Chapitre 2 : Evanne

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Je me levai pour changer à six heures. De toute façon je n'arrivai pas à dormir plus longtemps. On a beau être samedi, cela ne changeait rien. Comme ma sœur Liame dormait encore, j'allai déjà préparer le déjeuner. Je quittai doucement notre chambre pour rejoindre la petite cuisine de notre modeste studio.

C'était vrai que nous n'étions pas très riches. Nos parents nous avaient envoyé au Canada pour nous permettre d'avoir une éducation et une vie plus libre que chez nous, en Corée du Nord. Nos parents avaient pu nous permettre de quitter le pays car ils avaient la chance d'être dans les bonnes grâces du gouvernement. Bien que cela fasse maintenant deux ans que nous habitions à Edmonton, nous nous n'étions jamais vraiment intégré ici, surtout moi qui n'avais pas un caractère facile. Heureusement que c'était une grande ville où l'on pouvait se fondre dans la masse. Ma sœur, elle était discrète et effacé. Il fallait que ce n'avait pas été facile pour elle de quitter tout ce qu'elle connaissait. Quitter sa mère et son père à seulement onze ans, en sachant qu'elle ne les reverrait sans doute jamais.

Pour moi c'était plus simple, je n'avais jamais été très proche de mes parents. Je leurs en voulais qu'on en pouvait pas avoir tous ce qu'on voulait, de devoir se conformer à une figure qui ne me représentait pas, même si plus tard je compris pourquoi ils devaient tant faire de sacrifice. Cela ne fait pas longtemps que je réalise que même si on devait se restreindre, nous étions malgré tout une famille privilégier, j'avais grandis et muris, cela étant dit, je ne savais pas si un jour je réussirais à voir les choses du bon côté ; j'étais tellement pessimiste !
Prenant bien soin de ne faire aucun bruit, je ne me redis même pas compte que ma sœur s'était levée et attendait passaient à table. Ce n'était qu'en levant les yeux de ma préparation que le l'aperçus.

- Oh je suis désolée je t'ai réveillé !

- Même pas, qu'en t'arrête de parler ça me perturbe...

- Je parle ? En... en dormant ?!

- C'est le moins d'le dire ma vieille !

Nous nous exclamâmes toute deux de bon cœur ! Que cela faisait du bien de rire un bon coup, il était si rare de me dérider... enfin quand on ne s'appelait pas Liame bien entendu. Je m'empressai de terminer les œufs, les fis brouiller et servis le tout à ma sœur et moi. Nous mangeâmes en silence, très concentrées devant nos assiettes. Après avoir finis, je nettoyai la vaisselle et ma sœur alla se laver. Quand elle eut terminé se fut mon tour. Une fois dans la salle de bain, je faisais le plus vite que possible, détestant s'attarder à me faire... jolie ? S'il avait bien une chose que je n'étais pas, et bien c'était ça ! La beauté, pouah ! Je n'avais jamais été coquette, mais depuis qu'on vivait ici, je devais l'avouer, il y avait eu un certain laisser aller. Tenez, pour me simplifier la tâche je me fis des dreadlocks - qui en passant m'allait plutôt bien -, mais bon, ça, c'était surtout car j'avais toujours eu un petit côté rebelle, que j'osais enfin affirmer ! Passons mon côté capillaire, je n'avais vraiment rien à envier. J'étais plutôt menue, mais grande, j'avais de grand yeux noirs et un nez un peu trop pointu à mon gout. La preuve flagrante que j'étais pitoyable c'est que jamais un garçon n'avais posé les yeux sur moins, pas que j'en sois terriblement dessus, mais quand même ça veut bien dire que je n'étais pas belle ! Après m'être lavée les dents, je sortis de la salle d'eau et allai m'habiller. Prenant un jeans et un sweat noir, je regagnai le salon où ma sœur regardait la télé.

- Faut que j'aille en ville acheté à manger. Je te laisse je ne ferais pas long. N'ouvre à personne surtout.

Elle me répondit avec un bref achement de tête.

Une fois dehors, je fus surprise par le vent qui était plutôt fort, mais s'il fallait l'avouer, le climat ici n'était pas un cadeau. Je marchais la tête rentrée dans les épaules, les mains dans les poches et adaptais une marche rapide. Nous avions de la chance, nous étions près de tous. Des commerces, de l'école à Liame, de mon job, oui c'était parfait. Pour un samedi, il avait relativement peu de gens dehors - tant mieux -, il faut dire qu'avec ce temps, il faut être suicidaire comme moi pour vouloir sortir. Arrivée au marquet, je fis rapidement les quelques courses pour la semaine et allai payer. Une fois en caisse, je remarquai un journal « Quand est-ce que le cauchemar va se terminer ? ». Ne me posant pas de question, je m'en emparai puis payai. Je rentrai en faisant un rapide détour par la librairie où je me permis de m'offrir un livre de survie. J'adorais la survie, j'ai trouvé que c'était un univers très captivant et j'avais pu effectuer quelques stages. D'ailleurs, c'était bien les seuls livres que j'arrivais à terminer !

Une fois à la maison, je rangeai les courses et allai dans ma chambre pour m'occuper un peu de moi. J'avais pris le journal et mon nouveau bouquin, les avais posés sur la table de chevet et me couchai. Scrutant le plafond, je me disais que je devais plus m'octroyer de moment comme cela, rien qu'à moi, où je ne pensais pas à ma petite sœur, la maison, les cours, le travail, tout. Je réfléchis tant que je ne me rendis pas compte que je m'étais endormie.


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