Expérience n°13

V. Un loup solitaire

Au début, c'est un peu douloureux mais, peu à peu, cela ressemble plus à un chien me léchant le cou. Je sens la plaie se refermer. Sous l'effet de sa salive ? Après quelques minutes, enfin repu, le fauve me relâche et me fixe. Il commence à me renifler et je crois voir de l'incompréhension dans son regard. La plupart des personnes dont il s'est nourri devaient sûrement mourir vidées de leur sang. Lorsque je me relève, il se met à sauter de joie : il n'a pas dû avoir beaucoup de contact avec d'autres êtres vivants. Il me fait la fête et se blottit contre moi. Il n'est pas si méchant après tout. Il somnole maintenant sur mes genoux et j'ai alors tout le loisir d'admirer ce magnifique animal. Il est immense et doit m'arriver à peu près aux hanches. Cependant, il est très fin pour sa taille. Dans une meute, il serait sûrement parmi les plus fragiles de son espèce. Mais, lorsqu'il m'a attaquée, sa force m'a paru supérieure à celle d'un Terre Neuve. Il porte à son cou un collier noir auquel pend une sorte de fiole contenant sûrement une substance précieuse. Ses oreilles sont percées d'une multitude de boucles en métal sur lesquelles sont gravées des inscriptions brillantes, comme de petites flammèches au clair de lune, dans une langue que je ne connais pas. À ses pattes sont emmêlés des colliers, appartenant certainement à ses dernières victimes. Il s'agit, donc, seulement d'un jeune loup séparé de sa meute et isolé depuis certainement de nombreuses lunes. Il finit par me sortir de mes pensées en se levant d'un bond gracieux pour se poster devant la porte par laquelle je suis entrée. Il se met ensuite à gratter comme un forcené pour que je vienne lui ouvrir. Il faut croire que je ne serais pas la seule à m'évader. Nous retournons donc dans le couloir et je décide de le suivre. Il se précipite alors vers une porte à l'autre bout du corridor sur laquelle est inscrit : " Expérience humaine n°69 ; Puissance".