSCRIPTION]
Fanfiction/!\ CETTE FICTION NE M'APPARTIENT PAS JE NE FAIS QUE LA RETRANSCRIRE SUR WATTPAD /!\ Je vous mets le résumé de l'auteur : Combien de fois par jour utilisons-nous à tort l'expression à tout à l'heure , persuadé alors de revoir la personne sous peu...